Raymond, le parcours extraordinaire d’un résistant ordinaire
Le sujet de la mémoire nous interroge tous. La mémoire qui se raccourcit du fait paradoxal de nos existences toujours plus longues, celle qui nous échappe depuis que notre capacité d’attention est maltraitée par ces artifices numériques supposés nous distraire de nos manques, celle que l’on ne cesse d’interroger depuis que l’on ne parvient plus à construire un récit collectif consensuel...
Avec ce livre, cette non fiction comme on dit maintenant, j’ai souhaité apporter une modeste contribution à cet exercice de mémoire auquel nous songeons souvent, sans toutefois toujours oser nous emparer, faute le plus souvent de disposer du temps nécessaire.
Quatre-vingts ans après les faits, sans bien sûr en avoir été le témoin direct, j’ai tenté de réanimer le souvenir d’une existence, en partant à la recherche d’un disparu, en tentant de remettre une vie dans son contexte, en évitant de juger.
Raymond, c’est l’histoire trop courte d’un jeune homme que les circonstances ont confronté de manière dramatique au sens du non. C’est un récit qui peu à peu s’est métamorphosé en un échange entre deux époques, entre deux modes de vie, une interrogation entre des écrits et des esprits, entre un vivant et un fantôme. C’est un surprenant voyage qui m’a conduit en Allemagne où – sans le supposer – c’est avec moi que j’avais rendez-vous.
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Ce texte, je souhaite le partager à un moment particulier, tandis que plus personne ne semble pouvoir affirmer sans un brin de mauvaise foi qui a raison et qui a tort puisque – le mensonge devenu une vérité alternative - on ne s’écoute plus, et faute de débat, chacun peut s’accrocher un peu mieux à ses convictions prédéterminées. Un moment où faute d’une relation commune au réel, les récits s’entrechoquent, créant un formidable chaos qui semble nous propulser vers les ruines d’un beau lendemain, avec ces formules qui n’épatent plus personne et qui de toute façon ne changent rien à l’affaire : « Souvent le mensonge et la crédulité s’accouplent pour engendrer l’opinion » constatait déjà Paul Valéry. Je ne sais pas si le message transmis par l’odyssée de Raymond m’a aidé à voir plus clair, mais je suis convaincu qu’il m’aura au moins aidé à me poser des questions…