Pourquoi j’ai choisi le statut d’entrepreneur-salarié ?
Libéré de mes obligations salariales en novembre 2018, j’ai d’abord mis à profit cette année pour me refaire une santé physique (notamment en plantant une haie d’une cinquantaine de mètres). Mens sana in corpore sano.
Le blé en herbe
Sur un plan professionnel, j’ai tout d’abord envisagé une reconversion, en m’inscrivant dans un dispositif Pôle Emploi de création d’entreprise (« ActiveCréa »), dans le but de développer une activité de production de plantes aromatiques et médicinales (PAM). J’ai, dans ce cadre, réalisé deux stages dans deux fermes bio (un producteur de fromages et de viande, et un maraîcher). Bien que le créneau soit porteur (le bio affiche une croissance de plus de 17 % par an depuis 2013 et la superficie consacrée aux PAM a grimpé de 143 % alors que le nombre d’exploitations a été multiplié par 3), les délais de rentabilité liés à la création d’une telle activité ne sont pas compatibles avec mes besoins actuels (j’ai 52 ans et une ado à la maison).
Par ailleurs, je pensais concilier cette « nouvelle » activité avec mon métier de toujours : écrire, orchestrer la création de contenus, vulgariser… J’ai d’ailleurs participé bénévolement à plusieurs projets éditoriaux pendant cette période afin de « garder la main ». Au fil de ma réflexion, j’ai compris que lancer deux activités relevait de la gageure, a fortiori seul. Cette période m’aura surtout permis de faire le point sur mes expériences et mes compétences, et de les valoriser.
Le temps de la récolte
Qui dit client, dit facturation. J’ai étudié les différents statuts qui s’offrent à nous. Auto-entreprise ou portage ? Si l’autoentreprise présente plusieurs avantages – création rapide, charges allégées – il faut prendre soi-même en charge l’ensemble des obligations administratives et réglementaires, et trouver un comptable, une mutuelle, éventuellement une retraite complémentaire, etc. Bien que je ne sois ni « phobique administratif », ni rétif aux chiffres, je n’éprouve pas non plus d’appétence particulière pour les questions administratives et la perspective du passage au prélèvement à la source m’apparaissait quasi-insurmontable... Parallèlement, j’ai étudié les offres des sociétés de portage parisiennes qui, en général, se contentent d’assurer la gestion de vos salaires/cotisations. Les sociétés de portage spécialisées (en l’occurrence, rédaction ou traduction) n’offrent pas la diversité professionnelle des généralistes, et au final, vous vous noyez dans la masse. Finalement, j’ai opté pour Crescendo, une coopérative d’activité et d’emploi (CAE) située à Flers (Orne) qui dépasse le simple rôle de gestionnaire administratif et comptable, en proposant également un accompagnement personnalisé, des formations, un réseau local étendu et des conseils à l’entreprenariat.
Crescendo est une SCOP (Société coopérative et participative) qui se revendique de l’Économie sociale et solidaire, c’est à dire défendant des valeurs centrées sur l’individu, ancré dans un territoire. Elle est membre du Réseau Coopérer pour Entreprendre, qui fédère 75 CAE en France et plus de 7 250 entrepreneurs salariés. Via les contrats CAPE (Contrat d’appui à la profession d’entrepreneur) et CESA (Contrat entrepreneur-salarié associé), Crescendo offre un cadre juridique, comptable et fiscal, ainsi que des services d’accompagnement qui permettent de tester en grandeur nature la viabilité d’une activité. Accompagnant au quotidien une centaine d’entrepreneurs d’horizon très divers, elle est en prise avec la réalité du terrain, et m’offre un regard à la fois objectif et aguerri sur le développement de mon activité.
Le bon grain et l’ivraie
J’ai signé un contrat CAPE qui me permet de bénéficier du SIRET de Crescendo pour les devis et factures. Mais ce n’est pas un contrat de travail. Lorsque l’activité sera un peu plus étoffée, je signerai un CESA qui me permettra de me rémunérer. A l'issue d'une période de trois ans, j'aurai le choix entre devenir associé de la coopérative ou prendre mon indépendance. Pour être totalement transparent, Crescendo prélève 13 % de frais de gestion sous contrat CAPE et 11 en contrat CESA. Après avoir bien-sûr réglé les cotisations salariales et patronales, et comptabilisé les éventuelles notes de frais, les investissements, etc. Ce qui me paraît juste au regard de la qualité et de la quantité des services fournis. Et qui reflète de manière exacte les conditions d’entrepreneuriat en France, aujourd’hui, quel que soit le statut.
Créer une activité est une décision de vie. Avec toutes les ambitions et angoisses qu’une telle décision engendre. Avec Crescendo, je ne me sens pas seul, mais je suis libre d’organiser mon temps comme je l’entends. Le statut d’entrepreneur salarié me sécurise, tout simplement. La coopérative offre un équilibre risques-bénéfices qu’aucun autre statut n’aurait pu me garantir.
La Clé de Soi conseils : pour trouver une voie qui ait du sens
4 ansBonjour Manu , si tu veux des conseils de gestion , j’ai créé mon entreprise depuis 17 ans, ce sera avec plaisir . Bon vent pour cette nouvelle venue, puisses tu prendre autant de plaisir que moi dans l’expression de ta créativité.