Quelques mots sur mon 30e anniversaire professionnel (parce que ça a été le fun, et que j’adore toujours autant ce que je fais).
Bonjour à toutes et à tous,
Il y a à peu près 30 ans, je faisais mon entrée sur le marché du travail, baccalauréat en Communication graphique en poche. J’ai cru bon relater ici le fil des événements par devoir de mémoire personnelle et, si le cœur vous en dit, il me fait plaisir de partager cette histoire avec vous.
D’abord, quelques mots sur « pourquoi » je me suis orienté dans le monde de la création.
Petit, j’étais très timide. Vers l’âge de 12 ans, j’ai découvert que j’avais du talent en dessin, et que c’était une excellente manière de créer des contacts. Mes croquis faisaient sourire les gens et me rendaient soudainement « un peu » cool et intéressant. C’était ma chance ! À l’école, j’étais de ceux qui créaient les affiches de party, les reproductions de pochettes de disques et les cartes de toutes sortes. Je donnais beaucoup de dessins à mes amis, c’est d’ailleurs une habitude que j’ai gardée encore aujourd’hui. Si vous êtes en rencontre avec moi, il y a de fortes chances que je sois en train de vous dessiner. Bref, c’est à ce moment que j’ai su que j’aurais une carrière artistique.
Mon coup de foudre avec le Mac
Dans les années 80, j’étais très proche (et je le suis toujours d’ailleurs) de mon parrain Pierre A. Bélanger, chercheur en physique à l’université Laval. Il savait que j’avais un intérêt pour les ordinateurs et il prenait plaisir à me les mettre entre les mains pour voir ce que j’allais en faire. J’arrivais toujours à trouver une façon de dessiner à l’aide de matrices mathématiques, ou autre méthode archaïque.
Le 24 décembre 1984, il m’invite à essayer sa nouvelle acquisition : le Mac. Je peux dire que ça a changé ma vie ! J’ai eu un véritable coup de foudre pour cette machine complètement intuitive, visiblement mieux adaptée à l’artiste qu’au physicien. La suite était claire : j’allais marier art et informatique.
Après cette rencontre, le Mac et moi, on ne s’est jamais quitté. Bien sûr, j’ai « upgradé », mais je n’ai pas passé une seule journée sans toucher à un Mac depuis.
Un intrus au BAC
Quelques années plus tard, je me suis retrouvé au BAC dans le défunt programme de Communication graphique. En 1989, j’étais probablement un des seuls à travailler avec l’ordinateur, et à insister auprès des profs pour l’utiliser afin de faire mes travaux (une permission qui m’était généralement refusée). Je vois encore Antoine Dumas se coller le nez sur mes illustrations, essayant de deviner ma technique de travail. J’ai donc survécu à ce BAC un peu (pas mal) dépassé en allant chercher des notes plus qu’ordinaires avec des travaux faits avec des pinceaux et des tire-lignes (eurk!).
En 1991, alors que la fin du BAC arrivait très vite, je commençais à stresser un brin à savoir si j’allais vraiment travailler dans mon domaine. Il faut préciser que le début des années 90 n’était pas une période très intéressante pour un finissant universitaire. Le marché de l’emploi était très difficile pour tous.
Mon ami Max, employé à l’époque de la boutique Micro-Logic, LA place où acheter un Mac à Québec, m’avait indiqué que Litho Acme, un des principaux imprimeurs de la ville, venait de faire l’acquisition de plusieurs postes performants et s’apprêtait à prendre le virage infographique.
Je pris mon courage à deux mains, regroupé mes quelques illustrations et dépliants 2 couleurs réalisés, puis pris la direction de Litho Acme pour y offrir mes valeureux services. J'ai dû faire pitié car la réceptionniste, malgré le fait que je n'avais ni rendez-vous, ni nom de personne contact, m’a référé à Carl Bérubé (salut Carl ;)), qui m’identifia davantage comme un gars d’agence qu’à un technicien spécialiste en pré-presse. Il m’a gentiment référé à Robert Landry, responsable du studio de l’agence Pub Création. De toute évidence, j’étais arrivé au bon moment, car mes capacités d'infographistes sont tombées pile dans cette agence qui désirait quitter le travail manuel pour informatiser son studio. J’ai commencé la journée même, incluant de l’overtime jusqu’à 22h. Cette première journée a été représentative des années qui allaient suivre.
