Quid de la croissance des entreprises?
De façon plus que récurrente, il est question de la croissance des entreprises, comme de celle de notre PIB. Cet item m'était jusqu'à présent familier et comme tout à chacun, j'avais tendance à opiner du chef sans une seconde m'interroger sur le fond de ce qui semble être la voie indispensable d'une entité économique.
Cependant, voilà qu'aujourd'hui, à l'aube d'une vraisemblable crise économique comparable à celle d'il y a 10 ans, j'ai pris le temps de la réflexion.
La croissance est un terme anthropomorphique qui tend à comparer une personne morale à une personne physique. On parle de naissance, de croissance (organique, c'est dire!), externe aussi: sorte de greffe d'un membre exogène pouvant accroître la force d'un corps déjà constitué. Il est évidemment question de "liquidation", donc de mort.
Qu'une entreprise naissante soit dans l'obligation de croître n'a rien d'étonnant. Qu'à l'issue de son adolescence, elle atteigne un "effet de plateau", sorte de "rythme" de croisière lui permettant de payer ses charges et de dégager quelques profits permettant de remplir sa trésorerie (sorte de gras autour du muscle en vue des périodes de disette), rien d'illogique.
Mais alors, pourquoi cette perpétuelle volonté de croissance? Grossir et grandir afin de gagner plus? (ce qui en soit n'est pas une mauvaise chose, mais souvent inavouée), ou résister aux agressions d'un milieu socio-professionnel agressif? je n'ai pas de réponse systématique, puisque chaque cas est unique. Il existe cependant quelques paradigmes permettant d'émettre une sériation tendancielle et ces deux raisons sont souvent les plus récurrentes.
Je maintiens qu'en dehors de l'aspect défensif dans le second cas où offensif dans le premier, rien ne nous oblige à envisager une croissance à tout craint, hormis peut-être des variations financières afin de répondre à des coûts de production régulièrement à la hausse.
Et c'est là que le bât blesse ! la croissance "défensive" est souvent liée à des besoins plus financiers que productifs. Et je crains que la Finance soit l'ennemi du travail et de la production, car elle a son propre système, souvent au détriment de la valeur réelle de l'entreprise, celle du savoir-faire. Cette dernière, ce petit "corps" à l'aune des grosses entités financières, n'est qu'un levier, un trépied de la finance susceptible de vivre, nourrir et mourir pour elle et souvent par elle!
Nous avons besoin des financiers, mais gare à la course à la "croissance", car comme dans un corps lorsqu'il devient trop grand et costaud, il faut de plus en plus de nourriture pour le mouvoir et les risques intrinsèques sont multipliés. Le sang circule plus mal, les membres les plus éloignés sont difficilement irrigués et menacent de nécrose ! j'ai bien peur que d'ici peu, une fois encore, cette notion virtuelle de croissance ne nous entraîne, via les compléments alimentaires de la Finance, vers une crise de croissance dont tout adulte devrait avoir tiré les leçons au moment de l'adolescence!