Présentation des données Datalib

J'ai fait le dépouillement des données Datalib pour l'observatoire de l'imaginaire. J'ai fait l'analyse.

Qu'est ce que Datalib ?

Datalib est un classement des meilleures ventes en librairie. Il est calculé en se basant sur les ventes des librairies soutenue par l'ADELC (association pour le développement de la librairie de création).

http://adelc.fr/

L'ADELC est une association d'éditeurs qui soutient 535 librairies. L'échantillon est donc conséquent. Mais par forcément représentatif.

Le classement.

Le classement dépouillé ici s'appelle polar SF. Un classement qui cumule les mauvais genres. C'est un top 100 ce qui facilite les calculs. Sur 100 titres on entre 8 et 19 qui relèvent de l'imaginaire selon les semaines.

La part des œuvres écrites par des femmes n'excède pas 2 titres. Là il y a un gros effort à faire.

La part des titres classiques va de 1 à 9 selon les semaines. On peut supposer que certains voient leurs ventes boostées parce que ce sont des lectures scolaires ( La nuit des temps de Barjavel, la planète des singes de Pierre Boulle ou encore le meilleur des mondes de Huxley). L'apparition de ces titres est corrélé avec les périodes scolaires. C'est moins évident pour d'autres (Farenheit 451 ou des Fleurs pour Algernon) .

La part des auteurs français va de 1 à 4. Des auteurs comme Damasio ou Werber s'y taille la part du lion laissant peu la place à d'autres.

Curieusement peu de nouveautés. Les titres de moins de 3 mois y sont peu présents. Différence flagrante par rapport au polar où il y a beaucoup de nouveautés.

Le nombre d'entrées est très variable d'une semaine à l'autre et l'on ne peut pas vraiment en tirer quelque chose.

Contre toute attente la plupart des titres classés relèvent de la SF. Souvent d'une SF assez exigeante ( Damasio, Liu Cixin). On trouve peu de titres vraiment populaires classés. La fantasy est moins présente qu'on le dit habituellement.

Autre chose on se rend compte que les adaptations ont tendance a booster les ventes des œuvres dont elles sont adaptées ( le Sorceleur, Dune). Dès l'annonce d'une adaptation on voit arriver le roman dans le classement. Par exemple la semaine suivant la sortie de la bande annonce de Fondation, le roman arrivait dans le classement.

Fiabilité.

On peut s'interroger sur l'absence de certains gros vendeurs ( Pratchett, Goodkind ou plus récemment Erickson). Il étonnant que des œuvres considérées comme des bests sellers par des éditeurs ne sont pas présentes dans le classement.

L'échantillon se compose principalement de librairies de centre ville de grandes villes et de villes moyennes.

http://adelc.fr/main.php?action=web_librairies

Pas de grandes surfaces culturelles, donc. Mais pas non plus de maisons de la presse ou de librairies de petites villes ou de zones rurales, ni de librairies situées en quartiers difficiles. Donc on peut supposer qu'il y a une surreprésentation des classe supérieures et moyennes supérieures dans la clientèle. Ce qui explique que des titres très exigeants soient très présents et que l'on n'y trouve moins des titres populaires. Et aussi l'absence de certains best sellers de fantasy qui sont peut être achetés dans d'autres types de librairies.

2020 est également une année spéciale. On ne sait pas comment le confinement et le déconfinement ont interféré dans les classements. Les classements avant le confinement et après le déconfinement étaient les mêmes. Pas d'effet tabula rasa, ni de nouveaux entrants. Les nouvelles entrées dans le tableau d'ailleurs n'en sont pas toujours. Un titre souvent sort du classement avant d'y revenir quelques semaines plus tard. L'arrivée massive de nouveautés a commencé réellement fin août.

Leçons à tirer

On se rend donc compte comme je l'ai dit plus haut qu'il y a beaucoup de titres exigeants dans le classement. On peut se demander si notre marketing orienté vers la littérature d'idées est pertinent et ne coupe pas des publics populaires. Si l'on veut faire progresser quantitativement les genres de l'imaginaire on ne peut pas se couper de ses publics là.

Certains classiques sont certainement aussi des lectures scolaires : Le meilleurs des mondes, la nuit des temps, Farenheit 451, la planète des singes et probablement aussi Des fleurs pour Algernon. Il serait peut être bon que les enseignants diversifient les propositions de titres qu'ils font pour les listes de lectures de 3éme ou seconde. Qu'ils y incluent des titres plus récents et relevant d'autres courants. On remarque en effet que la dystopie est surreprésentée.

Aujourd'hui moins de 20% des titres du classement polar / SF relève de l'imaginaire. Il faut se donner l'objectif d'en avoir 25% en 2025 et 50% en 2030. Si suffisamment de titres relèvent de nos genres, la création d'un classement spécifique sera inévitable et nous aurons une meilleure visibilité.

Il faut soutenir les titres récents pour les faire connaître. Promouvoir les romans écrits par des femmes. Et aussi mettre en avant les auteurs français.