J’y ai fait ma place très rapidement et adoré mes deux années passées chez Pub Création. Mon patron, Louis Massicote, était un jeune boss très créatif et inspirant. Merci Louis et Robert de m’avoir donné ma première chance!
Pourquoi on se partirait pas en affaires?
Quelques mois plus tard, je prenais un verre avec mon meilleur ami Maxime Tremblay. Lui vient d’une famille d’entrepreneurs. Ses parents étaient propriétaires de Telvibec, un des principaux fournisseurs d’équipement vidéo professionnel à Québec. Après bouteilles de Chouffe, alors que le lutin de la bouteille commençait à danser, Max me lance le défit : « Pourquoi on ne partirait pas en affaires? Ton patron conduit un Jaguar et a deux maisons, t’aurais pas le goût qu’on travaille pour nous-même? ».
Un an plus tard, nous étions lancés. Et pas à peu près: beau bureau sur la côte de la Pente Douce, équipements « performants » flambant neuf, et déjà plusieurs clients tripants. Salut Jean-Pierre Dussault, Claude Dupuis et Benoît Pelletier! La mère de Maxime, Denise Tremblay, nous a accompagné dans l’entreprise pour essayer de garder un œil sur les deux jeunes gars parfois un peu trop téméraires que nous étions.
Cette belle première aventure s’est appelée Tremblay Litalien, et a duré pas moins de 16 ans. Nous étions un studio de design spécialisé en projets qui impliquaient une certaine complexité, des pliages et des procédés d’impression complexes par exemple. J'ai appris beaucoup durant ces années, comme par exemple comment gérer des attentes client, des employés, le stress d'avoir à faire entrer de l'argent pour payer tous le monde, etc. Les hauts et les bas d'une startup quoi. Période dense mais très formatrice pour la suite.
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Vers 2005, on a commencé à voir le ralentissement du marché de l'imprimé et la naissance du Web. Même si mes clients de l'époque me le demandaient, je n’ai jamais vraiment aimé les projets web : longs, complexes, comportant de nombreux imprévus. Pour moi qui aime faire plaisir aux clients, ces projets finissaient par être source de frustration plus qu'autre chose. Sans trop le savoir, mon manque d’intérêt pour le web venait de signer la douce mort de Tremblay Litalien et donc, la fin de ce chapitre.
Une nouvelle aventure nommée Kabane
Automne 2008. J’étais alors président de Tremblay Litalien, propriétaire d’un édifice commercial sur le Boulevard Charest, et papa de 2 très jeunes enfants. Même si en apparence tout roulait, je ne dormais pas beaucoup et étais très préoccupé par l'avenir. Un certain après-midi automnal, en promenant ma fille en poussette, je me suis dit « si j’avais une baguette magique, qu’est-ce que je ferais ». La réponse est venue rapidement et il n’y avait pas de retour en arrière. Dans les mois qui ont suivi, j’ai vendu mon édifice et fermé Tremblay Litalien. Parallèlement à ces changements, je suis allé dîné avec mon ami Carl-Frédéric De Celles, président chez iXmédia, avec qui je collaborais régulièrement. Carl-Frédéric s’occupait souvent du volet web de mes projets, alors qu’il me confiait les images corporatives de ses clients.
Je lui ai dit : « J’aimerais démarrer un nouveau projet, tout petit, basé sur l’idéation. On ne sera pas beaucoup, 5 personnes maximum. J’aurais besoin de ton support administratif pour pouvoir me concentrer sur la création ». Je n’avais pas fini mon pitch que Carl me demandait déjà quand est-ce qu’on commençait. Il faut dire que le timing était parfait : iXmédia déménageait prochainement dans de beaux grands bureaux situés dans l’édifice Beenox et il y avait une petite place pour mon projet.
