Quelle santé pour demain ?
Depuis hier, l'Assemblée nationale examine, en séance publique, le projet de loi relatif à l'organisation et à la transformation du système de santé.
Malheureusement, force est de constater que l’ambition initiale (transformer notre système de santé pour mieux prendre soin de chacun) se résume actuellement à un jeu de ping-pong entre l’hôpital et le médecin de ville. Et ce n’est pas la création de 4 000 postes d’assistants médicaux à l’horizon 2022 qui va radicalement changer la donne.
Bien sûr, élargir la cartographie des acteurs est une voie prometteuse. Mais appeler à la rescousse les aides soignantes, que les EHPAD peinent à recruter, va forcément conduire à dépouiller Pierre pour habiller Paul.
Miser sur les professionnels du « care » résulte bien sûr d’une vision progressiste, sauf qu’il ne s’agit pas ici de valoriser l’accompagnement des personnes vulnérables mais d’organiser une prise en charge à la chaîne des patients, nuisible à la santé des médecins.
« Partir des besoins des patients » et « faire de la qualité et de la pertinence des soins le fil rouge de la transformation » est forcément louable, sous réserve de dépasser les enjeux (conventionnels) des soignants et de proposer une approche personnalisée au patient pour l’orienter vers ce qui est bon pour lui.
Plus inquiétant encore, cette réforme hospitalo-centrée omet l’essentiel : la révolution de la prévention annoncée par le Président de la République le 18 septembre 2018 !
Or, il est urgent de changer de paradigme sachant que, depuis quatre ans, l’espérance de vie des Français plafonne, nous dit l’INSEE (Bilan démographique de la France 2018).
Changer de paradigme
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la santé se définit comme « un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en l'absence de maladies ou d'infirmité ».
Notre politique de santé publique doit donc avoir pour objectif d’aider chacun à vieillir en bonne santé.
La transformation de notre système de santé exige d’inciter les personnes à optimiser leurs propres ressources, dans une action relevant du concept « d’empowerment » (accroissement du pouvoir d’agir des individus).
L’information doit être complétée à la fois par une véritable éducation thérapeutique et par un accompagnement proactif, rapide et efficace des personnes qui témoignent d’un mal-être persistant afin de retarder l’apparition des maladies, voire, de les éviter.
La loi santé doit ainsi faire de la prévention une priorité absolue.
Et concrètement ?
Il est clair que la prévention des pathologies ne peut se limiter à la mise à disposition d’informations, y compris personnalisées (Cf. article 12 du projet de loi).
Les expérimentations menées au niveau local doivent conduire à s’appuyer sur des équipes pluridisciplinaires, au sein desquelles les acteurs de l’éducation thérapeutique et les professionnels de la relation d’aide sont appelés à trouver leur place.
Les agences régionales de santé doivent donc être habilitées à travailler avec ces professionnels pour impulser des modes d’organisation innovants et pour structurer une offre régionale répondant aux besoins des populations.
Aujourd’hui, les interventions non-médicamenteuses (INM) relèvent des choix personnels possibles dont disposent les patients dans la gestion et la maîtrise de leur santé.
Elles représentent une composante de la « démocratie sanitaire », clé de voûte de la médecine de demain : personnalisée, prédictive, préventive et participative (« médecine des 4 P »).
Procédons à des évaluations scientifiques adaptées pour intégrer de nouveaux acteurs, sans coût pour l'assurance maladie...
Les solutions existent.
Evitons d'aller droit dans le mur !
Nicole Tortello Duban
Organisation, conformité et sécurité des systèmes d'information
5 ansUne exigence: le décloisonnement. Comment aborder la santé dans son ensemble sans prendre en compte la pollution, l'alimentation, les modes de vies, ... Il faut que d'une forme d'opposition d'une médecine dite conventionnelle à des "pratiques de soins non conventionnelles" on passe par des approches mettant en avant les synergies. Avant d'être un malade on et une personne en bonne santé !
Fondatrice d'AleVia Conseil, cabinet de #lobbying-expert au service des biens communs - Veille, affaires publiques, plaidoyer - CAPA, Spécialisation UE, IE-IHEDN, Cercle K2
5 ansLa bonne santé de tous, devrait, en effet, être un objectif partagé :)
Consultante bien-être chez HUMEUR ZEN
5 ansJe ne peux qu'approuver ces mots. Peut-être pourrions-nous rajouter que la volonté de veiller à la santé des patients devrait se combiner avec la volonté de se soucier de celle des soignants. Quant aux médecines et thérapies complémentaires, je peux malheureusement confirmer que les énergies déployées sont plutôt destinées à écarter le grand public de ses atouts, en sollicitant chez lui le syndrome de la peur et de la méfiance. Pourtant, ces thérapies ont un rôle essentiel à jouer dans la prévention des pathologies et dans leur accompagnement (mieux gérer la douleur, les insomnies, l'anxiété ... des effets secondaires). Heureusement, certains médecins font preuve d'ouverture d'esprit sur ces questions et commencent à s'intéresser aux études mais aussi aux retours d'expériences des patients. Cessons d'opposer médecine et thérapies complémentaires. Notre objectif devrait être le même : la santé et le bien-être de tous !