ReticulationS,  l’art de la science du mouvement - la science de l’art du mouvement

ReticulationS, l’art de la science du mouvement - la science de l’art du mouvement

Margherita Bergamo, Thierry Pozzo, Laurent Bonnotte

RéticulationS est un spectacle vivant en devenir, qui né de la rencontre entre trois spécialistes du mouvement humain. A partir de notre domaine respectif, nous nous sommes retrouvés autour de ce sujet si central à nos yeux, pour interroger l’usage des dispositifs numériques dans le champ artistique, et notamment dans les arts vivants (la danse tout particulièrement). De fait, c’est l’interaction humain-machine qui est mise en avant dans les formes développées.

L’interactivité se fait dans l’immédiateté. Elle est toujours échange direct à travers le regard (entre les individus ou entre l’individu et la machine, et ce même si d’autres sens sont impliqués (kinesthésique, vestibulaire, tactile, auditif principalement). L’interactivité est présente dans RéticulationS, pour mieux rendre compte du phénomène et de sa limite dans les relations intersubjectives. Lorsqu’on est en interaction avec une machine on n’est plus tellement avec ce (ceux) qui nous entoure(nt).

Même un dispositif élaboré d’interaction par captation de mouvements ne simule que très superficiellement les relations effectives entre les êtres vivants, et selon des modalités sensorimotrices bien particulières. C’est cependant sur ces particularités que l’on trouvera des manières de créer, ou encore des applications éducatives, thérapeutiques et autres, qui peuvent être pertinentes. Ce sont vraisemblablement ces formes d’échanges « pauvres » entre l’humain et l’outil captant et simulant qui éveillent la conscience (une conscience incarnée), car cela demande un réajustement de notre part.  

Pour RéticulationS nous souhaitions partir de cela et tenter de provoquer un autre phénomène qu’est la correspondance. En schématisant un peu, on la distingue de l’interaction du fait qu’elle se passe dans la durée et sans forcément appauvrir la relation avec notre environnement direct. Elle change l’intersubjectivité entre les gens sans pour autant accaparer toute leur attention. C’est comme lorsque deux ou plusieurs personnes marchent ensemble, qu’elles n’ont pas besoin systématiquement du regard pour s’accorder, ressentir le rythme, la direction, l’intention et, plus généralement, la présence de l’autre à travers leur déambulation commune. Cette notion de « correspondance » se base sur les propos de l’anthropologue Tim Ingold dans son livre Faire, Anthropologie, Archéologie, Art, Architecture. Elle n’est pas faite de lignes droites, propres aux interactions par le regard, mais plutôt d’une nébuleuse de liens rizhomatiques.

Les installations numériques qui jouent essentiellement sur l’interactivité, se focalisent peut-être trop souvent sur le côté spectaculaire et technique de la capacité machinique à réagir et produire des effets visuels et/ou sonores auprès du public. C’est une possibilité qui offre parfois des créations très intéressantes. Pour autant, d’autres démarches créatives s’inscrivent dans un usage plus décalé du système numérique et RéticulationS se conçoit ainsi. C’est une tentative pour remettre au centre du dispositif les relations intersubjectives essentielles à l’existence et aux arts vivants.

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