Regard sur les programmes foires et salons de l’Algérie à l’étranger….suite


2ème Partie- Quel est l’impact de la participation de l’Algérie dans ces manifestations ?

On sait qu’un exportateur participant à un salon à l’étranger vise essentiellement un objectif de recherche de débouchés pour ses produits ou services. On peut légitimement se poser la question de savoir quel a été l’impact de la participation de l’Algérie dans ces manifestations à l’étranger. Est-ce que le niveau des exportations de l’Algérie vers ces pays a augmenté ? Quel a été le retour sur investissement pour les exposants ?

Il est utile de rappeler le résultat fort intéressant d’une étude sur l’impact des foires et salons internationaux en France réalisée en 2015. Cette étude a permis de montrer qu’environ 80% des exposants réalisent des transactions durant les 10 mois qui suivent la manifestation et que les exposants étrangers dans ces manifestations en France réalisent les ¾ de leurs chiffres d’affaires généré par leur participation à ces foires avec des clients eux-mêmes étrangers. Le retour sur investissement pour une participation à un salon international en France est de 1 pour 10.

On peut valablement considérer que ces résultats sont transposables pour les grands salons internationaux ou mondiaux se déroulant dans d’autres pays développés et qu’en conséquence, l’impact sur le niveau des échanges commerciaux avec les pays organisateurs de ce type de manifestations professionnelles n’est pas direct.

Par contre, pour les manifestations organisées dans un pays en voie de développement et notamment les expositions spécifiques, l’incidence sur le niveau des exportations vers ce pays est certainement (ou devrait être) plus directe. 

Partant de ces hypothèses, on peut examiner le niveau des exportations H.H de l’Algérie avec quelques pays en voie de développement dans lesquels elle a été présente assez régulièrement. Il s’agit notamment du Niger, du Sénégal, de l’Egypte, du Soudan, du Vietnam, de Cuba.

La source des statistiques utilisées est celle de ITC Genève. Le chapitre 27 du S H a été soustrait des statistiques pour obtenir les exportations Hors Hydrocarbures.

Cas du Niger

L’Algérie a organisé 6 expositions spécifiques de 2008 à 2011 et de 2017 à 2018.

On remarque que les exportations HH sont quasiment en baisse continue depuis 2011 pour atteindre 330 000 dollars US en 2017 alors que la moyenne des exportations H.H est de 8, 4 millions dollars sur les 11 années avec un pic de 25, 355 millions dollars en 2009.

Cas du Sénégal

L’Algérie a participé à 9 éditions de la foire internationale de Dakar avec 2 absences en 2009 et 2010.

Si on excepte les 2 années 2015 et 2017 où on avait enregistré les 2 seules fois des niveaux très élevés d’exportation de sucres, la tendance est plutôt baissière avec une légère reprise en 2017 (4,548 millions $ hors sucres) tirée par les produits du chapitre 28 (2,100 $ ) et du chapitre 85 (827 000$ ).

Cas de l’Egypte

L’Algérie a été présente à 9 éditions de la foire internationale du Caire dont 6 en guichet unique et 2 absences en 2010 et 2011.

On constate là aussi une tendance baissière à l’exception de l’année 2016 où on a enregistré un pic très élevé de 44 millions $ alors que la moyenne annuelle se situe à 12,666 millions sur les 11 années et qui s’explique par une exportation exceptionnelle de sucres et de câbleries vers l’Egypte. A noter que les sucres ne faisaient pas partie des produits exposés dans le pavillon Algérie.

Cas du Soudan

L’Algérie a été présente dans 8 éditions de la foire internationale de Khartoum.

Les exportations vers ce pays sont dérisoires et se limitent à une douzaine de familles de produits dont les montants relèveraient plus de l’échantillonnage que d’un courant commercial ( même avant la division de ce pays en deux en 2012) à l’exception toutefois de montants très significatifs d’exportations des sucres et des sucreries vers le Soudan du Nord s’élevant à près de 107 millions$ sur 4 années (de 2010 à 2013 ) ainsi que des exportations relativement notables d’ouvrages en caoutchouc lesquelles ont d’ailleurs fini par cesser en 2013. Les exportations vers ce pays sont pratiquement nulles de 2014 à 2017.

Cas du Vietnam

 L’Algérie a été présente dans 7 éditions de la foire internationale de Hanoï dont 5 fois sous forme de guichet unique.

Les montants des exportations ne sont pas importants et on observe avec satisfaction que la tendance est à la hausse. Le montant le plus élevé a été de 2,415 millions$ et a été enregistré en 2017. 

Cas de Cuba

 L’Algérie a été présente dans 10 éditions de la foire internationale de la Havane.

Les exportations H.H vers ce pays sont désespérément nulles depuis pratiquement l’année 2013.

Conclusion et recommandations

- il apparaît globalement que la participation algérienne dans les manifestations commerciales à l’étranger durant les 11 dernières années n’a pas donné les résultats escomptés et ne s’est pas traduite par un accroissement significatif des exportations H.H au regard des dépenses engagées par les pouvoirs publics et par les exposants pour prendre part à ces manifestations.

-la démarche pour l’élaboration du programme officiel de participation de l’Algérie aux foires et manifestations économiques à l’étranger devrait être repensée.

- le choix des pays et des manifestations doit tenir compte notamment du potentiel effectif des produits disponibles à l’exportation et devrait reposer sur des critères objectifs de sélection.

- il conviendrait de privilégier fortement la participation dans les salons professionnels et préférer la qualité des exposants au lieu de la quantité laquelle est souvent recherchée pour des raisons probablement de prestige. La qualité des exposants peut s’apprécier à travers notamment la vérification de leur capacité et potentiel à l’exportation, le degré de leur préparation à la manifestation, l’existence au sein de l’entreprise exposante d’une stratégie export. C’est à ce prix que la participation de l’Algérie dans des manifestations à l’étranger sera plus efficiente et que les dépenses de fonds publics liées à ces manifestations pourront induire une croissance des montants des exportations.

-les exposants devraient être coachés dans la préparation de leur participation tant il est vrai que souvent les exposants sont mal préparés et ne savent pas comment participer efficacement à un salon de dimension internationale, ce qui se traduit négativement sur leurs résultats. Participer à une manifestation internationale à l’étranger est une opération coûteuse. C’est un investissement qu’il faut savoir rentabiliser. 

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