Quand il ne sera plus tabou de penser et de s’exprimer

Quand il ne sera plus tabou de penser et de s’exprimer

La récente conférence de Yaoundé a relancé le grand débat sur la parité du CFA, l’indépendance des pays des zones UMOA et CEMAC et leur capacité à se développer par eux-mêmes et selon leurs propres termes. Le débat à peine commencé, a été bien vite cadré. Parce que le Franc CFA, c’est un sujet tabou.

Mais qu’en est-il des politiques préconisées et mises en place par le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, le G8, les réunions de Davos et même par certaines ONG qui travaillent sur le terrain dans de multiples projets de développement et d’assistance technique, sanitaire et sociale ?

Le bilan de toutes ces institutions qui font la mondialisation n’est jamais conduit de manière vraiment transparente, en tous cas pas de façon qui puisse permettre à toutes les parties concernées de faire une évaluation sincère, ouverte et qui ne serve un objectif non-avouable. 

Aujourd’hui, l’Afrique croule sous les déclarations d’amour. Prenons les telles qu’elles nous viennent, même si nous savons qu’aucune n’est désintéressée. Les anciennes puissances coloniales, les pays émergents, comme la Chine ou le Brésil, mais aussi la Turquie ou la Russie, continueront pendant longtemps à courtiser le continent.Car en plus de regorger de matières premières, il représente également de gros marchés, de gros débouchés pour y écouler leurs productions, certaines dont on aurait même honte de parler en public.

L’Afrique, comme tous les autres continents, est essentielle pour le monde. Mais pourquoi alors que le rôle de l’Afrique tellement important, puisque tout le monde s’accorde dessus, pourquoi donc l’Occident décide t-il de tout? Tout seul!

Il doit bien y avoir une ou plusieurs raisons pour lesquelles l’Occident veut faire taire ceux qui pensent différemment et voudraient suivre une autre voix. Il doit bien y avoir une ou plusieurs raisons pour lesquelles il crée seul les standards et donne les notes, fait les règles, publie les résultats et donne lui-même, et tout seul, les bons comme les mauvais points, fait toutes les questions et fournit toutes les réponses.

 Par exemple, pourquoi continuons nous à mesurer la santé d’un pays à partir de critères, comme la croissance du PIB, qui ne valent que pour ceux qui en débattent, quand la vaste majorité des personnes n’est intéressée que par des indices de qualité de vie ?

 Il est bien évident aujourd’hui, face aux crises que traverse le monde, que l’Occident ne s’y retrouve plus. Il soumet toutes les activités humaines au diktat de l’argent : l’éducation, les médias, la santé, la culture, les ressources vitales telles que l’eau et l’air, et même l’homme en ce qu’il a un corps et un esprit. Pour lui, tout a un prix, tout est cessible, en l’état ou en pièces détachées, tout est commercialisable. Ce qu’il a toujours prôné, qu’il continue d’ailleurs à prôner n’est plus soutenable. L’ironie c’est qu’il le sait.

Mon propos n’est même pas de dénoncer le jusqu’au-boutisme de ceux qui dirigent la planète, alors qu’ils se rendent bien compte qu’ils nous amènent tous à notre destruction. Mon propos est simplement de dire qu’il faut que s’expriment d’autres voix, que se formulent des opinions diverses, fondées sur la réalité du terrain et non pas sur de grands agrégats en macro-économie, ou sur la seule base de l’argent.

Le monde étouffe. Il veut maintenant respirer. Il en a le droit ! Et il en est grand temps! 

Le regard sur le monde au travers du seul prisme du profit à tous prix est en train de montrer ses limites, tous les jours. La vérité ne peut pas être dans cette vue unidimensionnelle. Quand les tabous comme par exemple, le Franc CFA, le FMI, la Banque Mondiale, etc… quand tous ces tabous tomberont, alors le monde tout entier pourra gagner grâce à sa diversité.

Et je sais que la contribution de l’Afrique sera vraiment bénéfique. Pas seulement pour elle-même l’Afrique, mais bien pour le monde tout entier.

Gilles Atayi

Eric Tenie Ouattara

Conseiller Technique au MCIPPME (Commerce, Industrie & Promotion des PME) en CI

8 ans

Contribution très interessante! Si on ne permet une expression plurielle et libre. ....on fait le lit des partis politiques extremistes, populistes et demagogues!!!!!

Sybille Marlyse DIKOUME

Business Development Manager chez Airtel-Proximity RDC

8 ans

Elle est géniale ta vision Gilles. ..on dirait qu'on est encore sous une espèce de joug colonial! Mais quand tomberont ils donc ces tabous?

Ken NDIAYE

Hospital Practitioner at Hôpitaux de Paris

8 ans

Merci Gilles, pour cette réflexion si pertinente. Ce qui me rassure c'est la prise de conscience qui commence à s'opérer sur notre continent; elle est certes encore faible mais elle existe bel et bien et c'est un grand pas en avant. Par la force des choses le déclic africain finira par arriver c'est inévitable. Il faut juste espérer que ce sera en faveur des peuples africains.

A. Arsène Kpangon

Global Health, and Leadership Specialist

8 ans

Pourquoi ne doit on pas parler du franc CFA? Pourquoi doit on continuer par accepter cette servitude? Pourquoi dois je continuer par utiliser un franc CFA en Afrique de l'Ouest et qui ne saurait avoir un taux de change au Kenya, en Afrique de l'Est où on ne le connaît même pas. Au nom de quoi en partant de Cotonou au Bénin en Afrique de l'Ouest dois je changer mes billets pour aller au Gabon dans la même zone dite "Zone Franc". Heureusement que de plus en plus de jeunes de ma génération commencent par comprendre les enjeux. Et bientôt naîtra une génération qui refusera cette servitude et inversera la tendance.

amadou Diané

General Manager Africa chez HEHGROUP COMPANY

8 ans

tout ai Bien qui fini Bien

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