Pourquoi sans intelligence collective, il n’y a pas de design circulaire ?
Affiche sur les murs d'une maison à Montreuil

Pourquoi sans intelligence collective, il n’y a pas de design circulaire ?

Pour vous parler de ce sujet, je dois vous parler de mon parcours de designer et pourquoi de designer industriel produit, je suis aujourd’hui designer circulaire et facilitatrice en intelligence collective.

Je commence dans le monde du mobilier et objets de décoration. Monde enchanteur et valorisé dans l’histoire du design par de nombreux noms renommés. On ne vous parle que très peu de l’envers du décor : du gaspillage de matière, de la surproduction de produits non durables car seulement pensés pour suivre une mode, des conditions de travail peu éthiques dans des usines lointaines aux productions douteuses, et des kilomètres de trajets avant de finir chez vous. Comment ne pas réfléchir à sa propre responsabilité en tant que concepteur de ces objets ? 

EVient alors mon engagement dans l’économie circulaire. n tant que designer produit, j’oriente mon travail vers l’upcycling (ou surcyclage). Les chutes de productions ou les produits encore valables qui  partent à la benne sont tels, qu’il me parait ridicule de ne pas œuvrer à cet endroit situé plutôt « en fin de cycle de vie ». De la créativité et des ressources, nous en avons en tant que designer. Je vois des opportunités créatives, et des opportunités business. Un de mes premiers projets est pour un brocanteur qui récupère des pièces d’avions quand ils sont démantelés, et les retransforme en mobilier.

Un nouveau projet en 2016 m’amène à toucher cette fois-ci l’aspect systémique du circulaire : la rénovation du bâtiment des CANAUX. Je rejoins l'agence Epatant, pour apporter mes connaissances dans l’économie circulaire afin d’inclure cette approche aux travaux. Et c’est là que l’intelligence collective prend tout son sens !

Les travaux de réhabilitation et particulièrement dans une démarche circulaire et solidaire qui va valoriser en premier lieu le réemploi et la réutilisation via des circuits de l’ESS, demandent à différents acteurs qui n’ont pas les mêmes pratiques, les mêmes vitesses d’action et les mêmes échelles de coopérer. D’un côté on a des pratiques chiffrées et standardisées, de l’autre on fait du sur-mesure, adapté à la demande et aux moyens. 

Dans ce projet, j’arrive avec ma propre démarche de designer. On nomme aujourd’hui cette démarche et méthode le design thinking. A l’écoute des acteurs et du terrain, je matérialise dans un outil visuel, une approche circulaire et solidaire. Le résultat est de suite utilisé, pour être adapté et remanié en fonction des retours : du « test and learn » en temps réel. C’est une véritable expérimentation à échelle 1 et qui peut se targuer d’avoir réussi son pari car elle a su créer un esprit coopératif tout au long pour suivre ses engagements sociaux et écologiques.

« Au final le circulaire c’est 80% de matière grise en amont » : ce sont les mots de l’entreprise qui s’est occupée des travaux, un jour de présentation du bâtiment au grand public. Ils trouvent que ça n’avait pas été aussi compliqué à mettre en place une fois que les solutions et le procédé avait été trouvés. C'était une autre vérité en coulisses : il a fallu beaucoup de volonté pour bouger des habitudes de fonctionnement bien ancrées dans les entreprises du bâtiment.

Ma pratique aujourd’hui a évolué vers l’intelligence collective et j’ai clairement co-fondé Matière Blanche avec Laura Choisy dans ce but.

Pourquoi ? Parce que lorsqu’on propose des innovations ou des démarches innovantes qui demandent de changer les règles d’usages (donc les règles du jeu), en employant un écosystème d’acteurs, d’intérêts, de business et de pratiques différentes, une nouveauté qui ne prend pas en compte la réalité de chacun, ne leur permettent pas de se comprendre et ne les engagent pas risque de faire remonter des blocages. Et c’est tout à fait humain !

Au fond, il ne s’agit pas de changer les règles du jeu dans un jeu connu, mais clairement changer de jeu et créer de nouvelles règles. Tout est donc à co-construire en intelligence collective !


Si vous souhaitez en savoir plus sur comment nous actionnons l'innovation en intelligence collective, contactez-nous : agence@matiereblanche.co


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