Retour sur la conférence « The future of Mobility » by Waze (E-commerce One-to-One Monaco 2018)
Ou la révolution de la mobilité vue et expliquée par Waze
Vous allez me dire… « Mais… c’était il y a un mois au moins, non ? ». Et je vous répondrais (sereinement)… « Oui en effet ».
La conférence « The Future of Mobility » a eu lieu le 20 mars 2018 au Salon E-commerce One- to-One de Monaco. C’était d’ailleurs la plénière d’ouverture du Salon.
Une heure animée et orchestrée par Fej Shmuelevitz, VP Community & Operations de Waze, durant laquelle il a partagé la vision de Waze sur la mobilité de demain et sur l’évolution & l’impact du "transport" dans les zones urbaines… tout cela à coup de chiffres… de partage d’expériences… de cas d'usages…
Une conférence que j’ai personnellement beaucoup appréciée pas tant pour sa dimension « prospective » (car au final rien « d’ébouriffant ») mais car elle s’est placée comme un véritable moment de partage. L'occasion d'en savoir plus sur les fondements de Waze, leur démarche de travail (évoquée avec transparence) et leur philosophie. L'occasion également de prendre connaissance de quelques chiffres de marché très intéressants.
J’avais promis un partage de mes notes. Je n’avais pas encore eu le temps de formaliser tout cela. C’est maintenant chose faite.
Comment Fej Shmuelevitz, décrit-il la vision/la mission de Waze ?
Il dit « Waze doit participer à la prochaine révolution qui sera la révolution de la mobilité ». Vaste programme. Ce sont donc sur ces belles paroles que la suite de l’histoire va être déroulée.
Selon lui, nous nous trouvons actuellement dans une situation paradoxale, tiraillés entre « imagination » et « réalité ». Oui mais concrètement, que veut-il dire par là ?
Côté imagination ? par exemple Elon Musk qui se voit comme nouveau conquérant de l’espace et des transports . Avec le projet SpaceX, il s’imagine déjà ouvrir l’espace comme nouveau terrain de vie ou révolutionner le transport en proposant un Paris-New York en 30 min.
Oui mais la « réalité » et le quotidien sont tout autre. Il faut aujourd’hui faire face à des villes de plus en plus saturées par le trafic. Le phénomène s’est accentué ces dernières années, notamment du fait de l’exode des régions rurales vers les zones urbaines.
Ce phénomène contrecarre les promesses de demain et, en réalité, la mobilité devient (est devenue ?) compliquée.
Petite pause chiffres : les grandes villes vues par leur trafic
Fej Shmuelevitz nous partage quelques métriques sur le taux de saturation des villes en termes de trafic.12 villes sont déroulées à l’écran avec pour chacune le temps moyen nécessaire pour effectuer un kilomètre. On voit par exemple Seattle ouvrir le bal, avec peu plus d’une minute pour réaliser un kilomètre.
Paris de son côté affiche 2 minutes de moyenne, se situant dans le même trend que des villes comme Kuala Lumpur ou Londres.
Puis on commence à rentrer un peu dans le dur avec Jakarta ou Sao Paulo qui se rapprochent dangereusement des 3 minutes.
Et la barre des 3 minutes est allègrement franchie par Bogota qui est cependant larrrrgeeement dépassée par Manille (avec un quasi 4 minutes de moyenne pour réaliser un kilomètre).
Le trafic se densifie. Et, pour pouvoir agir, il faut comprendre le contexte dans lequel nous nous trouvons.
Selon Fej Shmuelevitz, plusieurs facteurs peuvent avoir un impact sur le trafic et l’organisation de la vie au sein de la ville. Il structure sa démonstration au travers de 3 piliers : BIG / UP / SLOW.
Côté « BIG », principal constat : l’équipement des foyers a évolué. L’auto est devenue un produit de convenance. Un peu comme nous l’avons connu avec le mobile.
Les foyers sont de plus en plus équipés : 39 millions de véhicules sont recensés en France / 83% des foyers français ont au moins un véhicule / 30% des foyers ont 2 véhicules ou plus.
Côté « UP », c’est finalement la continuité du BIG. Les foyers sont de plus en plus équipés… DONC…il y a de plus en plus de voitures (CQFD).
2 principaux constats partagés, preuves de l’accélération de la présence de l’automobile dans nos vies : Une croissance constatée du nombre de véhicules en France s’élevant à 20% au cours des 20 dernières années / Si on regarde à un niveau mondial, on note un record des ventes (+ 80M de voitures par an).
Côté « SLOW »… Même si ce marché est en croissance… cela ne veut pas forcément dire que tout s’accélère. Bien au contraire.
Quand on regarde l’envers du décor, on peut même se laisser dire que tout ralenti : la mise en marché/commercialisation d’un véhicule met en moyenne 8 ans / L’âge moyen des voitures en France est de 9 ans / La flotte automobile se renouvelle en moyenne tous les 20 ans.
Une révolution de la mobilité est-elle en cours ?
