REFLEXIONS. Et si nous étions déjà dans le monde de la réalité augmentée ?
A s’interroger si la pénurie de semis n’est pas à l’instigation de quelque super-génie qui nous aurait déjà mis dans un monde parallèle pour nous montrer combien le monde ressemble plus qu’on y croit à une boule à facette. Matrix le prévoyait, nous le vivrions.
Je ne reviendrai pas sur les exubérances de nombreuses classes d’actifs mais sur la durée potentielle de ces dernières.
Cela fait des années que nous cherchons comment améliorer la productivité des salariés. Une pandémie, 5 jours de télétravail et vous constatez selon une étude américaine qu’elle progresse de 5% (en raison du temps gagné sur les transports) en une année. Si l’on accepte que ce taux soit identique en moyenne dans les autres pays développés, et que l’on pérennise et actualise ceci, nous avons une partie de l’équation sur la création de valeur depuis un an et sur son caractère structurel.
Les questions du Monde d’après tournent autour des nouveaux modes de consommation, croissance soutenable, réduction des inégalités, nécessitant des CAPEX à très long terme (on voit les plans infrastructures ou transition énergétique à horizon 2050) alors qu’il faut gérer à très court terme l’impact sur l’économie des confinements, porté par les Etats et les Banques Centrales. Ce grand écart entre le très court terme et le très long terme permet de prolonger le tableau des CF prévisionnel au-delà des 5 ans habituels accroissant la valeur actualisée de toute activité.
Le meilleur symbole de ce basculement en DCF long terme est la hausse des valorisations des GAFA depuis de nombreuses années, mais tous les secteurs / valeurs basculent petit à petit dans une telle méthodologie. Il n’y aucun jugement de valeur : les années 60 étaient celles du DDM, après leur découverte par Gordon et Shapiro, les années 80 à 2000 celles des années PE, de 2000 à 2015 celle de l’EVA, et depuis donc le DCF. Avec la particularité que nous sommes prêts à accepter un seul gain en capital et non plus de flux liés auparavant aux dividendes. La politique de taux zéro ou négatif nous pousse à considérer que l’entreprise saura mieux investir ce CF que je ne saurai le faire dans mon allocation d’actifs, de même que la fiscalité encourageait cette rétention (il faudra voir si le plan de hausse des taxes sur les plus-values de Joe Biden est de nature à faire basculer ce scenario pour les USA à court terme ou si les épargnants vont attendre la prochaine législature pour voir un nouveau changement du taux), mais cela reste quand même un sacré changement d’approche des marchés.
Le modèle des entreprises en basculant sur le service plutôt que la vente de biens nous conduit à gérer personnellement un DCF pour chaque objet ou service détenu. L’approche comptable traditionnelle : j’achète un bien, je l’amortis sur x années, je le jette ou le revend à une valeur résiduelle inconnue est transformé en j’achète un service, j’utilise ce service (ou pas), j’arrête ce service, que je remplace par un autre service. Je ne possède plus rien. C’est le même raisonnement que certains défendent pour les Etats : il n’y a plus de propriété, juste des services donc il n’y aurait plus de dette, juste le service de la dette… Les sophistes n’ont jamais vraiment disparu !
Bien évidemment nous arrivons alors au bout du concept de la société de consommation qui se fondrait dans celui d’un communisme du 3ème millénaire : la propriété individuelle n’a pas été subrogée par la propriété collective mais par ces superstructures (on retrouve le concept marxiste) chargées de gérer la donnée. Je vends au Super-serveur X mes données personnelles, et je suis payé en retour de données sous forme de bitcoin. La roue est bouclée.
J’avais déjà, il y a deux mois, envisagé que les droits carbone deviennent à terme une monnaie, solution qui me semble plus viable que d’être payée en monnaie digitale, mais l’un comme l’autre sont des « actifs » finis, ce que la monnaie ne saurait être. Grâce à la Casa del papel nous savons qu’il est possible de voler 1md€ sans créer de préjudice à qui que ce soit. Nous ne pensions pas que les banquiers Centraux seraient de tels fans de la série, et ne pas attendre la saison 3 pour d’ores et déjà inonder de cash le système financier. Pour autant, ils s’inscrivent dans une tradition très ancienne, remontant à la Grèce ancienne quand Archimède demandait qu’on lui donne un levier pour soulever le monde (N.B. Le PDG d’Archegos aussi a lu Archimède). Suivons leur exemple, réhypothéquons notre appartement, refinançons notre voiture, nantissons la collection de timbres et nous pourrons encore soutenir les multiples actuels pendant quelque temps.
Cette économie de flux (créatrice de valeur) plutôt que de stock (créatrice d’inflation) est inséparable des objectifs de transition énergétique, considérant que l’énergie doit être renouvelable, condamnant tout ce qui pourrait être fossile. Aujourd’hui nous avons l’avantage de cumuler les deux, c’est ce que j’appelle la réalité (l’effet richesse traditionnel) augmentée (l’impact de la valorisation future des flux de CF généré par cette nouvelle richesse). On a pu l’appeler dans le passé l’effet boule ou bulle de neige, mais dans le monde actuel, du digital, celui des jeux vidéo et des avatars vous constatez que vous n’avez plus peur que votre boule de neige fonde : 1) elle est virtuelle et 2) elle reviendra à la prochaine partie.
C’est pourquoi le mouvement d’expansion, nonobstant quelques à-coups (montée des taxes) destinés à attirer l’intérêt des investisseurs encore 100% taux va se poursuivre et alimenter la Grande rotation. Peu d’acteurs cotés en stock-picking dans le segment de la réalité augmentée à proprement parlé hormis les GAFA, le segment des jeux vidéo, CAD, 3D, sans parler bien sur des lunettiers et des prothèses auditives.
A bientôt.
Laurent
PS. Le futur me concernant prendra plutôt la forme d’une réalité combinée, qui pourrait vous conduire à une réalité augmentée. Mais nous en reparlerons dans quelques jours.