Pourquoi les Crypto-monnaies peuvent rendre le monde plus "juste"​ ?
source: any.time

Pourquoi les Crypto-monnaies peuvent rendre le monde plus "juste" ?

Un post récent de Jean Philippe Timsit, Professeur à l'EM Lyon, suscite de nombreuses réactions, puisqu'il fustige les déclarations récentes de Christine Lagarde qui mettent en avant le fait

"que les cryptomonnaies ne valent rien et que les petits investisseurs risquent d'y perdre leur chemise"

Mon collègue explique simplement que cette déclaration renvoie à la relative naïveté des peuples et leurs croyances à l'égard de la monnaie et des banques, et à la peur que suscite la chute récente des valorisations des cryptomonnaies.

Le tout renvoie plus fondamentalement au prisme "ancien monde/ nouveau monde".

En effet, quand Mme Lagarde déclare que les "cryptos ne valent rien", ce qu'elle dit c'est que les cryptos ne sont pas adossées à une banque centrale, elles ne reposent donc pas sur des actifs patrimoniaux de Nations. Sauf que cela fait bien longtemps que les monnaies ne sont plus adossées à des stocks d'actifs réels et que la puissance d'une monnaie repose avant sur la puissance d'un Etat à faire circuler sa monnaie (par exemple le Dollar US).

Mme Lagarde affirme que les cryptos remettent en cause les valeurs des monnaies nationales, qui reposent sur des banques centrales, et donc sur le système financier centralisé. Sauf que ce système centralisé est excluant, et ne profite qu'à une frange très restreinte de la population mondiale.
C'est bien là que situe l'enjeu des cryptos, l'opposition entre ancien monde, "centralisé", et nouveau monde, "décentralisé".

En effet,

la promesse des cryptos et plus généralement des blockchains repose sur la décentralisation, la traçabilité, la sécurisation et la fluidité des échanges permettant à des millions d'individus exclus des systèmes financiers classiques, centralisés, d'accéder à des financements et de réaliser des transactions.

Donc comme le dit mon collègue JP Timist,

"...la question n'est pas pour ou contre les cryptos mais plutôt comment bien le faire ..."

Dans les prochains paragraphes, je reviens sur quelques fondamentaux mal compris ou plutôt pas suffisamment connus sur les cryptos qui permettent de démystifier certaines croyances et je l'espère permettre au plus grand nombre de ne pas avoir peur et à minima comprendre les véritables enjeux que portent les cryptomonnaies.

Pourquoi les cryptomonnaies peuvent rendre le monde meilleur ?

Quiconque est né dans les années 1980 ou avant n'oublierait pas les conséquences de la chute de Lehman Brothers - des millions d'emplois perdus, des milliards de richesses évaporées et, plus important encore, le rêve américain brisé. Ce qui est plus inoubliable, c'est que, alors que la majorité du grand public dans l'économie moderne a souffert de la crise financière mondiale, la majorité des créateurs de la crise, les plus grandes banques des États-Unis, ont été renflouées par le gouvernement américain et, en fin de compte, les contribuables parce qu'ils sont « trop gros pour échouer ». 14 ans après la crise financière mondiale, les grandes banques non seulement survivent mais restent très rentables. La plus grande banque des États-Unis, JPMorgan Chase & Co., a une capitalisation boursière de près de 400 milliards de dollars, et ce malgré la récente chute des marchés.

Comment une banque peut-elle gagner autant d'argent ? Alors que le modèle économique des banques évolue continuellement, le principe fondamental est qu'elles font de l'argent avec celui de leurs épargnants, oui, votre argent, durement, gagné... Typiquement, vous ne voulez pas mettre vos économies dans un coffre-fort, et vous le déposez donc sur vos comptes d'épargne auprès des banques. Bien que la banque vous verse des intérêts, ceux-ci restent minimes, elle prête votre argent à des tiers ou investit dans des actifs qui rapportent des taux d'intérêt ou un retour sur investissement bien plus élevés, et ne distribuent que peu des rendements reçus, c'est aussi simple que cela. La banque ne fait que tirer profit de l'ensemble du capital de leurs épargnants...CQFD ! Pire encore, vous souhaitez transférer VOTRE argent à un tiers, souvent, il vous faut demander une "autorisation" à votre banque, si le virement dépasse une certaine somme, parfois à peine 1,000 ou 2,000 euros, le virement est bloqué, il faut appeler le "banquier"... Ce dernier pourra procéder au virement, mais à quel prix...! Il vous facturera des frais de transaction, de versement, de service, ou que sais je, et s'efforcera de minimiser le transfert de vos avoirs pour continuer à réaliser des bénéfices sur "votre dos" en prêtant ou en investissant votre argent. Pire encore, plus le montant que vous souhaitez transférer est important et plus votre chargé de clientèle vous posera de questions et fera tout pour contraindre votre liberté de directement utiliser librement l'argent que vous avez durement gagné... Le monde à l'envers ! J'ai bien d'autres exemples à partager mais je pense que je pense que vous avez compris, la centralisation du système bancaire nous rend prisonniers de ce qui permet "à priori", d'acheter une partie de sa liberté (je reviendrai sur le propos dans un prochain article) ...

Pourquoi laisserions-nous notre richesse se faire voler par les banques ? La sagesse et l'inconscient collectif nous fait croire que nous aurons besoin d'un tiers autorisé, "agréé", comme intermédiaire pour valider et comptabiliser les transactions financières. Le commerce traditionnel a fait des banques le centre du monde et les légitime pour faire de l'argent avec votre capital et contrôler le flux de capitaux.

