Quel avenir pour l'IoT professionnel ?

Quel avenir pour l'IoT professionnel ?

Un nouvel horizon se dessine pour les professionnels des objets connectés professionnels. Des solutions innovantes sont aujourd’hui technologiquement matures et économiquement viables : maintenance prédictive, asset tracking et efficacité énergétique des bâtiments. Les dirigeants ont pris conscience que de nouvelles technologies émergent au sein des organisations et qu’il convient de les accompagner sous peine d’être déclassé. L’internet des objets permet en effet d’améliorer l’efficacité des process, de réduire les coûts, de rehausser la valeur des produits et services et de renforcer la relation client. Pour changer d’échelle, les spécialistes des objets connectés doivent toutefois encore soulever des freins structurels comme le manque d’agilité et la lourdeur des projets, une interopérabilité limitée et les préoccupations en matière de cybersécurité de la part des clients. Au-delà, la pénurie de composants électroniques et les difficultés de recrutement entraveront le potentiel du marché au moins jusqu’à la fin 2022. Dans ce contexte, quels sont les réels perspectives du marché ? 

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1) Les objets connectés professionnels : les raisons du retard à l’allumage 

La dynamique du marché des objets connectés BtoB reste largement en dessous des objectifs prévus par les professionnels et les observateurs. Le chiffre d’affaires d’un panel Xerfi de spécialistes de l’IoT a plafonné depuis 2018 malgré le rebond économique post-crise. Plusieurs freins structurels doivent encore être levés :

  • Le manque d’agilité et la lourdeur des projets empêchent une adoption massive. Différentes briques technologique et servicielle sont nécessaires afin de concevoir un objet connecté professionnel répondant aux attentes des clients et faire émerger des modèles de revenus gagnants : compétence hardware, logiciel back office et front office, choix du standard de réseau, etc. Cette complexité et le manque de retour d’expérience n’incitent pas à franchir le pas. Seules les grandes organisations (multinationales et agglomérations de grande taille) disposant de ressources humaines suffisantes pour concevoir soit même et/ou contrôler une multitude de fournisseurs et de sous-traitants ont ainsi lancé des projets IoT ;
  •  Les difficultés à valoriser les données issus des capteurs. Avec les objets connectés, les entreprises se trouvent submerger par une quantité d’informations sans précédents. Toutefois, les organisations peinent à le valoriser. Pire, ce surplus de data s’accompagne de fausses corrélations (bruit statistique) entrainant des décisions stratégiques erronées.
  • L’absence de standards freinent les entreprises. Plusieurs protocoles mis en avant par les spécialistes de l’IoT, que ce soit dans les réseaux ou les plateformes de traitement des données, cohabitent aujourd’hui. A la différence d’autres technologies plus matures comme le cloud, aucun stantard partagé par l’ensemble des acteurs de l’écosystème de l’IoT n’a encore émergé. Dans cette période de transition (qui peut durer plusieurs années), les clients n’osent pas s’engager, de peur de faire de mauvais choix technologiques ou s’enfermer auprès d’un fournisseur ;
  • Les préoccupations en matière de cybersécurité. De trop nombreux acteurs n’ont pas suffisamment pris en compte les enjeux autour des cyberattaques au moment de la phase de conception des projets IoT, soit par mésestimation du risque, soit pour des raisons économiques. En conséquence, les cas de cyberattaques se multiplient, ciblant à la fois les objets en tant que tels pour pénétrer les SI des organisations ou des personnes, mais aussi les grandes plateformes d’agrégation pour mettre la main sur des informations personnelles qu’ils pourront revendre. Ce contexte occasionnera une très forte augmentation des coûts de surveillance, de maintenance et de réparation des systèmes informatiques et électroniques dans les prochaines années. Faute d’avoir instauré des pratiques minimales et une forme d’autorégulation des acteurs autour des enjeux de cybersécurité, la défiance vis-à-vis des objets connectés professionnels est grande.


2) La pénurie de composants entravera l’activité des spécialistes de l’IoT jusqu’à fin 2022

La crise de la Covid-19 a révélé le besoin de digitalisation de la part des entreprises et des administrations. Les dirigeants ont pris conscience que de nouvelles tendances émergent au sein des organisations et qu’il convient de les accompagner sous peine d’être déclassé. La demande pour les solutions IoT est donc forte. Toutefois, deux pénuries empêcheront le déploiement massif des projets au moins jusqu’à la fin 2022. 

