Relire Philippe Muray vous aidera a comprendre Ségolène Royal
Il est des écrivains qui ne prennent pas une ride et dont la plume acérée révèle le fond de personnages publics bien avant qu'ils aient donné toute leur force...Philippe Muray était de ceux la et les "exorcismes spirituels" de 2004 nous rappellent à quel point son regard sans pitié pour la vacuité abyssale des "politiciens communicants" nous manque...
Notre Ségolène royale peut espérer passer à la postérité avec de multiples titres de gloire, dont deux tous frais: pulvériser les records d'indécence en agressant le ministre Olivier Véran au moment même ou tout le pays doit se mobiliser contre une épidémie, et les records de myopie en espérant en tirer bénéfice :
https://www.lefigaro.fr/politique/royal-poursuit-sa-strategie-d-opposition-radicale-20200318
Mais certainement ce qui restera d'elle dans l'histoire, comme tant de personnages de Saint Simon qui n'existent plus que par ses portraits assassins, c'est ce magnifique texte de Philippe Muray, que je vous retranscris pour vous distraire dans ces périodes de confinement.
Le sourire a visage humain
Philippe Muray, Exorcismes spirituels IV, 2004
Notre époque ne produit pas que des terreurs innommables prises d’otages à la chaîne, réchauffement de la planète, massacres de masse, enlèvements, épidémies inconnues, attentats géants, femmes battues, opérations suicides. Elle a aussi inventé le sourire de Ségolène Royal.
C’est un spectacle de Science Fiction de le voir flotter en triomphe, les soirs électoraux, chaque fois que la gauche, par la grâce des biens votants, se trouve rétablie dans sa légitimité transcendantale. On en reste longtemps halluciné comme Alice devant le sourire en lévitation du chat de Chester, quand le chat lui-même s’est volatilisé et que son seul sourire demeure suspendu entre les branches d’un arbre.
On tourne autour, on cherche derrière, il n’y a plus personne, il n’y a jamais eu personne. Il n’y a que le sourire qui boit du petit-lait, très au dessus des affaires du temps, indivisé en lui-même, autosuffisant, auto-satisfait, imprononçable comme Dieu, mais vers qui tous se pressent et se presseront de plus en plus comme vers la fin suprême.
C’est un sourire qui descend du socialisme comme l’homme descend du coelacanthe, mais qui monte aussi dans une spirale de mystère vers un état inconnu de l’avenir ou il nous attend pour nous consoler de ne plus ressembler à rien.
C’est un sourire tutélaire et symbiotique. Un sourire en forme de giron. C’est le sourire de toutes les mères et la Mère de tous les sourires.
Quiconque y a été sensible une seule fois ne sera plus jamais pareil à lui-même.
Comment dresser le portrait d’un sourire ? Comment tirer le portrait d’un sourire, surtout quand il vous flanque une peur bleue ? Comment faire le portrait d’un sourire qui vous fait mal partout chaque fois que vous l’entrevoyez, mal aux gencives, mal aux cheveux, aux dents et aux doigts de pieds, en tout cas aux miens ?
Comment parler d’un sourire de bois que je n’aimerais pas rencontrer au coin d’un bois par une nuit sans lune ?
Comment chanter ce sourire seul, sans les maxillaires qui devraient aller avec, ni les yeux qui plissent, ni les joues, ni rien, ce sourire a part et souverain, aussi sourd qu’aveugle, mais à haut potentiel présidentiel et qui dispose d’un socle électoral particulièrement solide comme cela n’a pas échappé aux commentateurs qui ne laissent jamais rien échapper de ce qu’ils croient être capables de commenter ?
C’est un sourire qui a déjà écrasé bien des ennemis du genre humain sous son talon de fer (le talon de fer d’un sourire ? La métaphore est éprouvante j’en conviens, mais la chose ne l’est pas moins) : le bizutage par exemple, et le racket à l’école. Ainsi que l’utilisation marchande et dégradante du corps féminin dans la publicité.
Il a libéré le Poitou Charentes en l’arrachant aux mains des barbares. Il a lutté contre la pornographie à la télé ou contre le string au lycée. Et pour la cause des femmes. En reprenant cette question par le petit bout du biberon, ce qui était d’ailleurs la seule manière rationnelle de la reprendre ; et de la conclure par son commencement qui est aussi sa fin.
