Prévenir
Edito
Le sujet n’est guère réjouissant, à l’approche des fêtes : jusqu’en mars prochain, 173 Français tirés au sort dans le cadre de la Convention citoyenne vont débattre sur la nécessité de changer, ou non, la loi qui interdit l’euthanasie et le suicide assisté.
Alors plutôt que d’évoquer le “bien mourir”, attardons-nous sur le “bien vieillir”. En 2050, l’Insee estime que 22,3 millions de personnes (1 habitant sur 3) seront âgées de 60 ans ou plus. La France est aujourd’hui dans les 1ers rangs des pays européens en termes d’espérance de vie mais se situe au 11e rang pour l’espérance de vie en bonne santé, c'est-à-dire sans incapacité fonctionnelle.
Ceci n’est pas une fatalité. Dans un rapport récemment publié, Santé publique France dresse un état des lieux préoccupant de la santé des Français de 40 à 64 ans, particulièrement chez les personnes de plus faible niveau socioéconomique. Et en tire la conclusion que la confrontation aux premiers soucis de santé et des événements de la vie (séparation, départs des enfants, reconversion professionnelle, licenciement, etc.) doit amener à engager la prévention de la perte d’autonomie fonctionnelle, ou plus globalement le souci du bien vieillir (soyons ambitieux), dès 40 ans.
Les rendez-vous de prévention (à 20-25 ans, 40-45 ans et 60-65 ans) instaurés dans la Loi de financement de la Sécurité sociale 2023 vont donc dans le bon sens.
Certains acteurs voudraient aller beaucoup plus loin, en opérant une bascule de notre système de santé vers la prévention.
L’année 2023 semble idéale pour expérimenter et déployer les bonnes idées en la matière.
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3 questions à
Dr Alain BEAUPIN, président de la Coopérative de santé Richerand (Paris 10e) et de l’Institut Jean-François Rey (centres de santé pour la recherche en soins primaires).
“La prévention non médicalisée est une priorité”
Vous vous prononcez en faveur d’une bascule de notre système de santé vers la prévention. Que cela implique-t-il en matière d’organisation des soins ?
Nous sommes arrivés au bout de la logique de notre système de soins actuel. Il y a eu dans le passé une longue période où les investissements dans les soins ont produit des gains très importants en termes de santé publique et de santé individuelle. Cette période est révolue : aujourd'hui quand on investit 100, on gagne 10. La notion de progrès doit être réinterrogée, la pertinence du tout curatif et du tout productiviste (paiement à l’acte), également. C’est le moment de mettre les ressources là où on a beaucoup à gagner : la prévention.
S'agissant des professionnels, ce ne sont pas les médecins qui sont forcément les mieux placés pour faire de la prévention. D’une part car nous manquons de ressource médicale, d’autre part car cette prévention requiert une approche décentrée du soin, un temps pas forcément médical. L’exercice en équipe pluriprofessionnelle, réunissant autour d’un objectif commun des professionnels de différents métiers et cultures, apparaît comme un cadre propice aux actions de prévention.
Dans cette logique, on ne parle pas ici de prévention centrée sur une maladie (le diabète, le cancer etc.) mais sur un patient, c'est-à-dire une personne qui ne rentre pas dans une seule case, et dont le psychisme ne peut être dissocié du corps.
Quel va être le premier chantier de prévention de la coopérative de santé Richerand ?
Ce projet expérimental concerne le dépistage des troubles psychiques. La crise sanitaire a mis en lumière le mal-être psychique, pour lequel nous n’avons aujourd’hui pas de réponse satisfaisante. Notre volonté est donc de repérer ces troubles au tout début, avant le stade de mal-être - et bien sûr avant la dépression - et de proposer leur prise en charge avec des techniques validées, par des psychologues et infirmières, dans le cadre de protocoles. Plus on intervient au début, plus on va pouvoir corriger les choses. La prévention non médicalisée est une priorité.
J’insiste sur le fait que nous ne parlons pas de maladies clairement identifiées et déjà prises en charge, comme la schizophrénie ou les troubles bipolaires. Mais de signes relevant d’une anxiété sociale, environnementale, de premiers pas vers la dépression ou le burn-out, de troubles liés à des psychotraumas dans l’enfance…
Nous pensons que ces patients nous seront sûrement adressés par des cliniciens qui les voient pour d’autres motifs, mais sentent une difficulté psychique.
Ce projet est porté par les trois centres que comprend la coopérative de santé : le centre de santé (très orienté ville-hôpital et publics vulnérables), le Centre de psychotrauma de l’Institut de victimologie (CPIV, violences intrafamiliales notamment) et le Centre Parcours d’exil (accueil de migrants victimes de violences étatiques).
Nous devons le finaliser et boucler le financement, via l’agence régionale de santé ou l’Article 51.
Quelles formations doivent suivre les professionnels de santé concernés ?
La formation va de pair avec le changement. Si on entraîne d'autres équipes pluriprofessionnelles dans ces projets de prévention - c’est notre souhait -, il y aura des besoins de formation sur les techniques de repérage et de traitement. Notre souhait est d’utiliser des innovations utiles aux praticiens. Par exemple, des algorithmes faisant appel à de l’intelligence artificielle, permettant de repérer des troubles dans le langage naturel des personnes ; des dispositifs médicaux numériques proposant des techniques non médicamenteuses ; des techniques validées, comme l’EMDR.
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On connaît la direction à prendre, on va désormais tester nos hypothèses !
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Les échos de la formation
➻ DPC : l’arrêté complémentaire sur les orientations prioritaires 2023-2025 est publié. L’arrêté du 8 décembre 2022 définit les dernières orientations prioritaires de Développement Professionnel Continu (DPC). Il enrichit l’arrêté du 7 septembre 2022 de 90 orientations et clôt la liste des thèmes portés par le DPC. Les fiches de cadrage relatives aux nouvelles orientations sont disponibles sur le site de l’Agence nationale du DPC ici ainsi que les fiches des premières orientations publiées en septembre.
➻ Le point sur les protocoles de coopération, du point de vue infirmier. Des protocoles de coopération formalisent des délégations de compétences entre les professionnels paramédicaux et médicaux. Ils encouragent au développement de nouvelles compétences infirmières. Lire l’article d’ActuSoins.
➻ Podcast : la formation initiale des chirurgiens-dentistes est-elle encore au niveau ? Après un premier épisode sur les centres dentaires qui, depuis quelques années, prolifèrent à une vitesse impressionnante, focus sur la formation initiale des chirurgiens-dentistes. Est-elle encore au niveau aujourd’hui en France ? Dans l'épisode 2 de leur podcast Panoramique, les Chirurgiens-dentistes de France (CDF) passent ces questions en revue, en présence de Vianney Descroix, doyen de la faculté d'Odontologie de l'Université Paris Cité. Pour l'écouter, cliquez ici.
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Citation
“Une once de prévention vaut une livre de traitement.”
(une once équivaut à environ 28 grammes et une livre, à environ 450 grammes)
Benjamin Franklin (1706–1790), éditeur, écrivain, scientifique, inventeur, homme politique américain.
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Quizzivox - L’antibiorésistance en questions : testez vos connaissances
Si la découverte des antibiotiques a révolutionné l’histoire de la médecine au 20e siècle, la résistance bactérienne aux antibiotiques est devenue un défi pour la santé publique au 21e siècle.
L’antibiorésistance pourrait en effet devenir la première cause de mortalité dans le monde en 2050, d’après le rapport O’Neill (2016). Et la France n’est pas vraiment un bon élève…
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En 2023, retrouvez Invivox Academy dès le 12 janvier
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