Deux employés de Tremblay Litalien m’ont suivi dans l’aventure : Stéphanie Cliche, jeune designer talentueuse spécialisée dans les projets d’images corporatives épurées et autres designs trendys, et Éric Forest, mon éternel bras droit avec qui j’avais déjà conçu tant de superbes projets. Le nom Kabane est d'ailleurs né d’un Brainstorm entre nous. Mon brief à l’époque : trouver un nom qui avait une résonance pour tous, et qui créait un contraste entre une image brute et la finesse de notre travail. Je crois que c’est Stef qui est arrivée avec Kabane. Avec un K. Je n’étais pas convaincu au départ jusqu’à ce que je découvre que kabane était en fait l’orthographe d’origine du mot cabane. En voici la définition : « une kabane, c’est l’endroit, à l’extérieur du village, où habitait le sorcier, la sorcière, la personne étrange ». Ce nom répondait parfaitement au brief. Et pour couronner le tout, kabane.ca était disponible. Vendu!
Démarrer une entreprise, ce n’est jamais facile. Peu importe dans quel domaine vous œuvrez. Kabane n’a pas fait exception.
Je ne me ferai pas accroire que les débuts ont été faciles. Ça a été difficile. Incroyablement stimulant oui, mais pas facile. Mais nous étions jeunes et avions tout à prouver. Chaque nouveau client était célébré et traité comme un roi. Toutefois, il faut dire que financièrement, c’était ardu. Le premier moment de vérité pour Kabane est arrivé dès la première année. Un matin, j’ai reçu une demande d’offre de service d’une grande compagnie d’assurance. Le mandat était canadien, principalement en anglais. Il fallait couvrir principalement le Québec et l’Ontario, mais aussi les autres provinces canadiennes. Avec une équipe composée de 4 personnes, nous n'avions pas grand chance de remporter ce compte. Je me suis préparé à mettre le document au recyclage quand j’ai remarqué l’expéditrice : Isabelle Théberge. Nous avions connu Isabelle alors qu’elle travaillait pour le Diocèse de Québec quelques années auparavant. Tremblay Litalien avait travaillé fort sur un grand projet pour le Diocèse, dans des conditions particulièrement difficiles, et Isabelle s’en souvenait. On s’est donc retroussé les manches et avons répondu avec une offre de service audacieuse. Quelques présentations plus tard, dont une fameuse rencontre à Mississauga où j'ai été testé par un comité particulièrement exigeant, la jeune agence Kabane obtenait le compte national de la compagnie d’assurance La Personnelle/the Personal. Je dirais que ça a été un point tournant pour nous. La Personnelle a été un client formateur et stimulant. Nous y avons côtoyé des gens extraordinaires (allô Nathalie Benard), qui nous ont fait confiance, campagne après campagne, pendant plus de 7 ans. Kabane amorçait sa croissance et moi, je m’habituais à être très loin de ma zone de confort (et à aimer ça).
La Personnelle appartenant à Desjardins, nous avons une à une gagné la responsabilité de mettre en marché plusieurs marques de la famille : SFL, Western Financial, Western Direct. L'équipe des événements de Desjardins (salut Jean-François Collin!) nous ont également confié l'idéation derrière plusieurs grands événement, dont la fameuse AGA deux années de suite. À un certain moment, les projets de Desjardins étaient sur tous les écrans. L’entrepreneur en moi commençait à trouver que nous n’étions pas assez diversifiés, principalement pour garder mes créatifs inspirés. C’était bien de parler d’assurance et de finance, mais ça prenait un peu de variété pour garder les créatifs heureux. C’est à ce moment qu’est née une panoplie de superbes projets, ayant de plus petits budgets, mais destinés à rendre les employés fiers et heureux. Je pense, entre autres, aux projets avec Avocats Sans-Frontières (allô Pascal Paradis!), au Théâtre du Trident (allô Amandine Gauthier et Anne-Marie Olivier) et plusieurs autres.
Créer une agence mythique.
