Pour une Méditerranée solidaire
Mhamed Hassine Fantar

Pour une Méditerranée solidaire Mhamed Hassine Fantar

L’Europe méditerranéenne et le Maghreb ont des tranches d'histoire commune, couvrant des siècles qui s'étalent de la protohistoire à nos jours avec notamment les Phéniciens, les Grecs, les Romains et les Arabes. L'épreuve coloniale doit être, elle aussi, prise en compte, sans haine ni complexe. C'est notre histoire commune. nous nous devons de l'explorer pour une meilleure connaissance de nous-mêmes et de l'exploiter pour le meilleur, c’est-à-dire pour une coopération solidaire dans la paix et l'amitié et le respect mutuel.

Nous avons donc un héritage commun : pendant des siècles, nous avons partagé des langues, des formes, des images, des comportements, des croyances, des paysages, des situations faites de bonheur et de malheur. Ne sommes-nous pas faits pour vivre ensemble dans la concorde sans gommer nos différences, qu’il faut considérer comme autant de sources de richesse ? La réalisation du projet n’est pas simple. Il s’agit d’un combat pour la paix, d’une conquête culturelle sur la base d’une relecture de l’histoire. De même qu’il y a une latinité arabo-maghrébine, il y a de même une arabité occidentale : elle se manifeste en Espagne et en Sicile. Au Maghreb de récupérer sa latinité et à l’Europe méridionale de reconnaitre son arabité d’autrefois. Ce n’est pas le lieu de présenter un plan ou un programme. Peut-être faut-il cependant suggérer, la création d’un ou de plusieurs espaces de réflexion. Il y a des propositions faites par des personnalités académiques, médiatiques et politiques. Il faut, disent-elles, dynamiser le rôle de la société civile : les universitaires, les communicateurs, les faiseurs d’opinions, les chefs d’entreprises et d’autres, quel qu’en soit l’horizon, doivent mettre leur savoir, leur talent et leurs compétences au service du vivre ensemble sans exclure ni les différences, ni les ambitions, qui, légitimes, ne doivent, en aucune façon, porter atteinte à l’équité ni permettre le profit aux dépens de l’autre. La société civile se doit d’agir en faveur du dialogue des cultures et des religions. Les universitaires du nord et du sud ont tout intérêt à conjuguer leurs efforts au profit du progrès, de la liberté, de la justice, de la solidarité et de la libre circulation des hommes et des biens qu’ils soient culturels ou matériels. Pour fédérer les initiatives et établir l’osmose entre les laboratoires, les centres de recherches nationaux et régionaux, ne serait- il pas utile de créer un Institut de prospective à l’échelle de l’Europe et de la Méditerranée toutes rives confondues et à tous les temps ?

Pour réussir le vivre ensemble dans la paix et la solidarité, le rôle des universitaires, c’est-à-dire de l’éducation me paraît fondamental. Les éducateurs, les communicateurs, les cadres de la société civile doivent se rencontrer, se concerter, partager l’information afin que les espoirs d’aujourd’hui deviennent le acquis de demain. Les pays de la Méditerranée se doivent d’inventer des structures où les élites intellectuelles et les cadres scientifiques et les membres des corps constitués pourront se rencontrer pour fixer les objectifs et convenir des modalités pratiques. Peut-être faut-il rappeler la nécessité de bâtir un véritable espace euro-méditerranéen d’échanges où les cloisons sont mises à bas pour les remplacer par des ponts et de multiples passerelles.

Ces structures assureraient l’échange et le brassage entre les rives de la Méditerranée. Au sein de ce think-tank, on peut examiner les grands dossiers régionaux et mondiaux tels que ceux de l’environnement, l’eau, la pauvreté, la maladie, l’éducation, la société du savoir, l’agriculture, le tourisme, la désertification, l’énergie, la paix dans le monde, l’égalité des sexes, bref les droits de l’homme dans leur globalité et dans leur universalité.

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