Réflexion sur le savoir-passer.
Savoir-passer.
La crise, selon E. Erikson, est une période de vulnérabilité où tous les possibles sont accentués, c'est une période où le sens créatif peut se développer. Cela me fait penser aux artistes qui produisent les plus belles choses dans des moments de crise existentielle liée à une rupture qu'elle soit amoureuse ou autre. Je pense par exemple à Victor Hugo qui a écrit Le recueil des contemplations [1], dédié à sa fille, Léopoldine, morte accidentellement, le 4 sept 1843. La crise pourrait donc être aussi le moment de l'art. L'art permettrait-il de saisir ce temps mort pour le ranimer et négocier le tournant à prendre ?
J'observe aussi « une perturbation de l'expérience du temps » de la part du public en situation de vulnérabilité que j'accueille, la personne se retrouve en situation de précarité alors qu'avant ce n'était pas le cas pour certains, elle se retrouve en crise, une espèce de crise où elle perd ses repères suite à la perte de l'avant, une alternation en somme, un passage dans une autre réalité. Quarante pour cent des assurés en situation de précarité ne se présentent pas au premier rendez-vous fixé pour leur bilan de santé et plus de la moitié d'entre eux arrivent avec une moyenne d'une heure de retard au rendez-vous fixé. Je précise que ces bilans de santé ne sont pas une injonction, ils sont proposés.
« La crise initie un mouvement régressif qui conduit le sujet à fonctionner sur un mode archaïque »[2]. Cette régression, il me semble, se ferait annonciatrice d'une renaissance. J'ai envie de rapprocher cela des tournants de notre société, par exemple en mai 1968 c'était bien une crise ? Imaginons que mai 1968 soit un adolescent et alors ça peut nous ouvrir de larges perspectives de compréhension.
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[1] HUGO Victor, 1856, Le recueil des contemplations.
[2] LESOURD Francis,dans la séquence 2 du séminaire Master 2 « Tournants de vie et processus de formation » : « Anthropologies », p.5.