Projets fondés sur la Nature: de la compréhension à l'action

Projets fondés sur la Nature: de la compréhension à l'action


Aroma Forest, un projet L’Homme et l’Environnement.

Les zones de productions communautaires lancées en 2001 comprennent actuellement :

- 385 hectares de forêts sèche de l'ouest, habitat du Syfaka de Coquerel, une espèce en danger critique d'extinction, et 100 hectares de forêt restaurée ;

- 600 hectares de forêt tropicale primaire de moyenne altitude de l’est abritant 12 espèces de lémuriens, dont 3 en danger critique d'extinction et environ 500 hectares d'habitats dégradés en cours de restauration en agroforesterie pro biodiversité.

 

Au total, le programme permet la conservation de l'habitat de 70 espèces menacées (sur la Liste rouge de l'UICN), dont 42, incluant 9 en danger critique d'extinction sont considérées par la communauté scientifique comme espèces « EDGE » insuffisamment représentées dans le système des aires protégées.

 

Une entreprise privée locale a été fondée en parallèle de ces zones de conservation communautaires en 2001 pour assurer l'exportation des productions locales. L'entreprise a, en moyenne au cours des 5 dernières années généré des revenus pour environ 6.000 agriculteurs représentant environ 1000 salaires à temps plein.

L'entreprise malgache Aroma Forest sarl exporte dans le monde entier


Ce sont les recherches dirigées par Olivier Behra pour la FAO[1], l’Office National de l’Environnement et le PNUD[2] ainsi que pour la Coopération Américaine[3] sur la gestion de l'environnement qui l'ont amené à concevoir et lancer ce programme complexe de recherche-action sur l'île de Madagascar en 2001. L’idée principale était de trouver des modèles innovants pour soutenir la conservation de l’incroyable biodiversité présente en dehors des zones protégées. L'amélioration de la valeur des ressources naturelles pour les communautés locales, notamment grâce à la production d'huiles essentielles, constituait une opportunité clé de développement commercial pour soutenir la conservation. Cependant, même la certification biologique et équitable s’est confirmée ne pas suffir pour créer le cadre de motivation à la conservation de la biodiversité, et le soutien d'une ONG s’est avéré indispensable.


Les tendances de la déforestation dans l'ouest de l’île confirment maintenant que sans intervention il y a 12 ans, la forêt ciblée aurait disparu. Une petite zone de 70 hectares de forêt « primaire » a été protégée créant un sanctuaire pour 7 espèces menacées, dont 4 en danger critique d'extinction. Le travail sur ce site a également montré sur une centaine d’hectares qui avait brûlé une fois qu’il était possible en une dizaine d’année de restaurer un système forestier viable pour la faune locale tout en y incluant des espèces d’intérêt économique (Moringa, Saro).


Restauration forestière a intérêt biodiversité et économique en 10 ans

Sur le site de forêt tropicale de moyenne altitude (Vohimana), un article scientifique faisant état d'une étude des amphibiens en 2001 estimait que le couvert forestier du site disparaîtrait quelques années plus tard. Un travail forestier mené en 2005 confirmait que sans l'intervention de l'ONG, au vu des pratiques agricoles non durables, le couvert forestier aurait disparu d'ici 2015 dans le meilleur des cas.

Deforestation du hotspot de Vohimana entre 1963 et 2001 puis entre 2013 et 2017 et forêt restante en 2023

La déforestation a été ralentie dès 2002 puis totalement stoppée en 2017. Actuellement plus de 500 hectares de forêt protégés assurent un sanctuaire à 12 espèces de lémuriens, plus de 80 espèces de grenouilles, plus de 50 espèces de reptiles, 87 espèces d'oiseaux, 26 d’entre elles étant considérées comme des espèces « EDGE » en voie de disparition sous-représentées dans le réseau des aires protégées. Au niveau végétal, il s'agit de plus de 120 espèces d'orchidées, 20 espèces de palmiers, dont 9 menacées de disparition, 160 plantes ayant des propriétés médicinales et probablement des espèces encore inconnues de la science (une nouvelle espèce de mousse a été décrit à Vohimana en 2020 : Riccarida vohimanensis).

 

Les analyses de l'évolution de l'entreprise montrent que, si elle a connu une croissance exceptionnelle, c’est en grande partie parce que 100% de ses bénéfices ont été réinvestis. En effet, les marges générées par une entreprise exportatrice en vrac d'un pays en développement sont en réalité très limitées, soumises aux pressions d’une clientèle internationale, jusqu'ici intéressée par les normes de qualité mais surtout par la compétitivité des prix sur les marchés mondiaux.