J’ai toujours aimé aller parler aux étudiant.e.s de l’université Laval. Dans les débuts de l’agence, je m’étais dit « Pourquoi Kabane ne serait pas, elle aussi, une agence mythique, aux côtés des LG2, Sid Lee et Cossette de ce monde? ». Je voyais bien les yeux des étudiants dès que je leur parlais de vrais briefs, de vrais clients, de vrais projets. Je voyais à travers leurs yeux le rêve de travailler en agence, le même rêve que je caressais quand j’étais assis à leur place quelques années auparavant. Alors, pourquoi je ne créerais pas une agence où les humains rêveraient de travailler et avec qui les marques rêvent de collaborer? La réponse était simple, rien ne m’y empêchait. La seule personne qui pourrait rendre ce projet impossible, c’était moi.
Depuis ce jour, je m’y consacre. D’ailleurs, je parle souvent de Kabane comme un « projet », qui à mon sens en est à mi-chemin avant sa prochaine transformation. Kabane est formée aujourd’hui d’une cinquantaine d’humains exceptionnels. Tant pour leurs talents que pour leur savoir-être. C’est vraiment grisant de voir comment ce projet prend forme.
Bon. Je m’égare un peu, je suis censé parler de mes 30 ans de carrière. Ce n’est pas si facile parler de soi.
Un rôle en évolution
Aujourd’hui, mon rôle à l’agence a évolué. Évidemment, j’ai toujours assuré le rôle de président, mais j’ai toujours jumelé ce rôle avec mon travail créatif : designer, concepteur-rédacteur, directeur de création. J’adore toucher aux différentes sphères de la communication, mais avec la croissance de l’agence et notre présence à Québec et Montréal, mon rôle est principalement d’être président. Avoir une vision la plus claire possible, m’assurer qu’elle soit bien comprise et la communiquer est un travail à temps plein. J’aime ça, mais comme d’habitude, je ne suis pas dans ma zone de confort. J’apprends actuellement à jongler avec des processus, avec des champs d’expertise que je ne maîtrise pas et à prendre des risques de plus en plus grands.
Aujourd’hui, nous sommes devenus une grande famille, répartie entre Québec et Montréal (Une Kabane, deux maisons). Le chemin parcouru est quand même impressionnant quand on s'arrête, mais je ne prend pas trop le temps de regarder en arrière. J'ai les yeux sur ce qui s'en vient, et je continue à croire en notre modèle d'affaire, où nous plaçons la relation entre nous et nos clients au centre de tout.
En terminant j'aimerais remercier mon père qui a toujours été un modèle de succès pour moi, en plus de m'appuyer dans certains moments charnière de mon parcours. Sans lui je me serais cogné le nez sur des portes clauses à plusieurs moments. Merci également à ma conjointe/complice Mylène qui m'entend dire depuis des années : «Ça va décoller, je le sens!», et qui m'accorde toujours son écoute et sa confiance.
Mon texte est beaucoup trop long, j’en conviens. Mais 30 ans à adorer ce qu’on fait, ça prend un peu de temps à raconter. J’ai déjà hâte à la suite !
Directeur, communications numériques, gouvernement du Québec | Chargé de cours UQTR | Conférencier.
3 ansJe me souviens très bien de votre (Maxime et toi) midi-conférence organisée par le vénérable Claude Cossette autour de 1994. Cette rencontre a été très inspirante et a certainement influencé mon parcours. Bravo pour ton 30 ans!!
Représentante en épargne collective chez SFL Placements, Cabinet de services financiers
3 ansBravo Simon!! tu as toujours été une inspiration pour créer ta vie. Bien avant que ce terme soit trendy dans le discours toi tu le mettais bien en pratique. À preuve, ton séjour sur la cote Ouest Américaine avec ta famille. Ça t’a pas pris un virus pour faire du travail à distance! Bravo pour ta grande créativité, ton avant-gardisme, ta perspicacité et ta persévérance. Certainement des ingrédients qui font que tu peux te venter d’avoir 3 décennies de metier!
Conseillère aux relations avec les employeurs RRSP chez Retraite Québec
3 ansFélicitations Simon! Que des défis relevés dans cette belle carrière! Je me souviens aussi du début des années 90 qui nous obligeaient à être créatifs pour faire sa place au soleil! Bravo pour ta persévérance et tout le reste! Longue vie!
Directrice marketing et communication chez Immostar
3 ansFélicitations Simon! Effectivement ça méritait un petit post!! Continue ton excellent boulot! Bonne continuation :)