Questions de confiance, crise ou bascule ?

Questions de confiance, crise ou bascule ?

Chacun sait que le ferment de la transaction, de l’échange et donc du commerce est bel et bien la confiance et ce depuis des millénaires.

Un effort d’extrapolation, même très mesuré, nous permet d’affirmer qu’il ne peut y avoir croissance et accomplissement économique sans confiance entre les protagonistes, et plus particulièrement, envers un certain nombre d’entre eux : les instances de représentation et de régulation. Des acteurs qui, de façon générale, se trouvent détenteurs du pouvoir d’arbitrage et dont le rôle est particulièrement important en tant que garants des règles mutuellement acceptées.

Ce type de contrat social est nécessairement fondé sur la confiance. Il ne peut y avoir délégation durable ou renoncement aux prérogatives propres -et a fortiori d’inscription dans une posture d’obéissance ou de subordination comme pour le contrat de travail- sans conviction de  légitimité et de  confiance.

La confiance change les rapports entre les acteurs parties prenantes. D’un rapport de nécessité, elle fonde la relation sur l’acceptation mutuelle, la volition, l’attrait et l’aspiration à faire ensemble.

La confiance n’est pas affaire de contingence. Si elle accepte un certain degré d’incertitude, subjective ou objective, elle suppose une connaissance préalable et un niveau de prédictibilité dans l’être et l’action.

La confiance exige pour son épanouissement une somme d’honnêteté, d’intégrité et de transparence qui met en disposition d’espérance.

D’aucuns parlent aujourd’hui de crise de confiance. Elle semble profonde et durable, elle remet en cause le discours économique, le discours politique et même le discours sur les discours au niveau médiatique. Toute initiative qui tente de rétablir la confiance se heurte elle-même au désintérêt quand ce n’est pas la suspicion. Cela semble irréconciliable.

Pourtant, la confiance subsiste toujours, elle va même crescendo et s’incarne chaque jour un peu plus dans les nouvelles formes collaboratives de travail. Le pair à pair prend progressivement le pas sur le reste et s’affranchit des médiations institutionnelles. L’échange de valeurs adopte une approche horizontale pour mutualiser ou créer la valeur. Que ce soit dans l’économie de partage ou l’économie de la fonctionnalité, le co (travail collaboratif, colocation, covoiturage, crowdsourcing, crowdfunding…) devient la griffe et le signe annonciateur de  cette confiance nouvelle. Une confiance qui paradoxalement repose sur très peu de choses, si ce n’est l’accointance du moment, la conjonction transitoire et un intérêt d'opportunité souvent éphémère.

Une crise dites-vous ? Non assurément, une bascule dont on n’a pas encore pris toute la mesure!

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