On lui doit également la défense de l’appellation d’origine du chabichou et du label des vaches parthenaises. Ainsi que la loi sur l’autorité parentale, le livret de paternité et le congé du même nom. Sans oublier la réforme de l’accouchement sous X, la défense des services publics de proximité et des écoles rurales, la mise en place d’un numéro SOS violences et la promotion de structures passerelles entre la crèche et la maternelle.
C’est un sourire près de chez nous, un sourire qui n’hésite pas à descendre dans la rue et à se mêler aux gens. Vous pouvez aussi bien le retrouver un jour ou l’autre dans la cour de votre immeuble, en train de traquer de son rayon bleu des encoignures suspectes de vie quotidienne, et de balayer des résidus de stéréotypes sexistes, de poncifs machistes, ou de clichés anti-féministes. C’est un sourire qui parle tout seul. En tendant l’oreille, vous percevez la rumeur sourde qui en émane et répète sans se lasser : « formation, éducation, culture, aménagement du territoire, émancipation, protection, développement durable, agriculture, forums participatifs, maternité, imaginer Poitou-Charentes autrement, imaginer la France autrement, imaginer autrement autrement »
Apprenez cela par cœur je vous en prie , vous gagnerez du temps.
Je souris partout est le slogan caché de ce sourire, et aussi son programme de gouvernement. C’est un sourire de nettoyage et d’épuration. Il se dévoue pour en terminer avec le jugement terminal. Il prend tout sur lui, christiquement, ou plutôt ségolènement. C’est le Dalaï Mama du IIIème millénaire. L’Axe du Bien lui passe par le travers des commissures. Le Bien ordinaire comme le souverain Bien. C’est un sourire de lessivage et de rinçage. Ce n’est pas le sourire du Bien, c’est le sourire de l’abolition de la dualité tuante entre Bien et Mal, de laquelle sont issus tous nos malheurs, tous nos évènements, toutes nos vicissitudes et toutes nos inventions, c'est-à-dire toute l’Histoire. C’est le sourire que l’époque attendait, et qui dépasse haut la dent l’opposition de la droite et de la gauche, aussi bien que les hauts et les bas de l’ancienne politique.
Un sourire a-t-il d’ailleurs un haut et un bas ? Ce ne serait pas démocratique. Pas davantage que la hiérarchie du Paradis et de l’Enfer. C’est un sourire qui en finit avec les vieilles divisions et qui vous aidera à en finir aussi. De futiles observateurs lui prédisent les ors de l’Elysée, ou au moins les dorures de Matignon, alors que les affaires se situent bien au-delà encore, dans un avenir où le problème du chaos du monde sera réglé par la mise en crèche de tout le monde, et les anciens déchirements de la société emballés dans des kilomètres de layette inusable.
Quant à la part maudite, elle aura le droit de s’exprimer, bien sûr, mais seulement aux heures de récréation. Car c’est le sourire qui sait, même s’il ne le sait pas, que l’humanité est parvenue à un stade si grave, si terrible de son évolution qu’on ne peut plus rien faire pour elle sinon la renvoyer globalement et définitivement à la maternelle.
C’est un sourire de salut public, comme il y a des gouvernements du même nom. C’est évidemment le contraire d’un rire. Ce sourire là n’a jamais ri et ne rira jamais, il n’est pas là pour ça. Ce n’est pas le sourire de la joie, c’est celui qui se lève après la fin du deuil de tout. Les Thanatopracteurs l’imitent très bien quand ils font la toilette d’un cher disparu.
Ancien DG de l'UFE. Photographe amateur
4 anselle gagne même en intégrant le paléolithique ! un pintade fossilisée
Rédacteur indépendant chez JOLIVET LUDOVIC
4 ansBonjour, Lorsque le sage montre la lune du doigt...
Ingénieur support DESP
4 ansNous avons eu des génies féminin (Marie Curie, etc....) et nous avons des génies sans bouillir sans imagination avec un eggo . Elles se font sortir par la porte et on l'a retrouve à la fenêtre .
Ingénieur Retraité
4 ansBravo à Yves Bréchet pour ce pastiche. Dire que nous avons failli l'avoir comme Présidente de la République me fait frémir.
Integration whole engine manager at Safran Aircraft Engines / SAFRAN Group (G14)
4 ansPhilippe Muray ...un des derniers grands pamphlétaires de notre littérature. C est l ensemble de son œuvre qu il faut parcourir pour ne pas devenir des mutins de Panurge. Merci de l avoir cité