La nature décentralisée, anonyme et irréversible de la technologie blockchain et des crypto-monnaies sont des solutions à la dépendance extrême aux transactions financières provenant des banques. Les crypto-monnaies permettent à tous les utilisateurs de la « chaîne » d'enregistrer et de maintenir toutes les transactions entre pairs sur une base collective. Comme tous les enregistrements de transaction sont conservés par tous les utilisateurs de la "chaîne", il n'y a aucun risque qu'une seule partie puisse manipuler l'enregistrement et apporter des modifications sans mettre à jour toutes les parties. Ainsi, les utilisateurs au sein de la "chaîne" peuvent directement effectuer des transactions financières sécurisées entre eux sans la présence d'un intermédiaire agréé comme une banque. Comme l'un de mes "gurus" l'a dit il y à fort longtemps, déjà, et dès 1994 :

“Banking is necessary, banks are not.”
Bill Gates, 1994.

Bill Gates lui même défend l'idée d'un monde plus juste et plus partagé grâce aux crypto-monnaies à la "chaîne".

Pour autant, tout n'est pas encore complètement "rose" avec les crypto-monnaies, MAIS ....

Bien évidemment la promesse est forte, mais est-elle pour autant au RDV ?

Pas encore pleinement. Une fois encore, la peur qui circule dans l'inconscient collectif et qui est si bien relayée par les médias de masse traditionnels jouent bien sûr en défaveur des cryptos. Le "bear market" en cours et la forte volatilité des marchés entretiennent cette peur (pour mémoire la déclaration récente de Mme Lagarde) mais pour autant faut-il tout jeter ? Certes, les risques existent, (scamming, fishing, vol de portefeuilles, blanchiment, etc.) mais l'auto-régulation et la confiance commencent petit à petit à s'établir.

Bitcoin, en tant que première crypto-monnaie, est une bonne innovation. Il résout complètement le problème du manque de confiance dans toute transaction peer-to-peer sans la présence d'un intermédiaire agréé (et coupe ainsi le rôle central traditionnels des banques que l'on connaît). Le seul problème est qu'il y a trop peu de personnes dans le monde qui pourraient réellement profiter des avantages apportés par Bitcoin. La puissance de calcul requise pour gagner un Bitcoin a considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, ce qui fait de Bitcoin un jeu réservé aux professionnels plutôt qu'au grand public.

Un nouveau problème conduit souvent à une nouvelle solution, voire à un autre problème. Bitcoin, ainsi que d'autres crypto-monnaies grand public de première génération, ont résolu le problème de la forte dépendance à l'égard des intermédiaires pour les transactions financières, mais il a apporté un nouveau problème de gaspillage d'énergie élevé et d'extrême inégalité dans la distribution des pièces.

Au fil du temps, plusieurs crypto-monnaies de deuxième génération ont été lancées en réponse aux problèmes posés par Bitcoin et d'autres crypto-monnaies de première génération. Ces nouveaux cryptos promeuvent l'idée de la libération et de la démocratisation des crypto-monnaies dont la grande majorité pourrait facilement gagner ces nouveaux cryptos, généralement sans gaspillage d'énergie.

Ces crypto-monnaies de 2e génération ont considérablement abaissé la barrière à l'entrée et commencent à éduquer avec succès la population de masse sur les fondamentaux de la crypto. Cependant, elles ont aussi amené leur lot de nouveaux problèmes, des personnes obtenant des avantages frauduleux de manière contraire à l'éthique en créant plusieurs nouveaux comptes avec une fausse identité.

Lorsque la barrière à l'entrée est si faible, sans un processus de conformité approprié, l'ensemble du réseau cryptographique peut être mis en panne car il viole le principe même selon lequel tout réseau blockchain respecterait - la confiance -.

Des cryptos de troisième génération commencent à voir le jour pour parlier à cette limite, tout en conservant les avantages d'anonymisation, de sécurisation, de moindre dépense d'énergie, de mise à disposition de tous la possibilité d'accéder à l'emprunt, encore une fois, sans intermédiaire. La semaine passée encore, la RCA, la République Centre Africaine, a adopté le Bitcoin comme monnaie officielle après le Salvador, signe des temps ou épiphénomène ... ?

Sans nul doute, les semaines et mois à venir nous en diront plus, mais ma conviction est que :

"...la question n'est pas pour ou contre les cryptos mais plutôt comment bien le faire ..."


Nous vivons une époque très turbulente mais passionnante, en tant qu'ancien acteur de l'émergence du WEB à la fin des années 90, je sens que nous sommes dans un temps encore plus passionnant et plus capable, je l'espère au moins, de rendre notre monde plus "juste".


Commentaires, discussions, désaccords, sont bien sûr bienvenus 😇 .


REFERENCES :

Le post de Jean Philippe Timsit, Professeur à l'EM Lyon.

Kimberley Bort

Créatrice de contenu & vulgarisatrice Mobstars Stories / Collaboratrice-Pigiste CrimOrg.com / Exploitant logistique et transport / Gestionnaire de transport externe / Fondatrice et gérante de Ma Jolie France

2 ans

Très intéressant. Merci.

Anne-Sophie Damelincourt

Applying Insight to drive strategy & global brand growth I Bridging the gap between customer behaviours and market opportunities to successful innovations I Thought leader I Speaker I Insight250

2 ans

Merci Laurent et bravo pour cet article limpide et engagé

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