Pour la forme, Marine Le Pen est une amie
Les détracteurs avertis de Marion Anne Perrine Le Pen la vilipende surtout parce qu’elle met à nu la petite politique de mise en tutelle de l’Afrique et d’infantilisation des africains. Ici et maintenant, il n’est pas question de justifier ses délires francocentristes et ses manies anciennes. Toutefois, reconnaissons-lui la légitimité de son engagement à préserver les pratiques et représentations de la France de ses ancêtres. Les français du Front de la république ne se disent démocratiques que lorsque la pensée unique est promue. Il ne faut plus s’étonner que l’islam soit assimilé rétrograde et forclos à Châtelet-Les Halles.
Quoi de plus normal que de s’ériger en porte-étendard, que de s’engager pour la promotion d’un système de valeurs propre à son terroir? Pourtant, c’est exactement ce que font les africains réactionnaires et qui les fait passer pour doués et dignes. Le Pen le dit très clairement : « J’aime mieux mon prochain que mon lointain ». Ceux qui prétendent apporter leur aide à l’Afrique malheureuse nous trompent. Ils disent vouloir nous sortir du gouffre. Ils nous mentent et nous manquent de respect. Nous avons le choix entre une feinte considération et un respect dans l’indifférence.
L’indignation postélectorale de la bienpensance franco-française sert de faire valoir à l’escroquerie et à la condescendance vis-à-vis de l’Afrique. Refusons de faire le jeu, sous le masque du résistant réducteur, de cette sournoise tendance gaullienne à la déresponsabilisation du nègre flatté. Marine Le Pen rompt avec la propension à la conservation d’une apparence de solidarité internationale et d’endiguement des noirs africains sensibles. Elle ne le sait peut-être pas, mais son patriotisme nourrit notre nationalisme et un peu de notre panafricanisme.
Le combat des sénégalais et africains en terre française répond à une logique de survie et ne devrait guère affecter l’urgence d’une Afrique libre tout le temps et opportuniste au besoin. L’anticonformisme de Marine Le Pen a le mérite de nous mettre devant nos responsabilités. « Il n’y a qu’en venant et en expliquant que je peux passer au-dessus des mensonges de mes adversaires politiques qui ne veulent pas que l’Afrique m’entende. Parce que je viens porter une condamnation de la politique de la Françafrique qu’ils ont menée les uns et les autres. Je suis venue dire que je romprai avec cette politique », avait déclaré la candidate d’extrême droite au Tchad.
Notre survie ne dépend nullement des intentions fallacieuses d’aide au développement, émergence fichée, comptable et consignée. Malheureusement, l’opinion africaine s’y engouffre tout candide sous les caresses tarifées du maître et possesseur des modes et genres. C’est son complexe de subordination qui lui dicte cette faiblesse, sa dépendance affective, qui lui fait passer tout sourire les bourreaux pour des complices. Leur faire croire à l’ascension par le capital ailé et à l’universalité par le copier-coller, tels sont les leitmotivs de Macron et de ses amis.
Avec ses pamphlets tranchants, Marine-la-française-chauvine dessine le portrait typique du spécimen qui, transposé dans le contexte africain, aura l’avantage d’insuffler une fierté nationaliste et une détermination à l’action immédiate pour relever les défis d’une revanche sur nous-mêmes. C’est au moins un échantillon, fer de lance, qui, après moult adoucissants et arrangements, pourra déboucher sur un modèle africain original de développement humain. Qui sait ?
waltako