Quel horizon pour 2017?
L'élection présidentielle des 23 avril et 7 mai prochain cristallise les esprits dans la classe politique française. Un petit tour des forces en présence s'impose, pour voir si les favoris sont ceux qu'exposent les mass media ou s'il y a des distorsions avec la dynamique actuelle de tel ou tel candidat.
Est-ce que 2017 sera l'année du grand soir? En tout cas, les lames s'aiguisent à l'approche du printemps, où la campagne électorale battra pleinement et officiellement son rythme. Pour l'instant, l'attention médiatique est autour de quelques pôles de l'échiquier politique hexagonal, où l'hypothèse favorite est un duel Marine Le Pen-François Fillon pour le second tour de l'élection présidentielle. Mais est-ce si plausible que cela? Voyons voir les différents camps.
L'épouvantail FN
S'il y a un parti qui semble se porter comme un charme ces dernières années, c'est bien le Front national (FN). Le parti d'extrême-droite, dirigé par la famille Le Pen (Marine ayant succédé à son père Jean-Marie à la tête du parti depuis 2011), reste un épouvantail agité par le reste de la classe politique, notamment le Parti socialiste (PS) et Les républicains (LR) pour affirmer que c'est une menace pour l'avenir de la France auprès des citoyens-électeurs. Problème, c'est que cet argumentaire ne convainc plus les électeurs, qui sont de plus en plus tentés par le vote FN. D'ailleurs, les élections régionales de décembre 2015 ont confirmé l'existence d'une triade PS-LR-FN en France, où ce dernier pôle est le plus dynamique, même s'il ne préside aucune région. En tout cas, le FN jouit désormais d'une présence médiatique équivalente à celle des deux autres partis dominants dans l'Hexagone, avec des comptes financiers au vert grâce aux revenus de ses élus et à l'afflux de nouveau militants, une exception dans l'érosion du militantisme politique français par ailleurs.
Néanmoins, le parti d'extrême-droite est loin d'être en harmonie en son sein. En particulier dans la famille Le Pen. La présidente du parti, candidate pour 2017 (comme en 2012), élue dans les Hauts-de-France, marche sur des œufs avec une ligne vue comme étatiste, dirigiste, maîtrisant un vocabulaire socialo-communiste qui la ferait passer pour une gauchiste, tout en semant la division entre les prolétaires, en voulant distinguer les "bons" et les "mauvais" français. Sa nièce, la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, suit une ligne bien plus libérale (privatisation, austérité), avec une xénophobie bien plus assumée, dans la lignée de son grand-père Jean-Marie. Ce qui pourrait provoquer des scissions si jamais Marine Le Pen échouait à la présidentielle ainsi qu'aux législatives.
Fillon, l'antisocial néo-colonial
Du côté de la droite libérale-conservatrice, elle s'est choisie un candidat fin novembre 2016 en la personne de François Fillon. L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy est sorti largement vainqueur de la primaire LR, écrasant littéralement ses adversaires, dont Sarkozy et Alain Juppé. Mais du coup, Fillon se retrouve en position de favori pour l'élection présidentielle et le passionné de sport automobile qu'il est sait combien être en pole-position ne garantit en rien une victoire au bout de la course. D'ailleurs, certaines parties de son programme économique - 100 milliards d'euros de coupes budgétaires; suppression de 500.000 fonctionnaires; remboursement de soins pour des cas graves uniquement; réduction de cotisations sociales patronales; hausse de la TVA - le font passer pour un antisocial affichant sa nature de porte-parole du Capital sans aucun scrupule.
Ajoutons à cela la pique de Fillon sur l'enseignement de l'Histoire. Il hurle de douleur à l'idée qu'il faudrait que la France fasse "repentance" envers les descendants d'esclaves et de colonisés, alors qu'à ses yeux, "la France n'est pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique". Un discours typique du paternalisme blanc très prisé à droite, avec une dose de néo-colonialisme bien vivace, dont la meilleure preuve reste la Françafrique, qu'il ne faut à aucun prix remettre en cause. Et ce, au nom des intérêts économiques des multinationales françaises!