Recrutement : d’une politique de contrôle vers une politique de l’intuition
En cette fin d’année chargée pour la plupart d’entre-nous, nous voyons poindre entre les exercices de clôture budgétaire, de calcul des primes de fin d’année et autres joyeusetés du même acabit, des articles d’agences spécialisées en RH qui nous annoncent oh surprise, que le recrutement de candidats sera encore plus difficile que l’année qui vient de s’écouler. Waouw, ça c’est du scoop ! Cela fait à présent 20 ans que je travaille dans les RH et je pense pouvoir dire avec certitude qu’il n’y a pas une seule année où nous n’avons pas parler de la guerre des talents et surtout de la guerre que vont se livrer les entreprises pour attirer ces mêmes talents. Après toutes ces années, nous serions dès lors en droit de penser raisonnablement que chaque entreprise a eu le temps de fourbir ses armes et développer ses propres méthodes afin de répondre à ses besoins de main d’œuvre. Or si chaque année, en même temps que la dinde, le sapin et les boules de Noël, on nous ressasse la même rengaine, c’est soit que les statisticiens du bureau du plan sont tellement déprimés par le chiffre de la croissance ou que les entreprises manquent cruellement de flexibilité et de créativité pour attirer leur main d’œuvre qualifiée. Bon, c’est vrai, je vous le concède, la vérité n’est jamais blanche ou noire mais sans aucun doute entre les deux.
Dans un monde où tout bouge à une vitesse de plus en plus effrénée, je reste perplexe sur la capacité de bon nombre d'entreprises quant à leur capacité de faire autre chose qu’un peu plus de la même chose. Quels sont les leviers d’attractivité utilisés par les ressources humaines pour attirer des candidats ? Quel est le Top 5 : le salaire (et avantages), la proximité, la formation, les possibilités d’évolution … Aie, je cale à en trouver d’autres car finalement c’est moins leurs arguments d’attractivité que leur méthode de recrutement que les employeurs ont adapté et là encore, aucune révolution mais plutôt une simple évolution. Sur le plan du recrutement, les réseaux sociaux ont remplacé (ou complété) les annonces d’offres d’emploi et sur le plan de la sélection, le recours à l’assessment semble être devenu la norme. Toujours ce même besoin d’objectiver, de contrôler et d’analyser mais posons-nous les bonnes questions ? Ces façons de faire répondent-elles aux attentes des candidats ? Qu’offrons-nous à ces derniers ?
Sans avoir la prétention de savoir mieux que quiconque ce qu’attend un travailleur de son travail et de son employeur, je peux malgré tout donner les pistes suivantes. Vous n’hésiterez pas à me corriger si vous estimez que je me fourvoie ou que j’oublie quelque chose d’essentiel. Qu’est ce qui motive ? Qu’est-ce qui donne envie d'aller au boulot chaque jour plutôt que ce sentiment de devoir s’y rendre tel un prisonnier allant chercher sa pitance. En numéro un toute catégorie, je mettrais « travailler pour un but qui a du sens » et c’est peut-être ce qui fait défaut aujourd’hui dans beaucoup d’entreprises. En numéro 2, je mettrais la responsabilisation plutôt que l’infantilisation contrôlante. En effet, c’est parce que notre voix compte, parce qu’elle est écoutée et parce que nous avons un impact sur les décisions que nous sommes investis et motivés dans notre travail. Enfin, en numéro 3 (et ma liste n’est pas exhaustive), je parlerai d’autogestion et de confiance mutuelle. Imposer des horaires de travail fixes, des contraintes rendant difficiles le recourt au télétravail ne permet pas d’attirer des candidats de valeur à la recherche de liberté d’actions et d’écoute plutôt que de directives.
En conclusion, je dirais que si les entreprises ont l’intention de relever les défis qui les attendent et d’assurer leur existence sur le long terme en recrutant les meilleurs d’entre-nous, il est grandement temps de lâcher prise et de passer d’un mode de fonctionnement basé sur « observer, analyser, commander et contrôler » à un mode « expérimenter, agir, ressentir et ajuster » bien plus adapté à notre société d’aujourd’hui. Redonner de la liberté aux travailleurs peut rapidement donner les résultats attendus par les employeurs en termes d'implication et de motivation au travail. A bon entendeur, salut!