Quel beau métier celui des RH, enfin je crois ?
A l'aube de mes 40 ans, j'ai toujours exercé différentes fonctions dans les Ressources Humaines. J'y suis arrivé "par hasard" et je n'en suis jamais parti. Mon parcours fait que ma vision de cette fonction est assez particulière. En effet, j'ai commencé à faire mes armes dans le domaine sans aucune formation, et directement en tant que consultant. J'ai ensuite évolué pendant 17 ans, entre mes missions, mes emplois et des formations professionnelles en Business School (business/management/marketing..), en école spécialisée (RH) et école d'ingénieur (ERP), les weekends ou 1 semaine sur 3. Tout ça pour quoi ? Déjà me sentir légitime, j'avais un gros déficit d'estime de soi, et ensuite, pour accomplir pleinement mes missions RH.
Bref, tout ça pour vous dire que, n'étant pas passé par un cursus "standard", j'ai sculpté une vision très agile et surtout, très technique, humaine ET business. Le cabinet de conseil où j'étais avait un ADN fort qui était que nous étions au service du succès de l'entreprise/client. Ce dernier étant alors défini comme la somme d'une équipe de Direction + salariés + machines. Toutes nos actions devaient donc prendre en considération l'ensemble de l'entreprise et de son activité, mais aussi trouver l'équilibre dans l'individualité de chacun. Sacré challenge.
Avant de vous en dire davantage, petite histoire des RH...
Très tôt apparaissent des règles d’organisation, de sanctions et des récompenses au sein du monde du travail. Le salariat date d’il y a deux cents ans, depuis la révolution industrielle. Sous l’ancien régime, 95 % de la population étaient paysanne. Le salariat, au sens du travail sur le long terme, sous la protection d’une entreprise, est né d’un besoin industriel de réunir des employés avec une unité de lieu et de temps notamment de mêmes horaires.
S'enchaînent alors différentes périodes qui vont définir et "cloisonner" la fonction. De l'entreprise de "maîtrise" au taylorisme, les RH sont restés jusqu'à il y a peu (et parfois, je me demande si nous en sommes vraiment sortie) de l'ère de la Gestion du Personnel : Gestion des Temps et des Activités, Paie, Absences, Syndicats... Et pourtant, dès les années 40 il y a déjà des courants américain qui évoquent la considération de l'environnement sur la qualité de production, et donc, de l'attention qu'il faut porter à l'individu salarié.
Il était remarqué que l’homme présente, dans son milieu professionnel, une attitude différente de celle qu’il aurait dans son milieu personnel, pouvant donner naissance à des problèmes (bon ok, ça pointe que dans une direction, mais attendez...). Le manque de motivation induit une mauvaise qualité des produits (on pensera aussi du coup aux services), un relationnel difficile, jusqu’à une envie d’abandonner son travail. Alors la productivité diminue. Pour éviter ces conséquences néfastes, des améliorations de la rémunération, des conditions matérielles de travail… sont tentées. Hawthorne, de l’entreprise américaine, constate que toute modification environnementale au travail entraîne une plus grande efficacité de l’homme (aujourd'hui pour la femme aussi ^^). Pourquoi ? À titre individuel, l’homme doit être pris en considération, le voilà valorisé. Faisant partie d’un groupe, il répond avec lui à des normes informelles de production permettant sa gestion. Une seconde étude a été initiée par Maslow grâce à sa fameuse «pyramide des besoins »
J'ai mis en gras des mots que l'on retrouve encore aujourd'hui, notamment dans ce que l'on appelle le Talent Management et la Marque Employeur... Oui, n'est-ce pas étonnant que près d'un siècle plus tard, nous sommes encore à écrire des articles sur la motivation, le besoin de qualité dans les relations au travail, dans la considération de chacun, dans la nécessité de valoriser ses salariés ? Je reçois trop de témoignages où ces éléments sont très loin d'être acquis.
Voici une version de la pyramide de Maslow que j'apprécie beaucoup car elle fait le parallèle entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Ceci était justement mon sujet de thèse professionnelle sur la Gestion du Capital Humain pour et par les Managers. Vous retrouvez dans cette pyramide les besoins (à différencier des désirs qui eux ne sont pas vitaux) qui permettent d'évoluer, d'avancer, de s'épanouir dans son travail, et donc d'être plus performant. Toutefois, dans cette pyramide, les besoins relationnels essentiels tels que "se dire", "être entendu" n'arrivent qu'au sommet de la pyramide. A mon sens, c'est bien trop tard, car ils sont essentiels et devraient, au plus tard, être dès le troisième étage : l'appartenance.