 

Les communautés locales ont besoin avant tout de débouchés économiques pour leurs ressources, et une fois que l’utilisation des ressources naturelles a été conçue pour être durable, sans intrants chimiques… et incluse dans une gestion positive de la biodiversité, les besoins sont d’assurer :

- la protection et la restauration des forêts et de la biodiversité sur le long terme ;

- les besoins humains fondamentaux non couverts par l'État, notamment la santé et l'éducation.

 

Des plans de gestion ont été développés en accord avec les communautés locales mêlant protection des forêts naturelles et développement agroforestier puis des gardes forestiers communautaires ont été équipés et formés.

Plan d'aménagement agro foresterie et protection de forêt primaire et gardes forestiers communautaires

Un centre de santé et une école ont été construits à la limite du site de Vohimana à l'est et une école construite dans le village de Besatra à l'ouest.

Ecole et centre de santé construit à l'esst à Vohimana et école construite sur le site de l'ouest

Les salaires des infirmières et des enseignants sont très peu élevés à Madagascar, mais l'État est trop pauvre pour les payer, du moins en totalité. Il a été calculé qu'un paiement approprié des huiles essentielles au niveau des unités de production communautaire permet de concevoir un plan d'autonomisation de la santé et de l'éducation de base.

 

Pour garantir cet accès à la santé et à l’éducation, les huiles essentielles produites localement doivent être payées à un prix équitable. Cela peut déjà être fait pour de petites quantités si les produits peuvent trouver un marché direct.

 

Les consommateurs européens sont de plus en plus exigeants en matière de production éthique, en particulier en ce qui concerne les produits naturels pour la santé et le bien-être. Le marché des huiles essentielles devrait connaître une croissance régulière au cours des 10 prochaines années et il y a un manque d'entreprises pouvant montrer des impacts positifs réels de leurs productions.

 

Il a donc été décidé de créer en France une société de commercialisation fondée sur la Nature pour promouvoir la vente directe : Aroma Forest SAS.

 

Aroma Forest lance à peine ses ventes mais le business plan montre des marges allant jusqu'à 70% en France et que l'entreprise générera des bénéfices attractifs avec un EBE de 23% la 4ème année et jusqu'à 28% la 5ème année. Ce business plan a été conçu de telle sorte qu'au cours de la cinquième année, les coûts de gestion des zones de conservation, les agents forestiers de terrain ainsi que la recherche et le développement puissent être financés par les profits de l’entreprise tout en lui gardant une attactivité économique intéressante.


Cela fera de la société Aroma Forest SAS celle qui assurera la conservation durable de la biodiversité et du couvert forestier des sites d’intervention.

 

Sur les 1 200 000 euros de financement à but non lucratif requis pour le programme 2020-2030 mis en place, 800 000,00 euros ont été obtenus et le reste devrait être trouvé par l'ONG L’Homme et l’Environnement.

 

270.000 euros ont été jugé nécessaires à l'entreprise privée Aroma Forest SAS jusqu'à la fin de l'année 2 pour lui permettre d’atteindre une autonomie financière.

 

408 actions sont actuellement proposées aux investisseurs au prix de 485,30 euros chacune, représentant jusqu'à 20% de la société.

 

Olivier Behra, fondateur du programme L’Homme et l’Environnement – Aroma Forest a récemment travaillé pour le gouvernement et le secteur privé de Madagascar pour aider à définir une stratégie commune pour le développement du secteur des extraits de plantes jusqu'en 2040. Suite à cela un pacte privé-public a été co-signé en juillet 2023 par le Premier Ministre et les représentants du secteur privé pour la mettre en œuvre. Il inclus des axes de développement visant à avoir une production neutre en carbone et des impacts positifs sur la réduction de la pauvreté et l'environnement. Il est donc très probable que les résultats du projet économique basé sur la nature intité par L’Homme et l’Environnement puisse servir à utiliser les résultats à venir pour un développement et des impacts encore beaucoup plus importants dans le futur.



[1] Behra O. 1994. Diversification des productions naturelles pour la conservation et le développement durable. Rapport final FAO/TCP/MAG 2358. FAO publication.

[2] Behra O. 1998. Analyse de la problématique de la valorisation de la biodiversité pour la conservation. Office National de l’Environnement de Madagascar. Rapport dans le cadre du sous-programme GEF-PNUD/MAG/96/G-31.

[3] Behra O. and M. van Schaik. 1994. Development of Experimental projects to enhance the benefits from the trade of wild fauna and flora for conservation. USAID Madagascar report cont. # 678 0510 C 00 4115 00.

 

 



DANNY FRANCK ALLAH

Agent eaux et forêts chez Ministère des eaux et forêts

7 mois

Bonjour à tous, ce projet est intéressant.seulement que nous aimerions aussi bénéficier d'un pareil projet autour de nos parc en côté d'ivoire.il faut former

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