Prostitution, drogue et régime soviétique

Pourquoi quand je lis Rugbyrama, ai-je la désagréable impression d'ouvrir « Voici » ou « Gala » ?

Hier, avec 98% des voix, M. Paul Goze a été réélu Président de la LNR. « Un score à la soviétique » a-t-il déclaré… nous laissant le soin de deviner si sa phrase sibylline tenait de la dérision ou de foutage de gueule ! Dans un cas comme dans l’autre, il convient toutefois de se préparer pour un second mandat du Catalan à la tête de la seconde Ligue sportive la plus puissante de l’Hexagone.
Alors, entre opacité autour de la procédure d’élection et déclarations fracassantes, que ressortir de cette élection, si ce n’est l’évidence que l’on a assisté à une dispute de basse cour, tant entre Paul et Mourad les joutes verbales ont été aussi âpres qu’improductives. 

Mourad d’abord, toujours aussi tranchant, le verbe aiguisé et les idées à fleur de peau, avec lesquelles il est difficile de ne pas être en accord… pour la plupart. Car n'est-il pas le premier à avoir enclenché la marche avant en modifiant quasiment à lui seul le paysage du rugby français en moins de 10 ans ? (Avec l'aide substantielle de Jacky l'Helvétique, bien sûr…)

Equipe de Barbarians, recrutement des 4 fantastiques, 3 titre de champion d'Europe d'affilé et un Brennus à la clé… le bilan est pharaonique ! Pour autant j’ai du mal à suivre Mourad lorsque qu'il parle de l'équipe de France et du Top 14 par exemple, qu’il voit subitement mourir... alors qu’il ne s’en est guère soucié auparavant, lorsqu’il marchait sur le toit du monde avec le club le plus performant de la planète !
En ces temps pas si éloignés, ne préférait-il pas descendre en flèche son ami Saint André, alors sélectionneur de l'EDF ?
Sans doute pour se déculpabiliser, taille-t-il aujourd’hui en pièce un concept qu’il a pourtant validé... Jusqu’à en dénoncer la « consensualité » qui est pour lui une forme de prostitution.
N’empêche, lorsqu’il avoue que le rugby est une drogue, on se dit que tôt ou tard il risque de trouver le jouet moins marrant… La drogue ayant pour particularité de générer des états de manque et d’excès ! 

Malgré tout, et si on met l’amnésie de côté, il a quand même raison sur pas mal de points le père Boudjellal. Les faux jiff, récompenses aux clubs formateurs et plafonnement des masses salariales, sans parler du système des élections… entre autres. 

Quant à Paul Goze, vers lequel convergent aujourd’hui tous les regards, il n’est pas là par l’opération du Saint Esprit, mais bien avec 69 voix contre 2 ! Donc avec la complicité et l’adhésion absolue de tous les présidents qui cautionnent le système… sauf deux ! Mourad et… Mystère ? A moins qu’il ne s’agisse de René Bouscatel, pas vraiment « en phase » avec Goze, et précurseur avec le Stade Toulousain d’un rugby « économique » qui a régné sans partage sur l’Hexagone et l’Europe. 
Il est vrai que « Paulo la science » – comme ses fans le surnommaient lorsqu’il sévissait sur la pelouse d’Aimé Giral – n’a pas laissé que des bons souvenirs dans les travées du stade perpignanais, où l’on parle encore d’une belle ardoise qui colle comme un vieux chewing-gum, à l’USAP… autant qu’aux semelles de son ancien président ! 

Alors question : la soupe est-elle bonne à ce point ? Il faut croire que oui… Et connaissons-nous le dixième de la vérité du fonctionnement de la Ligue et de ces élections ? Probablement pas… Alors que se cache-t- il derrière les déclarations des uns et des autres, et où va notre rugby en de telles mains ? Car entre prostitution, drogue et régime soviétique, on a aujourd’hui la certitude que notre rugby marche sur la tête !

Bref, tout cela continue de me laisser perplexe…

Tandis que dans le même temps les commotions se banalisent sur les terrains, les jokers médicaux deviennent un eldorado, et on ne parle toujours pas des reconversions de joueurs dans la panade...

Et pendant ce temps-là encore, dans le grand théâtre du rugby Français, une deuxième pièce dramatique se joue entre Camou et Laporte sur le thème d’une note de restaurant… 
Allez, bon appétit à tous ! 

Et puis de toute façon comme disait Coluche :"si voter, changeait quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit"...

Laurent Baluc-Rittener