Revue archéologique de Picardie

Revue archéologique de Picardie

Vient de paraître

LE PRIEURÉ CLUNISIEN NOTRE-DAME ET SAINT-BABYLAS DE NANTEUIL-LE-HAUDOUIN (OISE) (fin XIe-fin XVIIIe siècle) HISTOIRE ET ARCHEOLOGIE

Coordination Philippe Racinet

Revue Archéologique de Picardie, N° spécial 33-2018

215 pages et 211 figures

En dépit de son intérêt scientifique qui est d'éclairer tout un pan du passé médiéval et moderne d’un bourg du sud-est de l’Oise, cette publication est en soi un défi qui reflète les approches, les conditions et les limites d’une opération menée entre 1986 et 1988.

Les méthodes comme les conditions matérielles ont grandement évolué et il est normal qu’un chantier réalisé il y a plus de trente ans ne soit pas en tous points au standard de l’archéologie de terrain du XXIe siècle. Loin d’être un obstacle à la publication, cette évolution pose même des questions méthodologiques intéressantes. Ainsi, pouvons-nous apprécier les résultats d’une approche contemporaine d’un établissement monastique fouillé anciennement.

Le site du prieuré clunisien de Nanteuil-le-Haudouin a fait l'objet d'une « fouille globale », non pas dans son exécution mais dans sa conception globale. L'édifice religieux, mieux préservé, apporte des éléments précieux de datation, points de fixation assurés d'une évolution complexe. Les édifices prioraux, davantage perturbés, sont analysés dans leurs structures. Les zones d'inhumation extérieures, au contact des édifices, sont étudiées précisément. Enfin, les abords du prieuré, qui sont parties intégrantes du complexe monastique, ne sont pas négligés : jardins, puits, terrasse, bâtiments annexes ou réservés à la familia. Au-delà, nous nous sommes efforcés de replacer ce prieuré dans un contexte socio-politique avec le château, urbain avec le bourg, religieux avec la chapelle des Marais et le prieuré d'Autheuil-en-Valois.

Les bâtiments du prieuré clunisien de Nanteuil-le-Haudouin, église et lieux réguliers, ont connu des transformations sans heurts majeurs entre la fin du XIe et la fin du XVIIIe siècle, soit sept siècles. Toutefois, deux moments forts peuvent être relevés. A la fin du XIIIe siècle, la transformation de l’église priorale en liaison avec l’apport de nouvelles reliques montre à la fois le rôle de conservatoire du monastère et ses liens privilégiés avec la famille seigneuriale locale. Par ailleurs, la mise en forme de l’époque moderne, dans le décor et dans la restructuration des lieux claustraux, rappelle que le monachisme bénédictin ne s’est pas éteint à la fin du Moyen Age et qu’il peut encore se renouveler jusqu’à sa disparition, provisoire, au moment de la Révolution française.

Dans le domaine funéraire, les apports des recherches historique et archéologique méritaient d’être soumis à la comparaison mais ils semblent importants pour la compréhension du dialogue entre les morts et les vivants instaurés par les moines, notamment clunisiens. Le rôle de sanctuaire familial joué par l’église priorale est indéniable sur la longue durée, ce qui est rarement le cas ailleurs. Même s’il règne au final une grande diversité, on a pu déceler des indices d’une certaine sectorisation des inhumations en fonction du statut des personnes et de leur âge, sans pouvoir toutefois savoir si elle résultait d’une époque particulière ou si elle était un fait pérenne. Enfin, il convient de souligner, pour y réfléchir à l’avenir, à la forte présomption d’une véritable politique funéraire dans la gestion spatiale des inhumations, le cas semblant être clair au moins dans la galerie de cloître fouillée.

Dans un domaine plus historique, si ce monastère ne se distingue pas vraiment des autres établissements de même grandeur, on doit souligner la diversité du petit réseau religieux animé par le prieuré de Nanteuil : églises paroissiales, chapelles, véritable prieuré, dépendance économique à statut particulier.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Daniel Piton

  • 2020

    2020

  • Revue archéologique de Picardie n° 3/4 - 2019

    Revue archéologique de Picardie n° 3/4 - 2019

    Prix : 32 euros Disponible dernière semaine de novembre Brochure 21 x 29,7, couverture couché satin 350 g, quadri recto…

  • Revue archéologique de Picardie

    Revue archéologique de Picardie

    Le numéro 1-2 de la Revue archéologique de Picardie est disponible au prix de 32 euros + frais de port sur le site :…

Autres pages consultées

Explorer les sujets