Après le partage de ces 3 piliers (BIG, UP, SLOW), et plus particulièrement le dernier, le constat posé est le suivant : dans ce contexte, un changement/révolution technologique ne pourra pas se faire du jour au lendemain.
Il y a donc ce que l’on souhaite et la réalité. Une flotte qui se renouvelle tous les 20 ans implique une bascule progressive.
Il y aura une révolution. Elle a démarré. Cependant, elle ne pourra aboutir sur un cycle court.
Selon Waze, la révolution se fera au travers de 3 aspects : L’énergie (essence-pétrole VS électromobilité) / La technologie (percée technologique comme par exemple sur les accumulateurs : meilleure autonomie /coût plus faible et abordable…) / L’usage (posséder un véhicule vs le partager vs le louer).
Voilà la situation.
Alors comment Waze va participer à cette révolution ?
Avant de répondre à cette question, Fej revient sur les origines et la création de Waze.
Comment est né Waze ? Tout simplement d’un constat : à l’époque la technologie GPS était proposée aux usagers pour la « modique » somme de… 750 dollars. En parallèle un constat important était fait concernant l’usage du GPS. En moyenne un détenteur GPS utilisait la techno 2 fois par mois.
Bref, l’offre était donc trop chère pour l’usage qui en était réellement fait.
L’objectif : rajouter une couche complémentaire/un service additionnel afin d’augmenter l’usage du GPS. L’idée : chaque fois qu’un radar était repéré, il était signalé et encodé. Cela permettait alors de générer un fichier texte. Ce fichier de recensement des radars était ensuite ajouté au logiciel de navigation initial. La carto des radars a été créée en 15 jours.
L’idée initiale de Waze était donc née.
Oui mais voilà. Le fabricant des cartes mis à disposition dans les GPS a estimé qu’il y avait atteinte aux conditions du contrat. Une lettre d’avocat est alors adressée aux équipes Waze et ils sont sommés d’arrêter ce service. Il fallait donc trouver un nouvel angle d’attaque.
Le nouvel objectif : devenir le « Wikipedia » de la cartographie (avec une différence de taille : 100 % des utilisateurs contribuent à l’évolution du service par l’usage même de ce dernier – car au-delà des signalements, le simple fait d’utiliser le service permet d’avoir la vitesse de conduite, un aperçu des zones de difficultés, etc… et de pouvoir, une fois agrégés, partager ces informations avec la communauté –).
Waze, ou la force d’une communauté
Tous les utilisateurs Waze, de par leurs déplacements, donnent des informations de cartographie sur les routes qu’ils empruntent. Au fil de l’utilisation et en compilant toutes les données reçues, Waze a donc pu (re)constituer sa propre cartographie.
Waze a simplement fait appel aux éditeurs de cartes pour gérer l’ajout de certaines « surcouches », par exemple pour le nom des rues (qui ne sont pas déclarés par les utilisateurs).
Outre la partie de constitution de la carto (qui est cependant l’un des fondements du service), le 2nd point-clé est la communauté.
Les cartes du monde changent a un taux de 10/15% par an. Waze récupère les informations issues de la communauté en temps réel et recompilent les cartes du monde tous les jours. Waze a su constituer une communauté forte qui assure la pérennité, l’évolutivité et la pertinence du service proposé.
Fej Shmuelevitz partage les chiffres clés de « la communauté/écosystème Waze » et c’est impressionnant : Côté conducteurs, ce sont plus de 100 millions d'utilisateurs actifs par mois / Côté « Editeurs de carto », ce ne sont pas moins 500 000 bénévoles actifs / Enfin du côté des ajouts et des mises à jour de cartes, ce sont près de 15 000 modifications qui sont réalisés chaque mois.
La communauté Waze est structurée et organisée et compte plusieurs types de profils. Chacun est bénévole… avec un rôle défini. Fej Shmuelevitz le dit clairement : « La communauté fait partie du produit. »
Bon si on résumé, quels sont les fondamentaux de Waze ?
En ultra-synthétique, 2 pans définissent Waze : La cartographie / La communauté
Et si Waze allait plus loin que le « simple » Outsmarting Traffic Together (« Déjouons le trafic ensemble ») proposé à ses utilisateurs ?
Octobre 2012 : la maison blanche appelle Waze dans le cadre de l’ouragan Sandy.
Le gouvernement avait besoin d’informations concernant les stations-services. Il a alors compté sur Waze et sa communauté pour connaître le mapping des stations-services et plus particulièrement celles dans lesquelles du carburant était encore disponible. Ces données ont pu être extraites et envoyées au gouvernement afin de les aider dans leurs actions.
Ce cas a donné naissance au programme des « citoyens connectés ». L’idée du programme : l’échange d’informations, Waze ayant pour métier de mettre à disposition de la donnée en temps réel.
En contre-partie les « citoyens connectés » donnent les infos sur les événements potentiels (marathon, event dans la ville qui impacterait la circulation…). Exemples : la course Paris-Versailles ou la visite du pape à Philadelphie.
L’info peut ainsi être adressée aux utilisateurs de la communauté Waze.
Quatre ans après le lancement du programme, Waze est partenaire de plus de 500 gouvernements et municipalités dans le monde entier.
