Bruno Le Maire a proposé hier de remonter le plafond des promo sur l'alimentaire de -34% à -50%. C'est malheureusement une fausse bonne idée qui risque d'avoir une effet délétère sur les PME, déjà fragilisées par l'inflation ! S'il vous plait M. Le Ministre de l'Economie et des Finances, prenez le temps de faire étudier les conséquences de cette proposition.
- les promo sont intégralement financées, prises en charge par les fournisseurs. Au centime d'euros près. Quand MEL réclame de pouvoir faire des promos plus fortes, pour défendre le pouvoir d'achat des consommateurs, c'est facile, ce n'est pas lui qui paye.
- Les promo passent maintenant massivement par des mandats : les grandes enseignes refacturent au centime près (plus des frais de gestion) à leurs fournisseurs le rabais accordé aux client. Cette bascule des mécaniques promo, accentuée par la loi Egalim, a fait quasiment disparaître la mécanique ancienne "cher client je te fait une promo de x% sur mon prix habituel, tu maintiens ta marge en taux mais la baisse en €, et nous partageons l'effort du rabais en € au client final". Maintenant c'est "sur un prix habituel de 2€HT, où le magasin fait normalement 25% de marge soit 0,50€, avec un prix de vente de 1,50€ du fournisseur, la promo de -34% accordée au consommateur, qui coûte 0,68€, est intégralement prise en charge par le fournisseur, qui voit ainsi son prix net passer à 0,82€ (-45% à assumer par le fournisseur, seul). Le magasin conserve sa marge de 0,50€, 25% du prix affiché, mais 38% du prix net promo, sur un volume augmenté". Faites le calcul avec le généreux -50% : le prix de vente du fournisseur chute de -66%, tandis que la marge du magasin sur le prix net promo passe à 50% du prix net promo. Magique ! Intenable pour les fournisseurs.
- Les promo font l'objet d'appels d'offre. C'est le plus offrant qui est retenu. Cette mesure ne va pas juste permettre quelques opérations coups de poing pour écouler des surstocks (ce que permet déjà la loi), elle va mécaniquement entrainé tous les taux promo vers le haut. Aujourd'hui le -34% est devenu la norme. Demain cela sera le -50%. Intenable !
- Les PME, qui pratiquent des taux de marge plus faible que les grandes marques, et sur les produits desquels les magasins pratiquent des taux de marge souvent 2 fois plus forts que sur ceux des grandes marques, n'auront pas les moyens de financer de tels investissements promo, et perdront ainsi les volumes additionnels apportés par les promo. Vous la voyez bien la fausse bonne idée ?