Pour l'honneur de Norbert Zongo!
En 2005, je traversais un village du Burkina Faso à la frontière avec le Nord du Togo. Je venais de Lomé où j’étais aller acheter une voiture d’occasion dans l’un des nombreux points de vente de la ville.
Pour rentrer au pays, il fallait suivre l’itinéraire des convois qui passaient par le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Cameroun, et cela nous prenait environ une semaine, malgré la vitesse de rallye des voitures sur les pistes sauvages et routes bitumées.
Notre convoi étant arrivé dans le village aux environs de 13h, mon convoyeur me fait comprendre qu’il faut attendre la reprise à 15h30. Je propose alors de «motiver» l’un des agents pour qu’il traite notre dossier pendant la pause car mes jours de congé finissaient.
C’est alors qu’on m’a appris qu’il n’est pas possible de corrompre les agents de douanes au Burkina Faso et que celui qui ose le faire risque de se retrouver en prison car on ne badine pas avec cette pratique dans ce pays.
Venant de la part de camionneurs, spécialistes de premier plan en matière de «motivation», cet aveu m’a vraiment surpris et n’a fait que renforcer le respect que j’avais pour les burkinabés.
En effet, j’avais eu l’immense honneur d’étudier à Cotonou avec des camarades originaires du Burkina Faso, et les Ouédraogo et autres Sawadogo m’avaient déjà laissé de très bons souvenirs, mais de là à trouver en pleine brousse des douaniers honnêtes et intègres, c’était autre chose.
Je ne sais pas si les choses ont changé depuis lors au Burkina Faso mais mon respect pour ce peuple est resté intact, surtout pour le sens de l’honneur et de la dignité de ses fils, qui ont laissé un mémorable héritage à toute l’Afrique.
C’est pourquoi, aujourd’hui, je veux rendre hommage à l’un d’entre eux, peut-être méconnu par beaucoup de jeunes africains, mais dont le message est si puissant, actuel, et tellement vrai que cela lui a valu bien des sacrifices, dont l’ultime.
Cet homme, Norbert Zongo, a fait sa part du travail pour une meilleure Afrique, et nous a légué un riche héritage. Il nous appartient maintenant à nous, africains d’aujourd’hui, de faire aussi notre part et de transmettre la flamme pour qu’elle consume nos maux et éclaire notre avenir.
Le texte qui suit, se veut un hommage à la mémoire de cet illustre fils d’Afrique et une interpellation faite à chacun de nous pour regarder en soi-même et changer ce qui doit l’être pour des meilleures conditions de vie pour tous dans chacun de nos pays africains.
Aujourd’hui, alors que les étalons du Burkina Faso ouvriront le bal des matchs de la CAN 2021 face aux lions indomptables du Cameroun, je suis sais que Norbert Zongo, en bon grand frère africain, observera ce match avec passion, mais indécis sur l’équipe à supporter.
Bonne méditation et bonne CAN 2021 à toutes et à tous!
Mao. Humain, Ingénieur, et Coach.
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Le prix de la compromission
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En Afrique, la compromission des peuples s’effectue à trois niveaux :
Le premier niveau est constitué d’intellectuels opportunistes qui se servent de leurs connaissances livresques pour aider les dictateurs à donner un contour idéologique et politique à leur tyrannie. Ces intellectuels sont les concepteurs des partis uniques et iniques.
Ils applaudissent et encourage la répression. Ils légitiment et défendent les barbaries les plus abjectes des tyrans aux yeux de l’étranger: les crimes crapuleux deviennent de petits incidents, la répression la plus féroce devient un simple maintien d’ordre.
Ils organisent une véritable campagne internationale de presse pour maquiller et vernir la minable personnalité des bourreaux au pouvoir. C’est avec ces intellectuels que les cancres congénitaux ânonnent leurs premières théories économiques, juridiques et philosophiques.
Le tyran peut voler, tuer, emprisonner, torturer… il sera défendu, intellectuellement réhabilité par des « cerveaux » au nom de leur propres intérêts.
Résultats : la plupart de ces intellectuels finissent par s’exiler, ou sont froidement exécutés ou se « suicident » en prison. Les plus heureux sont ceux qui sont dépouillés de leurs biens et de leurs privilèges avant d’être jetés en pâture au peuple. Un tyran n’a pas d’ami éternels.
Le deuxième niveau est constitué par les opposants de circonstance. Ils se battent et entrainent des hommes sincères avec eux avant de rejoindre l’ennemi d’hier, avec armes et bagages, surtout avec la liste des opposants sincères.
Résultat: ils bénéficient des grâces du tyran pendant quelques temps avant d’être éjectés, emprisonnés ou tués. Un dictateur n’a confiance en personne, surtout pas en un ancien opposant.
Le dernier niveau est constitué des « indifférents ». Les « pourvu que », la pure race des égoïstes myopes, (Pourvu que mon salaire tombe, pourvu que je n’aie pas d’ennuis, pourvu que rien n’arrive à ma famille…)
Comme nous le disait un brave ami togolais dans les années 1980 : «Pourvu que les bateaux continuent de venir au port, Eyadema peut faire ce qu’il veut. On le laisse avec Dieu». (Notre ami est actuellement réfugié à Cotonou et les bateaux mouillent toujours au large de Lomé).
Résultat: personne n’échappe à une dictature lorsqu’elle s’installe dans un pays. Comme le dit la sagesse populaire, chaque peuple a le régime qu’il mérite. Et chaque compromission avec la dictature est toujours payée au prix fort. La règle ne souffre pas d’exception.»
L’Indépendant du 03 juin 1993. Dans «Le sens d'un combat.
Norbert ZONGO.
Renewable Energies | Corrosion Engineering | Learning and Development
2 ansHonneur à toutes les femmes et tous les hommes qui aiment l’Afrique et donnent tout pour que les peuples africains vivent dignement et en harmonie avec les autres!