Heureusement, la fonction RH évolue elle révèle tout son potentiel, surtout ces 5 dernières années : à la fois stratégique, à la fois marketeuse, à la fois commerciale, à la fois com', à la fois relation "client", à la fois gestionnaire... Bref, les RH sont une véritable boule à facette, démontrant qu'elle est bien plus qu'une fonction administrative et support, et bien aussi un membre actif du succès de l'entreprise.
Pour autant, tout ceci reste encore tellement théorique, tellement de belles paroles en l'air. Combien de fois nous sommes-nous retrouvé en entretiens de recrutement avec un discours très intéressant sur la culture de l'entreprise, ses valeurs, la volonté de faire bouger les choses. Pourtant, quelques semaines plus tard, nous nous demandions si l'on ne sétait pas mélangé les pinceaux...on avait dû rêver, car rien de tout ça n'était appliqué, réel. Juste des paroles en l'air ?
En tant que RH, j'ai été confronté à des directions faisant preuve de discrimination, sous des prétextes plus ou moins bidon (ex. "tu comprends, une femme en retour de congé mat', c'est incompatible avec la fonction de recruteur"). Et le pire dans tout ça, c'est que lorsque j'expliquais, dans d'autres entretien, mon positionnement en opposition à ces propos, on m'écartait directement parce que je n'étais pas assez "business".
J'ai tellement des exemples que je pourrais en écrire un livre, mais ce n'est pas l'objectif ici. A force d'être confronté à du racisme, du sexisme, ou tout simplement dit de la connerie (je ne mâche pas mots, et alors ? ^^), je me suis dit que j'allais arrêter ce seul et unique métier que je sais faire. Impossible pour moi d'ignorer qui je suis, mes valeurs, la légalité...
Finalement, mes origines de révolutionnaire (c'est bien connus, les français, nous avons hérité ça) se sont agitées en hurlant en moi "𝘕𝘖𝘕 𝘢̀ 𝘭'𝘪𝘯𝘩𝘶𝘮𝘢𝘯𝘪𝘵𝘦́ 𝘥𝘦𝘴 𝘙𝘏, 𝘕𝘖𝘕 𝘢𝘶 𝘮𝘰𝘯𝘰𝘱𝘰𝘭𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘢𝘵𝘦́𝘨𝘰𝘳𝘪𝘴𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 (𝘥𝘪𝘱𝘭𝘰̂𝘮𝘦, 𝘦́𝘤𝘰𝘭𝘦, 𝘰𝘳𝘪𝘨𝘪𝘯𝘦, 𝘰𝘳𝘪𝘦𝘯𝘵𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯...), 𝘕𝘖𝘕 𝘢̀ 𝘭'𝘦𝘹𝘤𝘭𝘶𝘴𝘪𝘰𝘯"... et c'est pourquoi j'en suis revenu à me dire : Matthieu, avec tout ce que tu as vécu et avec les personnes que tu connais, tu ne peux pas abandonner, et surtout, tu ne peux pas laisser les valeurs qu'affiche notre République être bafouées (Liberté, Egalité, Fraternité... ce sont des mots très forts, ce n'est pas rien quand même !)
Je n'abandonnerai ni les métiers des RH, ni les professionnels, ni les femmes et les hommes des entreprises. Je veux pouvoir faire ouvrir les yeux à chacune et chacun, faire qu'ENFIN les choses changent, que ça bouge réellement, sans peur. Et c'est comme ça qu'est né Dharma RH...
Tout ça pour vous dire que, malgré les personnes qui ont sont rétrogrades, malgré celles qui pensent que le business ne peut se faire qu'en profitant des autres, malgré tout un tas d'autres obstacle, les Ressources Humaines ne sont plus des ressources, mais un magnifique potentiel de métiers, de personnes et de solutions pour faire que l'entreprise soit Réellement Humaines et que l'on entende dire partout : Business First, Human Too !
Il y a d'ailleurs des entreprises qui s'y investissent, je pense notamment à BeNext et Club Identicar, que je vous laisse aller découvrir ;-)
Consultante en Management des RH, spécialiste en Négociations & Relations Sociales. Formatrice : droit social, stratégie RH, CSE, transformation des Organisations, conduite du changement.
4 ansQuel beau récit de ton parcours Matthieu Pédurthe ! Les Ressources Humaines cachent de belles richesses humaines. En tant que RRH Spécialistes des Relations Sociales, je peux simplement dire que je suis passionnée par l’on job, si épuisant puisse t’il être. Il me demande une belle énergie que je développe grâce à mes ressources personnelles (famille. Amis, musique 🎶 🎸) mais à travers les équipes que j’accompagne. Certains ne comprenne pas ma motivation... j’y peux rien... c’est en moi ! Bonne matinée et à très vite pour notre podcast Rh Bordeaux 😊