Pourquoi adopter le style éducatif finlandais ?

Pourquoi adopter le style éducatif finlandais ?

La Finlande est souvent encensée et montrée en exemple pour son système éducatif innovant. Elle marque les esprits avec ses réformes difficilement imaginables en France comme la suppression de toute évaluation notée ou encore la suppression des matières scolaires. Depuis 2000, elle figure en tête de peloton du classement international PISA. Et cerise sur le gâteau, c’est un des pays les plus heureux du monde. Il est grand temps de s’inspirer de son style éducatif.

Imaginez-vous quelques années en arrière. Vous êtes à l’école, assis(e) confortablement sur votre chaise dans la salle de classe. Quand tout à coup, votre professeur vous annonce qu’il va distribuer les copies corrigées du dernier contrôle de maths. Maintenant, vos mains deviennent moites et votre coeur palpite dans l’attente de la note qui va déterminer votre humeur pour le restant de la journée.

En décembre, 72 gouvernements de pays étaient présents dans cette salle de classe. Ils attendaient avec impatience les résultats de la dernière étude PISA : le classement international des performances des systèmes éducatifs. Cette étude vise à évaluer le niveau d’instruction des élèves de 15 ans sur les axes de la science, de lecture et des mathématiques. Menée tous les trois ans, elle permet aux pays d’évaluer l’impact de leurs réformes éducatives.

Imaginez ainsi l’ambiance à la remise des copies :

- Alors, qu’elle note t’as eu ? demande la Finlande

- J’ai eu la moyenne, répond la France, indifférente. Et toi ?

- Je suis trop contente, je suis encore dans le top 10 ! 💪

- Ah oui ? Mais comment tu fais ? 😳

Heureusement, la France est curieuse et va donc obtenir des réponses pour s’inspirer. Car la Finlande n’est pas seulement exemplaire sur le niveau éducatif, mais elle l’est également sur son style de vie puisqu’elle est le 5ème pays le plus heureux du monde (France : 32ème). La corrélation entre un bon style de vie et de bonnes connaissances générales semble forte car le top 20 PISA compte six des dix pays les plus heureux du monde. Quelles sont donc les bonnes pratiques finlandaises que la France devrait adopter ?

Inverser la classe

Nous avons tous connu un prof qui lisait ses slides ou ses diapositives de manière monotone et peu inspirante. Or aujourd’hui SIRI fait mieux que lui. Le rôle du professeur n’est donc plus de débiter un discours à sens unique. Sa valeur ajoutée est de faire participer ses élèves et d’animer un échange de savoirs. C’est pourquoi il a été inventé le concept de classe inversée. Les étudiants se cultivent désormais de façon indépendante sur tous les supports à disposition (cours en ligne, vidéos, livres etc.) puis viennent en classe pour poser leurs questions au professeur. Cette organisation permet à chaque étudiant de choisir le support d’apprentissage et le rythme de travail qui lui conviennent le mieux. Les lève-tard peuvent donc terminer leur nuit dans leur lit plutôt que sur leur table et ainsi être plus performants pendant la journée. Et les lève-tôt peuvent terminer leur journée plus tôt pour aller faire du sport et profiter de leurs amis.

Supprimer les notes (trop précises)

L’évaluation notée est très utile pour mesurer l’acquisition de connaissances et sélectionner des candidats. Toutefois, lorsque les bonnes notes ne sont pas au rendez-vous, l’impact psychologique négatif est significatif et favorise le décrochage scolaire. C’est pourquoi la Finlande a tout simplement supprimé toute évaluation notée avant l’âge de 9 ans. Pour la suite, les notes demeurent nécessaires mais ne doivent pas être trop précises pour garantir un esprit de solidarité et éviter de créer des compétitions. En Finlande, les notes s’échelonnent donc de 4 pour la plus mauvaise à 10 pour la meilleure. Pierre Merle, sociologue français, rappelle que “l’élève n’est pas une performance qu’il faut évaluer mais une intelligence qu’il faut construire”. Si les notes sont indispensables elles doivent être utilisées avec sagesse pour ne pas réduire l’être humain à un numéro et une performance technique.

