QUEL DOMMAGE QUE LE SPORTIF NE SOIT PAS QU’UNE MASSE MUSCULO-SQUELETTIQUE !

QUEL DOMMAGE QUE LE SPORTIF NE SOIT PAS QU’UNE MASSE MUSCULO-SQUELETTIQUE !

Je l’avoue, plus les années passent, plus je suis amusé par tous ces entraineurs qui justifient leurs contenus par des pseudo-connaissances biologiques, physiologiques ou anatomiques, avec un niveau d’aisance et de certitude qui est manifestement le résultat de nombreux et longs voyages à l’intérieur du corps. Ces grands coachs sachants arrivent à décrire son fonctionnement avec un degré de surconfiance qui en ferait des cobayes parfaits pour les manips de Dunning et Kruger mais surtout qui confine à la connerie (petit clin d'oeil à Michel Rocard).

Quel dommage que ces coachs n’aient pas pris de nombreuses photos de leurs voyages à l’intérieur du corps et de leurs passages à côté et dans le cœur. Quel dommage qu’ils n’aient pas enregistré leurs discussions avec les différentes molécules. Ça doit être sympa de discuter en direct avec madame ATP ou monsieur Acide lactique. S’étirer ensemble, à côté du biceps fémoral, quel bonheur cela doit être.

Un entraineur compétent est avant tout une personne qui sait préparer méthodiquement et harmonieusement une autre personne pour qu'elle atteigne ses objectifs. Cela n’implique pas un déballage d’explications pseudo-physiologiques, biologiques ou anatomiques pour épater et appâter le chaland.

Un entraineur compétent est une personne qui a une compréhension approfondie de l’entrainement, de ses efforts et de ses effets dans le temps, mais aussi de la personne pensante.

Il est capable de rendre accessibles et compréhensibles à un large public les différentes étapes et chronologies du processus d’apprentissage. Expliquer des concepts complexes de manière simple est un véritable art. Cela nécessite une capacité à identifier les points clés, à éviter le jargon spécifique et à utiliser des analogies ou des exemples concrets pour rendre le sujet compréhensible pour tous.

Un bon entraineur peut donc transformer des idées complexes en explications claires et accessibles, permettant ainsi à chacun d’apprendre et de comprendre.

 On ne peut nier toutefois que les enseignants et les formateurs usent et abusent aussi de connaissances scientifiques caricaturées, dénaturées, déconnectées des contraintes des réalités évolutives de terrain.

J’en parlais justement hier avec madame Thyroïde et monsieur Glucose. Ils me disaient combien ils rêvaient de pouvoir sortir du corps pour échanger avec tous ceux qui parlent en leur nom et qui ne les connaissent pas et oublient qu’ils travaillent en équipe dans l’organisme.

Le vrai problème de l’entrainement sportif est que les explications scientifiques probables sont devenues des objectifs d’entrainement et qu'elles sont systématiquement physiologiques, biologiques ou anatomiques.

L’entraineur ne cherche plus à améliorer les différents types de locomotion, d’équilibre ou de préhension et de manipulation, mais à améliorer les métabolismes aérobie et anaérobie, ou à « évacuer » au plus vite le méchant lactate.

Un entraineur devrait pourtant, et doit avant tout, pouvoir rendre compte des améliorations en termes de réponses motrices, de réponses cognitives, de réponses affectives au moyen de l’activité physique.

La personne entrainée doit donc pouvoir mesurer les variations entre des états mesurés au début du processus d’entrainement et ces mêmes états mesurés à la fin.

L’entraineur doit alors enseigner à la personne pour qu’elle apprenne à devenir une personne « physiquement lettrée ». Bien plus que de physiologie, de biomécanique ou de biologie, de compétition, c’est donc de philosophie, de vision holistique, d’ambition systémique, de performance personnelle qu’il faut avant tout et surtout parler.

Entrainer a alors pour but universel la perfectibilité de l’humanité et de l’être humain libre. L’entraineur doit par conséquent apprendre à la personne qu’il entraine à respecter autrui et sa libre expression (physique et mentale). Il recherche la conciliation des contraires et veut unir les êtres humains dans la pratique physique, la morale universelle et dans le respect de la personnalité de chacun.

Alors oui, c’est sûr, il est plus facile de faire illusion avec du jargon physio-bioméca-biologique que la beauté de sages propos philosophiques et humanistes.

Quel beau concept que celui de « littératie physique » !

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