Résister au "tout distanciel"​ pendant les grèves

Résister au "tout distanciel" pendant les grèves

De nouvelles #grèves sont annoncées pour cette semaine. Comme pendant le #COVID, j’ai choisi de ne pas basculer en « tout #distanciel ». Explications.

Pour les écoles, l'équation est celle des absences. Des étudiants absents légitimant l’absence des enseignants, rendant la vie infernale et conduisant progressivement à basculer dans le « tout distanciel ».

Ne pas vider l'école et éviter d'en donner l'habitude

Pendant la crise du COVID, j’ai refusé de mettre le doigt dans cet engrenage. J’ai refusé de jouer le jeu de la facilité du « tout distanciel » parce que j’ai l’intime conviction que l’école est, d’abord, un lieu physique, que les enseignants doivent rester des personnes, des visages qui incarnent le rapport à l’école et au savoir.

Alors, chaque semaine, à l’annonce des mouvements sociaux, tous me posent tous la même question : « On bascule en distanciel ? ». Chaque semaine, comme pendant le COVID, je refuse. 

Maintenir le présentiel et la vie à l'école, coûte que coûte

Je refuse parce que :

-         Si les étudiants ne viennent pas, les profs ne viendront pas non plus.

-         Si ni les profs ni les élèves ne viennent, les services d’accueil non plus.

-        S’il n’y avait personne dans l’école, nous basculerions tous en télé-travail et l’école fermerait ».

-        Si nous fermions l’école, combien de temps la grille resterait-elle fermée ?

Il faudrait alors tirer toutes les conséquences de cette situation qui, même exceptionnelle, n’aurait rien d’anodin. En acceptant de fermer l’école et de basculer en distanciel, nous affirmerions que l’école aurait cessé d’être un lieu physique d’échange. Les cours pourraient être suivis de n’importe où. Il suffirait, simplement, d’avoir une bonne connexion Internet. 

Non, non et non.

Ne pas se laisser bercer par les outils qui déshumanisent l'école

Non, parce que si vous avez déjà fait cours en #zoom ou #teams, vous savez que ces lignes de vignettes noires, au prétexte de la « mauvaise connexion » empêchant d’allumer sa caméra, c’est juste l’enfer. Absence d’engagement, chahut digital où le prof se fait déconnecter par des élèves, ou des tiers, profitant de l’anonymat pour mettre le bazar.

Non, parce que nous avons tous besoin de relations humaines et de sortir de nos écrans. Les écoles sont d’abord des espaces réels où se créent des rapports sociaux et des relations humaines. Si nos élèves voulaient seulement du savoir, des livres suffiraient. Ce n’est pas le cas. Un vrai prof, en chair et en os, ça explique mieux qu’à distance.

Non enfin, parce qu’une fois que l’on accepte de basculer en distanciel, alors les gens partent. Et parfois trop loin pour, qu’une fois les grèves ou le COVID passés, revenir en cours.

Nous sommes humains et nos décisions sont humaines

"Certains habitent très loin", me dit-on alors. "Eux aussi, c’est full présentiel ?". Le réglage par défaut dans une école, ce doit être « full présentiel » pour tout le monde, étudiants comme enseignants et personnels administratifs. Si vous donnez des autorisations à certains, les autres viendront vous demander de mêmes droits et vous aurez ouvert une boite de pandore que vous aurez du mal à refermer. 

Vous avez un doute sur ce dernier point ? demandez-moi la prochaine fois de vous raconter comment tout le monde (ou presque) se découvre croyant et pratiquant quand vous autorisez certains à manquer pour motif religieux. 

Cela ne signifie pas que je sois inflexible. Lorsque mes étudiants et leurs familles rencontrent des difficultés réelles, j’agis avec discernement et bienveillance. Mais, lorsque ceux qui habitent deux rues à côté prétextent la grève (ou d’autres motifs) pour ne pas venir, mettre un écran noir sur zoom… Je ne suis pas dupe.


Pour toutes ces raisons, j’ai pris le risque d’imposer le présentiel. Pour ne pas fermer l’école. Pour la laisser ouverte. Parce que j’ai cette responsabilité tant vis-à-vis d’eux que de leurs familles. Parce que j’ai aussi cette responsabilité vis-à-vis de tous les collaborateurs de l’école. Si les villes où nous travaillons se dépeuplaient, qu’en adviendrait-il de nos écoles et de nos emplois ?

Jérôme Vaillant

Formateur enthousiaste | Concepteur pédagogique | Prise de Parole | Interculturel | Soft Skills | Journaliste musical | Fournisseur d'énergie positive | 💡 | ENFJ | DISC expert | 🟡 |

1 ans

En revanche, il faut absolument éviter le mode hybride ! Pour ceux qui sont en distanciel et les professeurs, c'est la double peine

Yohan Maronnier

👨🏼🎓📈 Directeur du développement - Responsable BTS - Intervenant Référent

1 ans

Bravo Thierry Sebagh pour cette prise de position 👏🏻 Nous avons fait le même choix. Quand je vois à quel point 95% des étudiants sont venus, sourire aux lèvres, plutôt que de prétexter des difficultés à venir … je suis convaincu qu’eux aussi partagent cette envie de maintenir le full #présentiel et en perçoivent l’intérêt commun 💪🏻

Tout à fait d'accord ! Nous avons assez subit le distanciel durant le covid.

Complètement en accord ! Le distanciel est un outil bonus, pas un remplacement de ce qui fonctionne: l'humain !

Arnaud Bingono

CEO & Co-founder Lead-ia // Nous aidons les écoles supérieures à convertir plus facilement et plus rapidement.

1 ans

100% en phase avec vous, Thierry. Une école, c'est un lieu de vie. Les apprentissages doivent être aussi incarnés, avec la présence physique des étudiants et de l'enseignant/intervenant. On voit bien aussi, quand on parle avec des diplômés que ce qu'ils retiennent, très souvent, c'est l'ambiance, l'expérience de vie collective.

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