Quand le corps parle de nos silences et que le coaching place la parole au centre du processus de travail

Quand le corps parle de nos silences et que le coaching place la parole au centre du processus de travail

Épisode 3 - Manager en temps de catastrophe et accompagner soi et ses équipes dans ce long moment où nous sommes rentrés de plein fouet dans un univers - que nous pensions si certain et contrôlable - qui est INCERTAIN.

Propos sous l'angle d'un feed-back d'un regard de coach marqué par les derniers témoignages.

Un enjeu majeur qu'expriment cadres, cadres dirigeants et chefs d'entreprise, lors de leurs séances de coaching depuis quelques temps: un sentiment qui écrase tout : la fatigue, un ressenti puissant, avec ce aujourd'hui comme demain et comme hier, rien n'est différent, nous rappelant "le jour de la marmotte". La théâtralité de nos vies - unité de temps, de lieu et d'espace - qui encercle l'Homme qui donne l'impression parfois de confondre les jours. Avec ce ressenti usant d'une crise qui malgré les temps passés connectés à l'Autre fait taire. Où l'échange devient peau de chagrin. Où le corps lui est remisé à distance. Où le corps, lui parle : "c'est le non-dit qui marque le corps" et nous conduit à la somatisation.

Tel ce coaché qui s'est retrouvé avec une paralysie faciale, ou celui-là qui sous le poids de la charge mentale s'est échappée de son univers par une marche en montagne en adressant un mail lapidaire à son CEO, "je pars deux jours!" ou tel autre qui a développé une conduite addictive le midi ou cet autre coaché qui s'est octroyé "le luxe" de débrancher 15 jours et rien qu'au son de sa voix sa forme est olympique empreinte d'une belle lucidité,...

Alors nous travaillons ensemble sur ce que cela peut vouloir dire. Comment même en "bloquant la parole", nos silences nous exposent, parlent à notre insu, nous donnent des signaux faibles et forts. Comment mettre des mots sur le fait de ressentir d'être bridé sur le plan affectif, d'être fortement contraint,...? Avec, parfois, cette énergie qui se déploie quand le barrage lâche tel ce coaché qui a ressenti le besoin de tout envoyer "valser", à la recherche de l'expression d'un désir, de replacer le "JE" au centre de sa vie. De reprendre en quelque sorte le contrôle de ce qui semblait lui échapper. Et là nous travaillons sur ce que dit cette attitude de rupture, sur ce que cette demande non formulée exprime. L'enjeu va être que le coaché par le travail en séance et inter-séances avec l'appui de mon travail identifie la vraie demande en replaçant la séquence dans un processus et un nombre de séances (le cadre) qui justement permet de donner du temps au temps en laissant décanter et émerger ce qui se dit sans être clairement formulé, et ce de manière la plus posée et d'accepter d'être un peu chahuté pour trouver son équilibre mots à mots construit pas à pas, comme un pas... sage.

passer d'une oreille qui permettre d'entendre de soi ce que l'on ne sait pas

Un coaché, en face à face, s'est retrouvé muré dans le silence là posé en face de moi. Assis, enfoncé dans le fauteuil. Alors avec prudence, je tente de faire parler le silence, de l'accueillir avec justesse, bienveillance, dire en silence que tout va bien, c'est OK pour moi, ton inconfort je le prends, kool, je suis ta plongée silencieuse. Je le suis, lui donne appui dans le chemin qu'il emprunte déconnecté du temps. Une larme coule sur son visage. Tu n'es pas seul ma main tente de lui dire posé sur son genoux. Il esquisse un sourire, la vapeur "effet cocotte minute" s'échappe essayant de l'accompagner à faire parler le silence autrement dit reconnaitre ce qu'il ne dit pas, ce qui reste à dire.

la rencontre avec soi n'est pas sans risques mais elle a le goût de la vie

Le sens commun à ces dernières séances c'est justement de regarder, d'écouter, comment le comportement est "toujours langagier et qu'il faut décoder pour comprendre ce qu'il veut nous dire".

Alors, sans se connaître ces coachés, ces cadres accompagnés, ces cadres écoutés dans le suivi des missions convergent vers ce qui leur paraît si simple et pour autant si complexe :

cette prise de conscience de l'importance du dire, de la parole énoncée et de son élaboration qui peut libérer, dans le cadre d'un coaching professionnel confrontant et teinté d'existentialisme.

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