Quels sont les "imaginaires territoriaux" sécrétés par les marques ?
Une étude publiée par l’Institut Terram en partenariat avec la Fondation Jean-Jaurès s’est penchée sur le rôle des marques dans la conception des “imaginaires territoriaux”, à savoir les récits et les représentations associées aux territoires.
Pour reprendre la définition du géographe Alexandre Moine, un “territoire” est un système complexe qui articule de façon permanente trois éléments : un espace géographique, un système de représentation de cet espace géographique et un système d’acteurs qui agissent consciemment ou inconsciemment sur lui. Tout l’objet de l’étude est d’analyser comment les marques commerciales contribuent à reconfigurer la représentation de certains territoires. “Aux côtés du cinéma, de la télévision et de la littérature, il apparaît que les marques sont devenues l’une des instances principales de sécrétion d’imaginaires territoriaux”, écrit Raphaël LLorca, qui parle d’un “tournant territorial des marques”.
De fait, toutes les marques ne produisent pas les mêmes imaginaires territoriaux, ni les mêmes types d’imaginaires : de l’imaginaire-écran de Airbnb à l’imaginaire-tableau de Paysan breton, de l’imaginaire-mythique de la brasserie Lancelot à l’imaginaire-narratif de Heetch, “il existe une pluralité d’imaginaires qui obéissent à des objectifs différents : faire diversion, questionner le réel, faire vivre des traditions, remodeler la réalité…”
Pour parvenir à cette typologie, l’auteur est reparti de la distinction établie par Paul Ricoeur dans ses cours sur l’imagination donnés à l’Université de Chicago en 1975, récemment publiés aux éditions du Seuil. Devant ses étudiants, le philosophe dessinait au tableau deux axes permettant de ranger les différents types d’imaginaires : l’axe horizontal (présence vs absence) reprenait à son compte la distinction kantienne entre deux formes d’imagination - l’imagination reproductrice, au sens du « tableau » d’un événement passé, et l’imagination productrice, telle qu’on la retrouve dans la fiction ou les rêves. L’axe vertical, quant à lui, renvoyait aux degrés d’implication du sujet vis-à-vis de l’imaginaire : est-il confusément pris pour la réalité, sur le registre de la croyance (comme dans les hallucinations) ou fait-il l’objet d’une distance critique (comme dans le cas de l’utopie) ?
Recommandé par LinkedIn
Fiction, croyance, réalité, passé... autant de paramètres avec lesquels jouer quand on est une marque qui veut se positionner dans les territoires et surfer sur la tendance toujours aussi forte du local.
Pour retrouver l’intégralité des articles de la Cortex Newsletter, c'est là
Communicant - Essayiste - Co-directeur de l’Observatoire « Marques, imaginaires de consommation et Politique » à la Fondation Jean Jaurès
1 moisTout est vrai !
Co-Founder at RHUM FEST PARIS / Founder at Pédales Douces
1 moisSécrétés, ça veut dire que c’est secret ou ça a un rapport avec Jacques Secretin ?