Avec ce programme, Waze afffiche : Un reach atteignant plus de 2 milliards de personnes / Un partenariat établi avec 40% des plus importantes villes mondiales / Et 50 % des départements/services américains des transports.
La donnée Waze est également mise à profit pour ses partenaires (les villes notamment) afin d'améliorer leur gestion ou mieux comprendre les flux. La ville de Boston, par exemple, utilise Waze pour gérer le stationnement. La donnée de stationnement est remontée et une notification pour être déclenchée pour mettre une amende. D’autres municipalités utilisent la donnée Waze pour mesurer l’avant/après d’une modification de voirie.
Enfin dernier cas d’usage partagé à l’occasion de cette conférence : un cas autour des services d’urgence. Le constat était le suivant : 63% des personnes ne savent pas dire où ils se trouvent en cas de situation d’urgence. Waze apporte une réponse en transmettant directement l’information de localisation. La mise à disposition de cette donnée est précieuse.
En moyenne, un gain de 4min est constaté sur le temps de réponse et d’intervention des secours.
Et alors comment Waze voit-il l’avenir de la mobilité ?
La réponse qui a été adressée à cette question a finalement été assez « hétérogène » : beaucoup de constats, quelques analyses d’impacts mais sans solution concrète associée mais tout de même le partage d’un positionnement fort pour Waze dans l’avenir.
Comme préambule à sa réponse, Fej Shmuelevitz nous partage les constats suivants : En moyenne une voiture est utilisée 4% du temps / 1,3 million c’est le nombre de décès constaté sur les routes dans le monde.
En parallèle de cela, il y a bien sûr le sujet de la voiture autonome. Fej précise que 5 niveaux de maturité sont aujourd’hui identifiés. Le niveau de la voiture réellement autonome est à 5. Actuellement nous sommes à 2. La voiture autonome ne peut donc pas encore être une réponse viable et complète pour les problématiques évoquées précédemment.
Mais la technologie s’améliore et doit pouvoir apporter plus de sécurité et donc baisser le nombre de décès. Mais pas uniquement. La voiture autonome peut-elle être l’étape technologique qui permettra de tendre vers un usage du véhicule à 100% ? Ce n’est pas impossible : la voiture autonome peut remplacer jusqu’à 30 voitures existantes. Nous n'en serons pas plus sur la voiture connectée à ce stade :)
Autre point partagé : l'impact des modes de transports et leur évolution sur la société et ses infrastructures. La mobilité aura un impact sur les villes, l’urbanisation… Que vont devenir les parkings ? les stations-services ?...
Au sens de Waze la mobilité annonce une révolution. De nombreux impacts sont à prévoir : Impact sur les assurances…/ Impact sur la police (plus d’amendes, plus de radars) / Impact sur les infrastructures (parkings, stations essence..). Cette révolution s’assimile à la même révolution que celle connue avec le PC. La réflexion partagé restera à ce stade, pas de partage sur une analyse d'impacts plus poussée.
Enfin, Fej pense également que les enfants de moins de 5 ans n’auront pas l’occasion de conduire une voiture. Ils utiliseront lé véhicule « à la demande » comme un service. L'usage de la voiture telle que nous la connaissons devrait donc décliné. Il prend un exemple pour illustrer ce mouvement qui selon lui est déjà en marche. Dans les villes comme Seattle, les plus avancées, les ventes de voiture sont en baisse.
Et concrètement, quel est le rôle de Waze dans cette révolution?
Waze se voit jouer un rôle dans le développement du partage de véhicule, ou comment mettre en contact conducteur et passager. 90% des personnes qui conduisent sont seuls dans leur voiture. L’objectif : ajouter un « Wazer » à chaque « Pilote Waze » afin de réduire le nombre de véhicules avec des conducteurs uniques et réduire le nombre de véhicules sur les routes. Le projet : Waze Carpool.
En développant Waze Carpool, Waze entend connecter les conducteurs et les passagers avec des destinations similaires pour faire la navette ensemble sur les routes les plus optimales.
Voilà pour le partage concernant la conférence Waze.
A venir… le partage de notes de la conférence (forte intéressante de Google) qui a eu lieu le lendemain : Partnering in the Age of Assistance : the new battleground for growth ;)
Développeur Ruby / Ingénieur logiciel chez Colisweb
6 ansMerci pour l'article !! Superbe
Chief consulting Officer @Ontrust - Cabinet d'experts freelance en marketing digital : #search #acquisition #data #ecommerce #tradingmedia #programmatique
6 ansTrès instructif !
Consultante en transformation - agilité - expérience client
6 ansAssurément un acteur majeur dans la mobilité de demain
Data Quality Manager chez Saint-Gobain Distribution Bâtiment France
6 ansArticle très intéressant pour ceux qui s'intéressent à la mobilité.
Parcours client marketing et digital chez Groupe Tressol-Chabrier
6 ansMerci pour ce travail Olivia ! Je retiens un chiffre : 4% de taux d’utilisation de chaque véhicule. En baisse depuis 2016...