Promenade entre amis

« Porte haut ton ambition. Et si tu juges rudes les efforts qu’elle exige, songe que, plus l’intelligence et les connaissances, le talent et la réussite, la vraie différence entre les hommes, c’est le courage » Philippe Hayat

Aujourd’hui, et personne ne me contredira, il faut beaucoup de courage pour surmonter cette crise sanitaire. Encore ignorée il y a quelques mois, elle nous submerge de tout son poids de malédictions, en nous emprisonnant, cloîtrant, confinant, isolant, claustrant, séquestrant... Punissant ! Utilisons le terme qui nous sied le mieux, le résultat sera le même.

Aujourd’hui, le Pape, devant une place Saint Pierre vidée de toute vie vibrante, se sentira bien seul pendant la célébration de  « Urbi et orbi ».

Toutes les familles ne vivront pas les grandes tablées où on se bouscule, rit, mange, chante, danse. Face Time ou Skype n’y changeront rien. Seules…

Toutes ces personnes isolées dans leur chambre d’un Ehpad. Désespérément seules.

Beaucoup pleureront leurs chers disparus. Ils ont quitté la place pour toutes sortes de motifs « l’âge, la grippe, les accidents de voiture, le cancer, les attaques cérébrales ET le Coronavirus. Celui-ci n’a pas le monopole de la mort. Elle rôde sans relâche et emporte avec elle ceux qu’elle a choisis. Juste une différence, me souffle une voix dans mon bourdon environnant, le Coronavirus est une mort irrespectueuse, ignoble et voleuse. Voler les derniers instants de vie sans derniers recueillements est intolérable !

Alors doit-on se réjouir de mourir de tout sauf du Coronasalaud ? Doit-on se réjouir de la mort tout court ? Bien sûr que non !

Quelqu’un, qui continue ses bains de foule, la solitude doit lui faire peur dans le retour de bâton de demain… nous a asséné, martelé, répété, conspués… « nous sommes en guerre ». NON ! Il ne sait pas ce que c’est que la guerre, ne l’a jamais vécue ni affrontée. Moi non plus et je ne voudrais pas la connaître. J’ai l’immense privilège d’être née à la libération. D’où mon optimisme et mon pragmatisme.

Demain aurons-nous le courage de nous réjouir d’être vivants ? D’en avoir réchappé ? De redresser la tête, d’endosser notre plus beau sourire et de crier « la Vie est à nous » ? OUI ! Pour nos enfants et nos petits-enfants. MAIS ! Restons solidaires, soyons clairvoyants, réfléchissons à ce à quoi nous avons échappé et à ce à quoi nous pourrions encore et encore bien apprécier, c’est-à-dire une belle qualité de vie.

Ayons Le Courage de tout remettre à plat, de nous débarrasser du superflu, sans toutefois sombrer dans d’autres excès. Il faut raison garder ! Un juste milieu !

Mais ayons le courage aussi de reconnaître que le Coronasalaud nous a permis de lire, d’écrire, de jouer, de rire, de profiter du temps qui nous manquait jusque-là pour découvrir des joies simples oubliées, de communiquer avec nos amis et d'en apprécier de nouveaux (même virtuels ils nous offrent des belles plages de bonheur), et surtout de dire à nos êtres chers qu’on les aime, parce qu’avant on n’y pensait pas. Mais le dire c'est mieux !

Aussi dans l’attente des jours meilleurs et pour vous apporter un petit souffle léger de liberté, aujourd’hui, je vous emmène faire le tour du jardin. Le lilas est en fleurs, les arums se dressent bien droits offrant leur corolle blanche immaculée et leur cœur jaune soleil, les oranger, mandarinier et citronnier fleurent bon une puissante odeur de jasmin, de-ci, de-là des petites pâquerettes, des bouquets d’ail sauvage aux fleurs blanches pétulantes, les rosiers présentent fièrement leurs premiers boutons pour les jours prochains. Et là je vous sens fatigués, et assoiffés. On fait une pause ? Je vous sers un thé à la menthe ? Une verveine ? Un café ? Un jus d’orange ? Allez reprenez un bout de gâteau aux pommes pour la route. Certains courageux voudront chercher les œufs dans le jardin. Eh non ! Je n’ai pas de poule aux œufs d’or. La prochaine fois ! C’est promis.



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