Quand le temps joue pour nous
« Quand on est jeune, l'impression de ne rien faire donne mauvaise conscience. Puis quand on est vieux, on s'aperçoit qu'attendre, ça devient un métier. »
Commissaire Maigret, incarné par Jean Gabin
Comme beaucoup, je suis une grande admiratrice de l’écriture de Georges Simenon, et j’aime lire régulièrement un Maigret. L’auteur étant prolifique, il y a toujours un roman que je n’ai pas lu, et je me coule avec beaucoup de plaisir dans ce Paris du siècle dernier, des titis hauts en couleur, de la faune des cabarets et des malfrats à la répartie impeccable.
Le commissaire de Simenon a la chance d’exister au cinéma et à la télévision sous les traits de différents acteurs, interprétant chacun à leur manière la personnalité de Jules Maigret : volubile et ironique avec Jean Richard, taiseux pour Bruno Cremer ou encore très bonhomme grâce à Jean Gabin.
Dans un des trois films où Gabin joue Maigret (j’ai oublié exactement lequel, vous m’excuserez ou vous me l’indiquerez en commentaire🙃 ), Maigret explique à un de ses jeunes inspecteurs - qui ne comprend pas l’attentisme de son chef dans une affaire - cet aphorisme (à attribuer apparemment plutôt à Audiard, scénariste, qu’à Simenon) : « Quand on est jeune, l'impression de ne rien faire donne mauvaise conscience. Puis quand on est vieux, on s'aperçoit qu'attendre, ça devient un métier ».
Le temps … d’ennemi à allié
Cette maxime m’a tellement éclairée que j’en ai fait un poster, accroché au-dessus de mon bureau, et qui accompagne un autre proverbe maison « dormir pour gagner du temps » (mais c’est un autre sujet).
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Après 17 ans de vie professionnelle, dont douze en tant qu’entrepreneure, je confirme cet apprentissage. Au début, tout est à conquérir, on est sur la brèche, on est brouillon, l’agitation nous tient en l’air… Cette énergie est essentielle, car elle compense notre manque d’expérience. Elle est vitale, d’ailleurs, car elle nous pousse à nous améliorer et à supporter toutes les portes qui se fermeront sur notre nez. On se consume avec un idéal, et le fait d’agir à tort et à travers nous donne cette impression - un peu vaniteuse - que le monde ne tournerait pas sans nous. Et surtout, que c’est l’addition de nos trop nombreuses actions qui donnera un résultat positif : « plus j’en fais, plus le retour sur investissement sera grand ».
Par conséquent, on a ce goût amer de la honte et du remords, quand on doit attendre ou qu’on procrastine. Que ce soit pour une prise de décision, patienter pour d’autres membres d’un groupe, espérer de la reconnaissance, trouver du courage… Parce que nous pensons encore qu’en forçant, en poussant, en obligeant, nous arriverons à tordre immédiatement la situation à notre profit.
Savoir attendre pour dénouer des situations
Et puis, comme dit Maigret, on vieillit et surtout on gagne en expérience. On comprend que les choses arrivent souvent avec leur propre tempo, et qu’on a plus l’attitude d’un danseur qui suit le rythme, que celui d’un chef d’orchestre qui le donne. On a suffisamment d’averse sur la tête pour accepter enfin les heures d’ouverture (et ne pas rester à faire la queue sous la pluie en imaginant qu’elle va s’ouvrir plus tôt – et j’arrête là ma métaphore commerçante).
Cela n’a rien à voir avec un désengagement, c’est juste un meilleur usage de son temps et de ses ressources. Au contraire, c’est arrêter de se ronger la conscience et être là pour être utile et bien utilisé pour la bonne cause. Et donc être juste au bon moment.
Professeur de Pilates - Gérante Studio Pilates Le Mans
4 moisJ'ai créé un dossier "Citations-Aurélie-Pécaud" J'aimerais que ce soit mes mantras 😉
Opticienne senior
7 moisC'est comme le cep et les sarments de la Bible. Il faut laisser mûrir le raisin avant de le cueillir !
Coach Professionnelle Certifiée ◆ Formatrice en carte heuristique et les méthode Getting Things Done et Levi Mensa ◆ Traductrice français-anglais
7 moisMerci pour cette réflexion Aurélie. Je suis convaincue qu'il est urgent de prendre son temps !