Pour une fabrique de la ville à l'écoute de ses usagers

S'il y a bien une chose qui nous anime toutes à La Formidable Armada, c'est avant tout le goût pour le terrain, l'arpentage des territoires, "l'aller vers"… Que ce soit dans le bus, dans l'espace public, en porte à porte, en atelier créatif, au centre social, en pied d'immeuble, en chantier participatif, on capte les ambiances, les interactions humaines et allons au contact direct des usagers des lieux. Ces "points de contacts" sont pour nous le socle de toute mission, quelque soient les territoires et les problématiques à étudier.

De l'urbain au rural : une approche empirique de terrain qui s'adapte aux territoires

Notre approche de travail n'est pas scientifique mais complètement empathique et empirique. On y va, on retrousse les manches et on part vers "l'inconnu" du terrain. Dans certains quartiers, on affronte parfois des situations de vie douloureuses, on échange avec des habitants qui se sentent abandonnés. Dans les zones industrielles périphériques, nous discutons avec les femmes de ménages, les ouvriers de la logistique, les "invisibles" qui bien souvent ne veulent pas faire de remous ni se faire remarquer. Dans les campagnes, on parle beaucoup mobilité et d'isolement, d'espaces publics, de maintien du commerce, de nouvelles manières d'envisager la ruralité, d'attractivité pour les jeunes ménages ou comment "faire avec" le vieillissement de la population. En centre urbain, on parlera de densité vécue et ressentie, d'îlots de chaleur, de végétalisation, de la place des enfants…

Se mettre en écoute active et dénicher les pépites

Le terrain, c'est parfois marcher, beaucoup, c'est attendre au soleil, c'est se retrouver au milieu d'habitants qui déversent leurs histoires, qui pleurent, parfois, c'est partager des souvenirs d'enfance, c'est parler d'insécurité mais aussi de lien social, c'est parfois se lancer dans un atelier sans savoir combien de personnes viendront et se retrouver à ratisser le quartier pour les faire venir ; c'est aussi beaucoup de sourires, d'échanges animés et des rencontres fabuleuses et poignantes parfois qui sont pour nous une vraie mine d'informations sur le quartier. Le terrain c'est un exercice de lâcher prise, qui bouscule nos certitudes, qui demande à laisser les à priori au vestiaire et nous oblige à accueillir ce qu'on voit et entend avec beaucoup d'humilité.

Et notre rôle là dedans ?

Si nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes, nous pouvons déjà écouter. De cette écoute, nous capitalisons, portons un regard, une analyse et une lecture des enjeux. Derrière les mots, nous cherchons le sens caché, les non dits, les histoires de quartier et de communautés. Mais aussi les jeux d'acteurs qui se jouent sur le territoire. Cette "matière" collectée, nous la partageons à nos partenaires concepteurs (architectes, urbanistes, paysagistes) mais aussi à nos maîtres d'ouvrage publics ou privés. Nous livrons tout cela afin de permettre de saisir la vie des lieux et ce qui s'y joue, au delà des murs, des compte-rendus et des plans vus du ciel.

Une goutte d'eau au milieu de l'océan.

Ce que nous voyons autour de nous, c'est encore bien trop peu de considération pour les femmes et les hommes qui vivent, fréquentent et habitent les territoires en transformation. Tout se décide de loin, dans des sphères techniques et politiques qui sont parfois bien loin des réalités de terrain. L'étude sensible des territoires vivants est optionnelle, voire complètement absente. On va se préoccuper de faire toute une batterie de diagnostics techniques, on voudra atteindre des labels de performance toujours plus exigeants, on fera tourner des bilans d'opération ambitieux, on fera attention à ménager l'égo de tout le monde et on essaiera tant bien que mal de garder du sens dans un projet qui peut durer 10 ans avec une rotation de chargés de mission tous les ans… Et au final, que sait-on vraiment de ce que vivent les gens ? Comment cela influence-t-il vraiment le projet ? Comment est-on allé capter leur parole et quelle parole ? Connaître qui ils ou elles sont dans toute leur diversité ?

Pour une fabrique de la ville plus proche de ses usagers

Un quartier, un projet urbain, ce n'est pas qu'un plan, des pleins et des vides. Ce n'est pas une œuvre qu'on sculpte à la manière d'une œuvre d'art ni une opération d'optimisation du foncier. Ce sont avant tout des lieux de vie, des usages et du vivant dans lequel des femmes, des hommes, des enfants et des personnes parfois vulnérables habitent ou travaillent. Mais pour les rencontrer, il ne suffit pas de lancer une réunion publique et se dire "qu'on a fait le job". Non, pour les rencontrer il faut se retrousser les manches, il faut aller sur le terrain et faire preuve d'empathie avec celles et ceux qu'on écoute que trop peu. Rencontrez les associations locales qui font un travail formidable, allez chercher les ados qui s'ennuient et les filles qui n'osent pas sortir dans la rue, allez chercher les femmes à la sortie des écoles et allez chercher les seniors au marché du matin. Ils ont tous des choses à dire, encore faut-il en avoir l'envie et se donner les moyens de les écouter vraiment.