RdL #04 - Alexandre Gérard - Le patron qui ne voulait plus être chef
Coup de coeur. Autant être clair dès le début. J’ai eu un coup de cœur pour ce livre.
Petit bouquin. 200 pages. Petit format. Solide. Robuste. Parfait pour tenir dans la poche arrière du jean ou dans la poche intérieure de la veste. Un manuel « tout-terrain » que l’on peut emmener partout avec soi.
Car ce livre est un coach. Écris par un coach. De ceux qui ont vécu avant d’être coach et qui ont appris à coacher pour pouvoir partager plus efficacement la richesse de leur expérience.
Décrocheur scolaire, Alexandre Gérard a commencé par galérer dans toutes les écoles par lesquelles il est passé – public, privé, internat « chez les curés »… et c’est finalement quand ses parents lui ont laissé son autonomie, partageant un appartement avec un copain à Nantes, qu’il a décroché son bac et enchaîné avec Audencia, une école de commerce locale où il a appris les rudiments du métier qui le faisait rêver : entrepreneur.
Fasciné par la fête et l’évènementiel, c’est finalement dans le dépannage de systèmes hydrauliques qu’il s’est lancé. Et qu’il a réussir sa « première carrière », démarrée en 1996, dans une baraque de chantier à St Herblain.
Et jusqu’en 2008, Alexandre Gérard est un patron « normal ». Passionné. Omniprésent. Omnipotent. Et plutôt talentueux puisqu’en 13 ans il transforme cette petite barque en gros paquebot : un groupe qui emploie 300 personnes et déploie ses activités sur plusieurs secteurs dont… l’évènementiel avec Fruizz une agence de communication. Chrono Flex, Chrono Box, Chrono Link, Fruizz, Cueilleuse d’histoire. Tout lui réussit.
En 2008, le groupe Inov'On affiche 23M€ de chiffre d’affaire. C’est le succès. Juste avant la chute.
En 2009, la crise frappe de plein fouet. L’entreprise, qui passe au bord du dépôt de bilan, sera sauvée mais la dynamique du jeune patron est cassée et les perspectives ne sont pas florissantes. Il faut trouver un second souffle.
Il va venir d’une rencontre improbable. Lors d’une conférence au thème prometteur « l’entreprise du XXIème siècle existe : nous l’avons rencontré », l’auteur découvre Jean-François Zobrist, le patron de FAVI – une fonderie picarde – et c’est le choc !
En introduction, l’homme aux cheveux blancs et à l’inamovible veste de travail bleue annonce la couleur : « En management, il n’y a pas de conseils, pas de modèles. Il n’y a que des témoignages ».
Et d’enchaîner avec le sien, à la tête depuis 1983 de FAVI un fournisseur de fourchette d’embrayage pour l’industrie automobile. Ses conclusions : L’homme est bon. Alors il faut laisser faire les 97% qui veulent travailler plutôt que dépenser des sommes folles à fliquer les 3% qui posent problème… Pour les prises de décision, c’est celui qui fait qui sait... Au diable les organigrammes, les prévisionnels, les budgets, les comités de direction… tout cela est remplacé par l’amour du client posé comme valeur phare, qui motive les hommes et leur indique le chemin à suivre.
Avec une dernière recommandation, pour boucler la boucle avec le propos introductif (pas de conseils, pas de modèles). A la question « comment faire pour mettre en œuvre ce changement ? Réponse : démerde-toi !
Tout un programme…
Nous sommes alors au tiers du livre. Le 2ème tiers, tout aussi passionnant, est consacré au récit de la mue d’Inov’on en entreprise libérée. Etape par étape. Avec quelques erreurs de parcours et, surtout, avec un cheminement personnel de l’équipe dirigeante.
Pour le patron, ça voulait dire prendre conscience que malgré ses bonnes intentions, par ses habitudes, ses pratiques et par sa nature même, il était « le pire ennemi de la libération ». Car libérer l’entreprise et les salariés, ça veut dire, pour le patron, lâcher le contrôle. Accepter de ne plus être au centre de toutes les décisions. Apprendre à laisser émerger les initiatives par la base plutôt que de les faire descendre « d’en haut ».
Et pour Alexandre Gérard, ça passera par un coaching personnel à la source d’une véritable introspection qui l’amènera non seulement à prendre du recul dans son approche du management, mais même, dans un second temps, à se retirer complètement de toute fonction opérationnelle au sein de l’entreprise. En passant par une année sabbatique pour accomplir un vieux rêve de jeunesse : faire un tour du monde à la voile, avec sa femme et ses deux enfants.
Une autre rencontre, avec Isaac Getz, co-auteur du best-seller « Liberté et Cie », professeur à l’ESCP et « théoricien » de l’entreprise libérée, donnera lieu à la création de « Via 7 : le cercle des leaders libérateurs ». Une façon de sortir de l’isolement et d’aller puiser auprès d’autres dirigeants engagés dans des démarches similaires de l’inspiration, des bonnes pratiques et du soutien, quand les pesanteurs des vieilles habitudes se font trop lourde à porter.
Car la libération d’une entreprise de 300 salariés ne se fait pas en un claquement de doigts. Plus encore, elle ne se décrète pas. Cela demande un long processus afin que l’ensemble des salariés s’approprient la démarche et y adhèrent pleinement. Pour le faire, là encore, pas de modèle ni de recette toute faite. Il faut cheminer. En proposant des étapes concrètes. En restant au plus près possible de l’action. Et en impliquant pleinement les salariés à chaque étape du processus. Avec trois grands chantiers.
1er chantier : Vision et valeurs. Et pour Inov’on, au bout de 8 mois de travail collectif, cela deviendra : « Notre performance pour votre réussite ». Avec, comme valeurs phares : La performance par le bonheur ; cultiver l’amour du client ; équipe respectueuse et responsable ; ouverture d’esprit esprit d’ouverture.
2eme chantier : Identifier les « cailloux dans la chaussure ». Ces petits irritants qui empêchent de bien travailler et installent une défiance dans le groupe ou sapent la motivation. Des systèmes sont mis en place pour les recueillir et, c’est l’engagement pris, pour les traiter dans les meilleurs délais.
3ème chantier : les signes extérieurs de pouvoir. Bureaux individuels, places de parking réservées, accès à l’information… Avec pour objectif, là encore, d’éliminer les irritants et autres obstacles à l’esprit collectif et rétablir l’équité.
La dernière partie du livre est une invitation au titre évocateur : En route vers la libération !
Alexandre Gérard ajuste sa casquette de coach. Et après avoir inspiré par son histoire et celle de son entreprise. Après avoir partagé une masse de précieuses informations sur le chemin parcouru et la façon dont s’est faite la libération de son entreprise. Il passe à la partie « intégration ». En proposant des pistes de réflexions et des outils très concrets pour permettre à tout dirigeant qui le souhaite de s’embarquer dans cette aventure. Et ça donne très envie de s’y mettre !
Je vous l’avais dit en introduction – j’ai eu un coup de cœur pour ce livre. Il fait partie de ces bouquins dont on achète 15 exemplaires pour les distribuer à des proches.
Mais n’attendez peut-être pas qu’on se voit pour que je vous en passe un. Foncez chez votre libraire et procurez-vous ce petit « guide du routard » de l’entreprise libérée. Vous ne le regretterez pas, et votre entreprise non plus.
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Conférence TEDx Rennes d'Alexandre Gérard :
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Film - "Vous avez dit libération ?" :
https://docu.inov-on-experience.fr/