Prix littéraire des étudiants internationaux
Après Gerda Pierre-François Moreau aux Éditions du sonneur
par Soonyata Mianlamai —
Gerda Taro est (trop peu) connue comme la première femme photojournaliste qui est décédée en service alors qu'elle couvrait la guerre d’Espagne.
Après son décès tragique à seulement 26 ans à Brunete, Madrid, son compagnon, Robert Capa, également photographe de guerre renommé, a subi un traumatisme déchirant qui l’a rendu «à vingt-trois ans, déjà vieux, déjà veuf». Un traumatisme qui lui a donné l'impression d'être mort lui-même. Pour dire un dernier mot d'adieu à son amour, il commença un projet : le livre intitulé Death in the Making.
Grâce à Pierre-François Moreau et son écriture bellement simple et fluide, nous sommes plongés dans un chapitre sombre de la vie de Capa alors qu’il travaillait sur son projet avec l’aide d’amis et de personnes de l’industrie. Au lieu d’être consumé par la colère à cause d’un destin injuste ou d’être glacé par la mort et la solitude, il est entré dans un monde sans lumière qui nous fait sentir «ni chaud ni froid», mais n’est-ce pas le pire?
Pourtant, à chaque pas qu’a emprunté Capa, nous trouvons Gerda Taro, une femme extraordinaire qui a conquis le cœur des gens avec son charme, sa force, son ambition et son courage. Elle était cette «blondinette» qui n’aura pas eu l’occasion de développer son talent, mais grâce à l’interprétation de Moreau, nous pourrons toujours entendre sa voix.
Ce qui est le plus remarquable dans ce livre est que : de même que certains acteurs ne « jouent » pas un rôle mais « sont » véritablement le personnage ; Moreau ne nous donne pas à voir les différentes scènes, nous y sommes., nous sommes dans les lieux évoqués (dans les cafés de Montparnasse souvent), avec eux.