Révolution cognitive

A l’instar de la 1ère révolution industrielle débutée il y a presque de 2 siècles, nous sommes peut-être au tournant d'un changement de paradigme d'un des rares outils qui n'ait pas encore totalement fait l'objet d'une automatisation avancée, et qui pourrait démultiplier nos capacités d’acquisition, d’analyse et de restitution de la connaissance.

Notre civilisation a vécu depuis le 19ème siècle, voire même un peu avant, des changements majeurs qui ont provoqué des bons dans la démarche de l’humanité. Dans l’industrie, dans le commerce, dans le traitement de l’information, et maintenant, peut-être, dans la connaissance.

Chaque bon pour atteindre un nouveau palier a su engendrer un terrain fertile pour la culture d'une évolution majeure, pour le développement d'une nouvelle source d'énergie génératrice d’accélération du changement. Chaque nouveau palier contribue à la démultiplication des effets du palier de génération précédente. Chaque période naissance qui en découle ouvre une plateforme optimale pour entrevoir de nouveaux horizons.

Aujourd’hui, les outils d’intelligence artificielle établissent les fondements de ce que pourrait être le prochain palier de l’évolution de notre société. Ils constituent l’ossature et les muscles d'un organisme jumeau par lequel une nouvelle version majeure de notre monde pourrait donner vie à une société à même de nous conduire à un stade supérieur d'exploration et de pratiques.

De nombreuses craintes sont exprimées autour des risques du développement de systèmes automatisés, à la fois capables de produire des résultats jusqu’alors réservés à l’analyse humaine, à la compétence acquise, à la mécanique cérébrale. L’indépendance vis-à-vis de la machine, les questions éthiques, la perte de contrôle et d’identité, sont parmi les sujets d’inquiétude que ces nouvelles capacités peuvent nous offrir. Jusqu'où sommes-nous prêts à déléguer et sur quels domaines est-il essentiel que nous sanctuarisions notre aptitude à la création, à l'innovation et à l'inventivité ? Où devons placer le curseur entre ce qui est de l'ordre de l'ordre de l'automate et de ce qui est de l'ordre de la conscience et de l'âme ?

Il est possible de faire l’analogie entre les passages des paliers précédents avec celui qui se présente à nous, et il est indispensable de nous poser collectivement les questions fondamentales quant à la détermination de comment exploiter cette potentialité en nous préservant d'en devenir l'instrument.

Regardons objectivement si nous regrettons les sauts précédents et si nous voudrions revenir en arrière. Regardons pour chaque changement majeur, les contre-arguments et les déviances qu'ils ont eu, là où ils ont été une source de progrès et d’amélioration de nos vies et là où nous avons avili et corrompu la beauté de l'évolution qu'ils nous offraient.

Le sujet qui nous intéresse ici nous amène à nous poser la question de ce que peut nous apporter ce nouvel organisme, dont les fonctions artificiellement reproduites avec une véritable optique de gémellité, que nous vouons à nous accompagner, à nous assister, et à soutenir nos facultés à inventer le prochain stade de notre évolution, un organisme à qui nous insufflons...

• des fonctions cognitives,
• des fonctions d’analyse, d'inférence, de déduction et de construction,
• des capacités d'apprentissage permanent, 
• un accès immédiat, permanent à une masse croissante d’informations que notre cerveau, à lui seul, ne sera jamais en mesure d'appréhender.

Cette relation symbiotique entre la machine et l'humain, et l'hyper-capacité qui en découlerait, sont synonymes d’opportunités d’évolutions significatives pour notre espèce, un levier pour l’amélioration de nos vies, et cela sous réserve qu’elle soit pertinemment et consciemment encadrée, préservée d’un contrôle centrale, exclue de motivations purement mercantiles, et destinée à devenir et à rester une valeur et un outil universel.

En bref, une utopie.