REGARD (Sur une société qui se maltraite) - Chapitre 13 - Polarités
Il est difficile de rester objectif et de penser de manière autonome à notre époque. « Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi. » Il faut nécessairement prendre parti désormais. Notre société ne cesse de se polariser. Si vous ne dites rien contre Macron, c’est que vous êtes pro-Finance. Si vous ne soutenez pas le mouvement LGBTQ, vous êtes soupçonné d’être homophobe. Vous pensez qu’Éric Zemmour dit parfois des choses censées ? Cela veut dire que vous faites partie de la fachosphère. Vous rêvez d’un monde meilleur pour vos enfants ? Alors vous êtes un bobo bienpensant déconnecté de la réalité du monde.
Si nous faisions le choix du recul et de la réflexion, plus que celui de l’immédiateté instinctive, nous pourrions sûrement mieux nous comprendre et sortir de l’opposition systématique. Mais cela déplaît. Paradoxe absolu : c’est aussi grâce à la confrontation et à l’opposition que la société avance. Mince, moi qui croyait avoir enfin touché du doigt une vérité absolue, je réalise que j’en arrive à me contredire. Pire : je prône une prise de recul alors que je n’hésite pas à entrer, parfois, dans une confrontation directe. C’est très angoissant pour moi tout ça.
La question que je me pose c’est : est-ce que nous pourrions vivre dans un bien-être absolu et généralisé ? Nous nous lèverions demain matin et tout irait bien. Plus de guerre, de combat, chacun serait accepté pour ce qu’il est, les gens n’auraient plus peur de la différence, plus de volonté de domination. Mais il n’y aurait plus rien à casser alors ? Ben non. Vite, vite un Lexomyl. Nous sommes certes... Lire la suite.