Remise à zéro - par Nadège Viel

Interview réalisée par Coline Vivier (promo 2018) et Manon Begue (promo 2019)

Nadège Viel est diplômée de l'ENSAIA en 2013 (spécialisation DEFI). Elle est consultante en agro-environnement.

Comment t’aies venu l’idée d’écrire une fiction sur le monde futur ?

Dans le cadre professionnel, j'accompagne des agriculteurs sur les thématiques en lien avec le changement climatique (comment limiter l'impact de l'agriculture sur l'environnement, et inversement comment être moins touché en tant qu'agriculteur par le changement climatique). J'anime également régulièrement des formations pour des conseillers, où nous abordons les conséquences du changement climatique. Nous partons sur des projections du climat d'ici 50 ans, je me suis demandée à quoi pourrait bien ressembler notre planète à plus long terme. Dans 150 ans. 

Est-ce que tu as envie que le monde futur ressemble à ce que tu décris dans ton livre ?

Absolument pas ! Le monde que j'ai imaginé est complètement chamboulé. Les Etats n'ont pas assez misé sur les énergies renouvelables et les réserves d'énergies fossiles atteignent des seuils critiques. L'eau est devenue une denrée précieuse, gérée par une instance internationale via des quotas. La disparition des insectes et la montée du niveau des océans a modifié en profondeur les paysages et les modes de productions agricoles. Malgré tout cela, j'ai peur d'être restée trop optimiste : il y a des risques pour que le monde subisse ces changements beaucoup plus tôt... 

Ton livre, c’est aussi pour toi un moyen de sensibiliser sur ce sujet, pourquoi un tel format ?

J'adore lire et écrire : pour moi un roman fiction est un format qui permet de se faire plaisir tout en faisant passer des messages. J'ai fait le choix d'une écriture simple et fluide, pour que l'histoire se prête à tous les âges. Dans Remise à Zéro, j'aborde des sujets pas très rassurants : je tenais à ce que le roman se lise sans se prendre la tête. J'ai également fait le choix de ne pas laisser libre cours à mon imagination. Il n'y a pas de robots humanoïdes par exemple. C'est volontaire : je tenais à ce que ce monde futur ressemble encore à celui que nous connaissons actuellement, pour que les messages environnementaux et sociétaux résonnent dans l'esprit du lecteur.

Tu n’es pas à ta première tentative pour sensibiliser autour de toi (Citron et Citrouille)

D’où vient cet optimisme et cette énergie pour créer autour de l’écologie ?

J'observe au quotidien les changements et les répercussions de nos modes de vie occidentaux sur l'environnement : augmentation des températures, sécheresses, aléas climatiques beaucoup plus brutaux... Cela m'inquiète pour les générations futures : quelle planète allons-nous leur laisser ? Quel futur est-ce que nous voulons leur proposer ? J'ai envie de faire ma part. J'ai envie de sensibiliser le plus grand nombre, même si cela reste à ma petite échelle. Il n'y a pas de petite action : citoyen particulier, entreprise multinationale, Etat, nous avons tous un rôle à jouer. Je tiens à partager, à sensibiliser, tout en restant modeste (personne ne sera jamais parfait) et tout en gardant une onde d'optimisme (Citrouille & Citron, Remise à Zéro : tout ça reste bon enfant).

Comment ton parcours a construit tes convictions et cette volonté d’agir ?

Depuis toute petite, j'aime la nature. C'est ce qui m'a poussé à aller à l'ENSAIA, en spé DEFI. J'avais déjà une certaine sensibilité environnementale mais les cours m'ont appris à appréhender les situations dans leur globalité. J'y ai également développé des compétences en communication : comment adapter son discours au public, comment adopter une attitude bienveillante et basée sur les échanges. Et également, la plus belle leçon de vie tirée de l'ENSAIA : c'est en essayant qu'on apprend ! J'y ai passé de très belles années, où se sont côtoyés apprentissage technique et développement personnel, auprès de profs motivants et d'un super groupe d'amis. C'est aussi à l'ENSAIA que j'ai appris la force du travail de groupe : c'est comme pour le changement climatique, une petite action de chacun contribue à un beau résultat final.

Merci pour ces questions super intéressantes : elles changent des classiques "pourquoi ce titre". J'ai vraiment apprécié réfléchir à ces problématiques !

Coline & Manon