Profs et élèves peuvent-ils co-créer ?
Dans les collèges, nombre de projets sont créés POUR les élèves PAR des profs. Même si les adultes sont pleins de bonnes intentions pour répondre aux besoins des jeunes, personne ne sait mieux qu'eux ce qui leur correspond réellement.
Comment favoriser le dialogue et donc l'écoute ? Comment inciter les élèves à prendre la parole ? Quelle structure de co-création qui ne soit pas contrainte par les "travers administratifs" ou l'habitude de la positions hiérarchique ?
J'ai pu tester dans mon collège le jeu La Rivière Aux 7 Pierres de Valérie Bauwens, avec l'équipe santé élargie (5 profs et l'infirmière scolaire) et 7 élèves de 12 à 15 ans. Notre projet commun : créer un service de médiation par les pairs pour les élèves. Les jeunes présent·es sont partant·es pour concevoir la mise en place d'un tel service.
Nous nous sommes assis·es autour du jeu avec pour but obtenir les un·es des autres les visions, craintes, motivations pour donner une forme au projet.
Lancer le galet, se poser les questions sans qu'elles viennent des adultes, tout le monde réfléchissant et répondant sur le même plan a détendu les élèves. Ils n'étaient pour une fois pas questionnés mais dans le partage. L'outil a servi de médiateur, de facilitateur.
Mon animation du jeu et de la discussion a placé mes collègues et les jeunes sur le même plan : demander la parole, suivre le rythme, suivre l'objectif. Une grande bienveillance, de l'ouverture curieuse, de l'étonnement et beaucoup de gratitude a permis au groupe un début de cohésion. Ça n'est pas habituel dans l'enceinte scolaire où l'adulte est celle est celui qui sait, qui demande, qui attend de l'autre. Le passage sur la rivière nous a mis·es dans le même bain. Quand elle ou il propose d'apprendre de l'élève, l'enseignant·e agrandit son ouverture, la relation et donc la confiance ET l'esprit d'initiative de l'élève.
Je suis, en tant que médiatrice scolaire, évidemment convaincue par les dispositifs de médiation. Ce jeu en est un qui cumule les avantages : outre la cohésion d'équipe et la stimulation des partages, il y a toute la réflexion autour du projet. Après 45 minutes (insuffisant) de jeu, sont avons une planification de la suite. Les 3 prochaines étapes sont définies, nous avons noté les difficultés (certaines déjà solutionnées lors de la discussion). Nous avons des ressources et des avantages importants, dont des trésors que la formulation des cartes a fait sourdre. En effet, quand les jeunes osent parler d'elles et d'eux, elles et ils nous livrent des parts que l'attitude obéissante ne laisse pas voir d'ordinaire. Subtilité, intelligence, maturité, curiosité, candeur, confiance, pertinence, fraîcheur ... cela nous a épaté·es.
Pour connaître d'avantage le jeu, le tester, l'acquérir, rendez-vous chez Human-centricity de Valérie Bauwens. Il y a des ateliers découvertes chaque mois.
Quand à la suite de notre projet... à suivre ici !
Réinventer en intelligence collective nos manières de travailler et de vivre: innovation, dialogue, observation du quotidien, coaching
3 ansBravo Peggy pour cette super animation grâce au jeu. Je suis touchée de lire que le jeu a permis à chacun d'avoir sa place, d'égal.e à égal.e. " Les jeunes ont osé parler..." woaw... les portes des multiples possibles s'ouvrent.