Quel est le mythe fondateur de votre entreprise ?
Dans la notice Wikipedia, il est écrit qu’un mythe « est un récit qui se veut explicatif d’une pratique sociale ». En d’autres termes, il n’y a pas de communauté humaine sans un mythe fondateur qui relie entre eux les hommes et les femmes qui la composent et structure leurs relations. C’est vrai pour la société en général et j’ai remarqué que cela était aussi vrai pour les sociétés que j’ai eu la chance de côtoyer jusqu’à maintenant. A l’origine d’une entreprise qui a réussi, il y a un acte fondateur qui s’est transformé progressivement en mythe : il se drape d’héroïsme, se relie à une mission suprême et se couvre d’une pincée de mystère et de magie.
Les exemples sont nombreux : Steve Jobs qui, tel Prométhée, rend accessible la technologie à l’Homme en créant Apple dans un garage, Thomas Edison qui fonde GE pour apporter la lumière à l’Humanité ou les frères Michelin qui rendent possible la mobilité des temps modernes en développant le pneu démontable pour bicyclette après avoir aidé un cycliste anglais qui avait crevé.
Loin d’être anecdotiques ces histoires ont une profonde influence sur l’entreprise. Connaître et comprendre ce mythe fondateur est, à mon sens, essentiel tant il peut être facteur de cohésion, de développement mais mal « conscientisé » il peut devenir un frein majeur au développement de l’entreprise.
Un point d’ancrage
Comme toute société humaine ou comme tout individu, une entreprise a besoin de connaître ses origines. Elles lui donnent un ancrage et une vraie confiance en elle-même. Le mythe est bien plus qu’une explication, c’est un acte héroïque dont on transmet le récit de génération en génération. Il relie les hommes et les femmes de l’entreprise entre eux en étant à la base de la culture commune. Il permet une intégration des nouveaux venus dans le « corps social » qui, dès leur entrée, partagent ce récit avec les anciens.
Un facteur d’innovation
Le mythe fondateur permet à l’entreprise de s’ouvrir de nouvelles opportunités de croissance et de développement. Souvent il est synonyme d’audace et il est bon de s’y référer dans les périodes où l’entreprise doute ou « s’embourgeoise ». Nous nous rappelons par exemple souvent chez Manutan que les fondateurs ont hypothéqué leur appartement il y a 50 ans pour créer l’entreprise et cela nous pousse à continuer à prendre des risques.
De plus, ramené à son essence première, il démultiplie les opportunités de croissance. L’entreprise ne se voit pas comme ayant été créée pour fabriquer un produit ou un service mais pour remplir une mission suprême qu’elle peut décliner à l’infini. La société Bic par exemple écrit qu’en créant son premier produit, Marcel Bich « a choisi d'aller à l'essentiel : concevoir un outil simple et fiable, qui facilite un geste universel, et que tout le monde puisse utiliser ». Ce choix est au cœur de toutes les évolutions de la marque. On voit comment le mythe fondateur permet à l’entreprise de se définir une mission qu’elle peut décliner bien au-delà de son produit initial.
Un obstacle si mal conscientisé
Le mythe fondateur a une telle importance dans « l’ADN » de l’entreprise qu’il peut en être aussi sa principale limite. Et cela de plusieurs façons : en créant l’image d’un fondateur légendaire auquel personne ne peut succéder, en l’enfermant dans son passé ou en lui fixant des barrières infranchissables ne lui permettant pas de s’adapter aux enjeux du moment.
Il faut ainsi bien le « conscientiser » et parvenir à identifier ce qu’il a de limitatif pour pouvoir le dépasser. Comme tout acte fondateur, il porte en lui-même les germes de sa propre destruction dont il faut avoir conscience pour assurer la pérennité de l’entreprise.
Révélateur des talents des entrepreneurs de demain
6 ansTout à fait OK. Alpine à redémarrer en honorant le mythe de Jean Redélé, repris par Carlos Tavares, lui même pilote automobile ..... Merci Pierre Yves. Bien cordialement. Francis Mulot