Supprimer les matières scolaires

A l’école, ne vous êtes-vous jamais posé la question “à quoi ça sert que j’apprenne tout cela ?” Puis de constater une fois dans le monde du travail que vous utilisez effectivement très peu des connaissances acquises. La Finlande a trouvé la solution en supprimant tout simplement les matières scolaires. A l’horizon 2020, il n’y aura plus de cours de mathématiques, de physique ou d’histoire à proprement parler. A la place, il y aura des cours qui étudient des phénomènes ou événements nécessitant l’intervention de savoirs historiques, mathématiques et/ou physiques. Avouez qu’étudier la Guerre Froide sous l’angle des mathématiques et de la physique est tout de même plus intriguant. Au lieu de connaissances pour créer du sens, on part du sens qui nécessite des connaissances. Il est très probable que cette inversion du mode d’apprentissage devrait inspirer davantage les étudiants, susciter plus rapidement des vocations, et surtout, éviter l’acquisition de connaissances a priori inutiles, car déconnectées de la réalité. En bref : gain de temps et d’intérêt.

Continuer de se former après l’école

Apprendre tout au long de la vie est devenue une condition nécessaire et évidente pour s’adapter aux transformations rapides et complexes de notre monde. Si ce n’est pas pour nous, c’est pour nos enfants que nous le devons afin de les aider à développer les solutions de demain. Pourtant, cette vision n’est pas nouvelle et a été largement développée par N. F. S. Grundtvig au XIXème siècle. Il est connu comme le père de la formation continue et est  l’inventeur de l’université populaire dont la mission est d’offrir l’accès au savoir à tous et en particulier aux adultes. À nouveau, la Finlande est exemplaire à ce sujet puisqu’elle compte 15 universités populaires pour un million d’habitants quand la France en compte trente fois moins.

Si l’école devrait changer, les formations professionnelles pour adultes aussi

L’école française a de quoi s’inspirer avec la Finlande, mais il en est de même pour la formation professionnelle. Les jeunes comme les adultes méritent un enseignement de qualité et adapté à notre nouveau monde. Ainsi, petit à petit, il faut oser transformer la façon d’enseigner à tous les niveaux pour tendre vers une plus grande efficacité d’apprentissage et surtout offrir des formations plus inspirantes et généreuses.

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Theo Delporte

Group Strategic Planning Director

7 ans

Merci pour ce partage. J'ai en effet l'impression que c'est une méthode plus "logique" d'enseignement, de toutes façons, nous ne pouvons pas en rester à notre système actuel. Je comprends toutes les actions, sauf ce sempiternel débat sur les notes... ça m'échappe. J'ai peur qu'en France la suppression des notes ne soit pas faite pour de bonnes raisons pédagogiques, mais pour avoir la paix et masquer les insuffisances du système. N'oublions également que si la priorité doit être l'élève en difficulté, il faut aussi penser aux élèves bons voire très bons pour qu'ils accèdent plus tôt à aux niveaux supérieurs, et évitent l'ennui qui gâche tant d'élèves. Enfin, en tout cas il y a beaucoup d'idées qui devraient intéresser les pédagogues, plutôt que de débattre 100 ans sur le collège unique

Mokrane Chekroune

coordinateur pédagogique

7 ans

Alfred URBANO

Denis CRABIERES

Guide de haute montagne-Consultant

7 ans

Séduisant... Il serait intéressant de savoir comment le gouvernement finlandais conçoit et conduit des réformes d'une telle ampleur et de quelle façon il y associe les enseignants, y compris ceux des plus jeunes classes d'élèves. En ce qui me concerne, je suis moins impressionné par la capacité d'adaptation pédagogique des professeurs que par la cohérence et la constance dont semble faire preuve le ministère de l'Education et de la culture finlandais. A l'heure ou nos malheureux enseignants subissent tous les dix huit mois une réforme issue des dogmatismes portés par des ministres de différentes chapelles plus soucieux de marquer de leur sceau leur bref passage dans l'histoire que d'engager un travail de long terme appuyé sur les retours du terrain scolaire autant que sur celui des experts en chrono-pédo-psycho-pédagogie, les réponses seraient éclairantes.

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