RINA, l'Internet non-IP qui va remplacer TCP/IP Le premier projet basé sur ce nouvel Internet
La première fois
La première fois que je l’ai vu, c’était en 2009, dans un amphi où Nathalie Kosciusko-Morizet, alors secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, intervenait dans une table ronde. Soudain NKM sembla me fixer avec un regard intense. Pourquoi me regardait-elle comme ça ?
Mais ce n’était pas moi qu’elle regardait. Son regard fixait quelqu'un avec des cheveux gris et une petite moustache, assis deux rangées devant moi : « Monsieur Pouzin ! je suis toute émue, c’est la première fois que je vous vois… en vrai !!! ».
Je me suis tourné vers une participante : « Qui c’est ? Il est connu ? « Un peu qu’il est connu » m’a-t-elle répondu, « mais c’est Louis Pouzin bien sûr !!! Vous n’aviez pas reconnu Louis Pouzin, le père de l'Internet ? !!! ». J’étais tout contrit.
Depuis j’ai souvent côtoyé Louis. Je l’ai invité, dans le cadre d’une association, pour intervenir dans un grand évènement que j’ai organisé, en janvier 2010, au Toit de la Grande Arche, Paris La Défense, sur l’Internet du futur. On a parlé de ce futur possible, et surtout on l’a montré. Louis Pouzin avec nous depuis la Défense, Vinton Cerf, depuis Palo Alto et Bob Kahn depuis Washington conversaient entre eux, répondaient aux questions sur grand écran, aux participants des deux amphis du Toit de la Grande Arche remplis et à ceux de 12 écoles d’Ingénieurs connectées à Paris et en Régions. Plus de 2000 participants ont assistés en direct à notre évènement. C’était en janvier 2010, les visio conférences, qui nous sont familières aujourd’hui, n’existaient pas. Il fallait tout créer. Nous étions accompagnés d’un expert de talent et d’expérience en architectures numériques : Michel Charron.
Nous avions aussi trouvé un financement conséquent, pour le pot de l'amitié, car cet évènement ouvert à tous et gratuit, nous le faisions avec un budget initial nul. Merci à Francis Bruckmann, à l’époque directeur adjoint de la Sécurité du Groupe Orange, d’avoir sponsorisé cet évènement. Michel Charron, Francis Bruckmann et moi, nous nous retrouvons aujourd’hui régulièrement dans le conseil d’administration de l’ARCSI (www.arcsi.fr).
Je n’étais pas à Buckingham Palace, en 2013, à la cérémonie où la reine d’Angleterre remettait aux cinq inventeurs de l’Internet, dont Louis Pouzin, Vinton Cerf et Bob Kahn, le prix Queen Elizabeth for Engineering pour leurs travaux novateurs qui dans le domaine de l'ingénierie, « ont changé le monde ».
Mais j’étais présent, à la Caserne des Célestins, à Paris, en juin 2019, où le général d’armée (2S) Marc Watin-Augouard a remis à Louis Pouzin, au nom du président de la république, la médaille d’officier de la Légion d’Honneur, sur fond des cors de chasse de l'orchestre de la Garde républicaine en grand uniforme.. Aujourd’hui nous sommes honorés quand Louis assiste régulièrement à nos « Lundi de la cybersécurité », en présentiel ou en distanciel.
John Day, le chercheur visionnaire, concepteur de l'architecture RINA
Suite à notre premier évènement du Toit de la Grande Arche, en juin 2010, toujours dans le cadre de la même association, nous avons organisé, à Issy-Les-Moulineaux, un deuxième évènement sur l’Internet du futur, autour de John Day, un chercheur américain invité à nous rejoindre à Paris par son ami Louis Pouzin. John Day, qui avait été un des concepteurs d'Arpanet, planchait sur une architecture numérique révolutionnaire qui pouvait coexister avec, ou remplacer Internet, si ce réseau s’écroulait, confronté au nombre d'utilisateurs pour lequel il n'avait pas été prévu à ses débuts. Un modèle non plus en couches, non plus basé sur les protocoles TCP/IP mais sur des bulles d’informations qui s’échangeaient des paramètres et aussi qui contenaient d’autres bulles qui contenaient d’autres bulles, et ainsi de suite, récursivement.
Techniquement on parle de DIF (Distributed Inter-Process-Communication Facility) ; un modèle de communication numérique pensé avec le souci de la « sécurité dès la conception » et de la « sécurité par défaut ».
C’était loin de la manière dont Internet, réseau d’échanges, financé par la DARPA, pour les centres de recherche, avait été programmé dans les années 1970. Les couches basses de l'Internet, qui n'intéressaient pas les industriels, n'ont que très peu changé depuis un demi-siècle. Mais autre temps, autre style. Avec RINA, une bulle récursive pour une partie de la France pourrait être implémentée, et notre souveraineté numérique nationale pourrait ainsi être assurée, le reste pouvant continuer à être basé sur l’Internet, modèle en couches et TCP/IP. Une sous-sous-sous-bulle pour nos « Lundi de la cybersécurité », avec des paramètres strictement contrôlés par RINA, pourrait assurer notre sécurité.
