Quand la Silicon Valley envahit le champ de la politique - Deuxième Partie

Quand la Silicon Valley envahit le champ de la politique - Deuxième Partie

Dans la seconde partie de cet article, nous explorons comment la politisation croissante de la technologie redéfinit les équilibres traditionnels entre innovation et gouvernance. Entre visions libertariennes, défenseurs du transhumanisme, et partisans d’une régulation plus stricte, la Silicon Valley devient un champ de bataille idéologique. Nous verrons également comment les initiatives technopolitiques des grandes entreprises, de Meta à Microsoft, en passant par Apple et SpaceX, influencent la souveraineté, la citoyenneté, et même les conflits internationaux.

Dans la Silicon Valley, plus qu’ailleurs aux Etats-Unis, cette évolution est d’autant plus visible qu’elle se manifeste à travers des prises de position différentes et souvent conflictuelles entre les leaders d’opinion qui s’expriment publiquement. A ceux qui rêvent de transhumanisme et de libertarisme absolus, s’opposent ceux qui au contraire sont partisans de maintenir l’innovation technologique dans le strict cadre économique du monde des affaires. Et donc pas opposés à encadrer leur développement, notamment concernant l’IA ou les réseaux sociaux (comme le gouverneur de Californie Gavin Newsom). Les premiers rejoignant le plus souvent le camp des Républicains et les seconds celui des Démocrates, reflétant ainsi l’image politique de la Californie, majoritairement Démocrate dans les comtés les plus urbanisés et Républicaine dans les autres.

Quoi qu’il en soit, cette « politisation » du développement technologique promet de continuer à s’étendre dans toute la société, et pas seulement américaine.

 

Quelques exemples de technopolitique

 

Dans le domaine de la gouvernance, l’Oversight Board de Meta, un organisme mis en place par le groupe californien pour définir les règles de modération de ses réseaux sociaux, a déjà plus d’impact sur ce qui peut être publié ou non, que les réglementations étatiques des pays où ces réseaux opèrent.

Dans le domaine de la souveraineté nationale, Apple et Google se sont arrogés un pouvoir d’arbitrage indépendant des gouvernements concernant les règles pour les développeurs d’applications de placer celles-ci sur leurs stores.

Par ailleurs, tout le monde se souvient du rôle qu’a joué le réseau satellitaire Starlink, d’Elon Musk, dans la guerre en Ukraine, lorsque celui-ci a décidé, souverainement, de le mettre au service de l’armée ukrainienne, puis de lui retirer ce support.

Enfin, concernant la citoyenneté, Microsoft a déjà lancé un modèle d’identité numérique global en tant que fondateur de l’ID2020 Alliance, avec diverses organisations non gouvernementales qui ne dépendent pas des gouvernements précisément. De la même façon Entra Verified ID est aussi un programme de Microsoft destiné à permettre à chacun de contrôler sa propre identité numérique, de façon indépendante des États.

Ces exemples promettent de se multiplier au fur et à mesure que les grandes firmes technologiques de la Silicon Valley, notamment, continueront de se développer.


Michel Ktitareff – Président Scale-Up Booster

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