  • La pénurie de composants électroniques que le monde connaît depuis début 2020 affecte fortement les secteurs utilisateurs, à l’instar du marché des objets connectés. Chaque objet connecté nécessite en effet une puce IoT cellulaire (par exemple, 2G, 3G, 4G, 5G, LTE-M et NB-IoT). Les tensions entre l’offre et la demande ne sont pas nouvelles. Les ventes de semi-conducteurs se caractérisent en effet par une cyclicité importante. Le secteur nécessite beaucoup de recherche et développement (R&D) et des investissements lourds pour la production. L’offre s’adapte donc difficilement à une demande toujours plus exigeante et changeante. Cependant, l’accumulation, depuis avril 2020, de facteurs aggravants a rendu la situation d’autant plus difficile : mesures de restriction sanitaires, saturation des capacités de production, hausse de la demande, etc. IoT Analytics a par exemple estimé la pénurie à plus de 20 millions de puces IoT cellulaires en 2021. Selon les leaders du marché (TSMC et Qualcomm), la situation devrait s'améliorer progressivement au second semestre 2022 suite à l’accélération des cadences de production.
  • Les pénuries de compétences (les difficultés de recrutement) se sont accentuées avec la crise sanitaire, notamment sur les postes liés au développement de logiciels et d’ingénieur en microélectronique. Les entreprises qui opèrent dans les objets connectés sont aussi confrontées à une guerre des talents avec les géants de la tech, les start-up d’autres domaines et les grands groupes industriels. Elles souffrent aussi d’un déficit d’image auprès des nouvelles générations arrivant sur le marché du travail avec des aspirations différentes de celles de leurs aînés : recherche d’un équilibre entre vie personnelle et professionnelle, volonté d’épanouissement dans un environnement convivial et stimulant, attrait croissant pour l’entreprenariat et le travail indépendant, etc.


3) L'IoT devrait demain changer d’échelle  

Malgré ce retard à l’allumage, une nouvelle phase semble s’ouvrir pour l’internet des objets BtoB. Après plusieurs années d’expérimentations, des solutions innovantes sont aujourd’hui technologiquement matures et économiquement viables. Cela ouvre des perspectives florissantes pour les professionnels des objets connectés professionnels en dépit des freins ou obstacles soulevés précédemment. Trois cas d’usages sont promis à un avenir radieux :

  • La maintenance prédictive réduit les coûts pour les industriels. L’intégration de capteurs connectés remontant en temps réel des données sur l’état de fonctionnement des équipements permet d’anticiper les défaillances à un stade précoce. Les immobilisations et les indisponibilités suite à des pannes sont donc réduites. Il faut dire que la rationalisation des coûts devient un enjeu de plus en plus important pour les industriels. La crise de la Covid-19 a d’ailleurs pu accélérer cette tendance dans la mesure où les interventions à distance sont devenues plus importantes. Durant les confinements, les industriels ont notamment cherché des solutions pour limiter les déplacements des techniciens et réaliser des contrôles à distance. Les arrêts de production importants causés par la crise ont en outre poussé les industriels à évaluer le rapport coût/rentabilité des solutions de maintenance prédictive.
  • L’asset tracking permet d’optimiser les process des entreprises. La géolocalisation des ressources cruciales au fonctionnement de l’activité d’une organisation (outils, conteneurs, flotte automobile, etc.) est aujourd’hui possible, offrant la possibilité de mieux comprendre et perfectionner les flux et anticiper les ruptures d’approvisionnement. L’asset tracking trouve depuis longtemps un intérêt dans la logistique afin d’organiser les livraisons. La chute des prix des capteurs de température, de choc ou d’humidité laisse aussi entrevoir de nouveaux services afin d’assurer l’intégrité de l’expédition (conformité concernant la chaîne du froid, etc.).
  • Les capteurs et logiciels intelligents permettent d’accroitre l’efficacité énergétique des bâtiments. Il est désormais possible d’autoréguler la consommation d’équipements (comme des chauffe-eau et des radiateurs) en fonction de nombreux paramètres (conditions météorologiques, prix de l’énergie, présence, etc.) et ainsi réaliser automatiquement des économies. Compte tenu du durcissement de la réglementation et de la montée des préoccupations liées à la préservation de l’environnement, la minimisation de la consommation d’énergie s’impose comme une problématique de plus en plus prégnante pour les entreprises et les collectivités. Les aides publiques (notamment le plan de relance) amélioreront d’autant le retour sur investissement des solutions. Quant à la hausse structurelle des prix de l’énergie en France, en particulier de l’électricité, elle stimulera l’adoption de solutions d’efficacité énergétique.

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