Quel est le futur de l'espace de travail ? Pourquoi et comment investir dans la création d'espaces où les collaborateurs ont envie de travailler ?
WeWork, siège de Chelsea, à New York.

Quel est le futur de l'espace de travail ? Pourquoi et comment investir dans la création d'espaces où les collaborateurs ont envie de travailler ?


Cela devrait être du simple bon sens puisque le bien-être des employés est fortement corrélé à la productivité et à la performance. En effet, l’un des principaux facteurs qui contribue au bien-être est l'espace de travail physique.

Il est donc primordial pour une entreprise de s’interroger sur l’aménagement de son espace.

Les entreprises sont aujourd'hui très flexibles et agiles dans leurs façons de travailler. Travail à distance, espaces partagés, fin du bureau “attitré” derrière lequel on doit se tenir 39 heures par semaine pour faire figure de bon élève. Cette conception est révolue, car être derrière son bureau, "au travail", ne veut pas dire travailler...

Aujourd’hui, nous voulons pouvoir interagir facilement, rapidement et nous voulons pouvoir travailler de n’importe où. Parce que le monde change, nos façons de travailler évoluent.

Et précisément parce que nous avons nos espaces de liberté, nous collaborons davantage et mieux. Et nous avons le sentiment d’avoir le choix, de pouvoir décider, d’avoir la main sur notre environnement et de pouvoir aussi adapter plus facilement notre vie autour du travail.

Le travail joue un rôle important dans nos sociétés. Il est très structurant socialement, il donne un sens à nos vies, contribue à nous définir et nous organisons notre temps selon lui. Il est donc essentiel d’offrir des environnements de travail qui combinent travail et vie. Un environnement où on se sent confiant, stable, qui permet à l'espace mental d’avoir toute sa disponibilité et sa capacité à se consacrer au temps de la réflexion et de l'apprentissage.

Cela implique de tenir compte des individualités, des singularités qui partagent l’environnement de travail.

Cette réflexion nous recentre sur le composant principal de l’espace de travail, l’humain. Peut être que ce qui est important ce n’est pas le bâtiment, l’enveloppe charnelle de nos espaces mais son réacteur, la compréhension de ce que l’on appelle la neurodiversité. Parce que nous avons tous des fonctionnements naturels différents.

Par exemple, selon des recherches récentes, beaucoup d’espaces en milieu de travail se concentrent sur les extravertis, parce qu'ils sont amusants, vifs. On crée alors des pôles de créativité, des espaces de socialisation. Or, entre 50% et 80% des gens employés sont des introvertis et nous les oublions.

Idem dans les espaces de co-working. Ils sont très adaptés aux individus et aux petites structures mais quand il s’agit d’un grand groupe de personnes, il est nécessaire de pouvoir apporter de la cohésion à l'équipe, une dynamique et une identité de marque.  

Les architectes doivent donc construire des espaces de travail en tenant compte de nos différentes façons de percevoir, de ressentir et d’analyser notre monde. Adapter l’environnement à la personne et ne pas faire entrer une personne dans une “boite”.

Il s’agit par exemple de créer des espaces mixtes pour permettre aux employés de se déplacer selon leurs humeurs ou le type de travail à effectuer, des bureaux privés pour offrir de la tranquillité, des espaces de collaboration ouverts, des petits salons, des refuges pour se ressourcer, des cabines téléphoniques intégrant un petit espace de travail pour offrir de l'intimité, des pièces plus calmes de “concentration” pour fuir les nuisances sonores et les distractions, des salles de repos et de sieste...

La technologie pourra aussi permettre de réserver une salle de conférence n'importe où, même depuis l'étranger. Des salles type "conférence" seront, par exemple conçues de manière plus intimiste avec un souci de l'acoustique. Des tables basses, des sièges confortables, des lampes au sol conçues avec des matériaux et des textures qui feront des salles de réunion un espace loin des standards d'une salle de réunion classique.

Des badges et des capteurs sous les bureaux des employés pourront enregistrer les habitudes. Les employeurs pourront utiliser ces données pour déterminer quel espace est le plus propice à la productivité et partager ces données pour innover. Synchronisées à une appli mobile, ces données cartographiées pourront aussi permettre aux utilisateurs de savoir si tel ou tel espace de coworking est bondé ou non.

Des terrasses, des espaces extérieurs pourront aussi permettre de travailler, de déjeuner, de faire des pauses ou de s'aérer l'esprit. La connexion avec la nature est centrale, aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Nous l’oublions souvent.

Ces idées dont intéressantes, elles sont comme un catalogue de pratiques dont nous pouvons nous inspirer pour innover dans nos propres locaux. Aujourd’hui, on a encore trop souvent l’impression de voir des espaces identiques et de retrouver la même identité partout.

Les entreprises peuvent y aller de façon plus significative et singulière dans la transformation de leurs espaces (cela peut aussi engendrer des économies de coûts), ne pas se plier aux codes mais s'interroger sur la diversité de leurs collaborateurs, leurs missions, leurs besoins, leurs envies...

Le futur de l’espace de travail consiste à rompre avec l'universalité, à oser la liberté, l'individu pour aller vers des espaces de travail où les personnes se sentiront autonomes, responsables, en harmonie et où elles pourront faire des choix.


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