Ceci pourrait être une révolution…
Je ne vais pas m’étendre ici sur ce qu’est RINA – Recursive Inter-Network Architecture. Un passionné par les technologies du futur, Jean-Jacques Urban-Galindo, l’a très bien expliqué dans un premier post sur une orientation stratégique de RINA :
et dans un second post, plus technique, Jean-Jacques donne un approfondissement de l'architecture proposée avec un pointeur pour télécharger son papier « RINA pour les nuls », très accessible et en Français :
Internet n’aurait jamais décollé s’il n’était que spécifications définies par les RFC, Request for Comment, de l’IETF. Encore fallait-il pouvoir montrer au monde une application pratique, une transmission de paquets d’informations qui fonctionne. Pour Internet, ce fut en France le réseau Cyclades, avec les datagrammes imaginés par Louis Pouzin, puis aux USA le réseau ARPANET pour lequel les protocoles TCP/IP ont été définis. Ces technologies furent les préludes de l’Internet, tel que nous l’utilisons aujourd’hui.
De même, pour que RINA forme la base d’un réseau mondial du futur, coexistant ou même remplaçant l’Internet actuel mais non basé sur un modèle en couches, ni sur TCP/IP, il fallait pouvoir montrer au monde une première application pratique construite sur cette infrastructure réseau. Ce que nous allons faire dans notre Lundi de la cybersécurité du mois d'octobre.
Le Lundi de la cybersécurité du mois d’octobre avec Louis Pouzin, Chantal Lebrument et Ludovic Bouvier sur RINA
Quel plus bel écrin pour dévoiler au monde une application pratique sur RINA, que notre prochain Lundi de la cybersécurité ? !!!
Le lundi 19 octobre, 18 h 00 – 20 h 00, Louis Pouzin, Chantal Lebrument et Ludovic Bouvier (1) monteront en cyber-chaire pour nous présenter, en visio-conférence, RINA, ses fondamentaux, et un projet européen basée sur cette architecture !!!
Ludovic Bouvier présentera, en compagnie de Louis Pouzin et de Chantal Lebrument, dans notre Lundi de la cybersécurité du mois d’octobre, cette avancée fondatrice pour RINA. cette application européenne pourrait bien être à RINA ce que Cyclades et Arpanet furent à l’Internet. Cette application sera annoncée, pour la première fois dans un de nos « Lundi de la cybersécurité » mensuels ! Nous n’osions rêver mieux, même dans nos projets les plus audacieux. Mais avec Béatrice Laurent, Ahmed Mehaoua, responsable de l’équipe de recherche « Réseaux Multimédia et Sécurité » au Laboratoire d’Informatique de l’université de Paris, qui nous accueille dans ses amphis, rue des Saints-Pères Paris 6e, quand c’est en présentiel, ou nous permet d’utiliser la webconférence de l’université de Paris, quand c’est en distanciel, nous ne manquons pas d’audace et nous ne croyons pas qu’il existe des projets impossibles. Et pour le constater, demandez-moi de vous ajouter à ma liste de diffusion, si vous n’y êtes pas déjà (un ou deux courriels par mois) pour être tenus au courant de nos futurs "Lundi de la cybersécurité".
Je donne la plume à un des trois intervenants : Ludovic Bouvier
"Nous voyons aujourd’hui plus que jamais le lien étroit entre la cyberstabilité, la sécurité des infrastructures et les droits de l'homme. Nous commençons à regarder la cybersécurité comme une des grandes questions de notre temps. Dans un monde qui se divise et se fracture, la confiance est une question clé.
Les dimensions de la confiance touchent plusieurs aspects de notre société : financier, physique, l’espace numérique, l’espace social. Dans l’espace numérique, l’important est la manière dont les contrôles de sécurité et de confidentialité par conception dans tous les systèmes peuvent nous aider à penser et à développer cette confiance.
La ville intelligente repose fortement sur un réseau de capteurs connectés à Internet. Une des questions principale posée par la ville connectée est la confiance dans les systèmes. Nous le voyons aujourd'hui, Internet est attaqué de toutes parts, il n’est pas sécure et ne peut pas être sécurisable.
Le projet pilote que nous menons essaie de remettre la confiance aux coeurs des réseaux et des échanges. Après avoir étudié plusieurs alternatives à TCP/IP, nous avons décidé de travailler sur celle que nous estimons être la plus mature : RINA. La possibilité de sécuriser l’Internet des objets, dans le cadre d’un projet de ville intelligente, nous paraît être fondamentale pour créer ce cadre de confiance. Nous travaillons donc actuellement sur un “Toolkit Rina IoT et Smart Grid” pour démontrer de manière pragmatique que Rina est sécure par design, et ainsi créer une première brique de confiance qui, nous l’espérons, fera sens."
Je reprends la plume
Pour participer à ce Lundi de la cybersécurité d’octobre, qui pourrait bien être un évènement fondateur, il faut s’inscrire, ne serait-ce que pour recevoir, un peu avant le 19 octobre, le pointeur pour se connecter à la visioconférence.
Demande d'inscription
Une partie du temps sera consacrée aux questions/réponses par chat.
Suite à la situation sanitaire, ce Lundi de la cybersécurité se fera par visioconférence, organisée par l’université de Paris. La participation est gratuite, et la demande d'inscription par mail est obligatoire.
Le distanciel à l'avantage de nous permettre d'accueillir nos amis de Régions et d'ailleurs. Les demandes d'inscription sont à adresser à beatricelaurent.CDE@gmail.com avec « Inscription 19/10 » dans l’objet.
Ajoutez, si vous le souhaitez, dans le corps du courriel, quelques mots sur vous et sur l’intérêt que vous accordez au sujet traité.
A lundi 19 octobre, inscrivez-vous.
Gérard Peliks, organisateur avec Béatrice Laurent des "Lundi de la cybersécurité" mensuels , avec la coopération d'Ahmed Mehaoua, professeur à l'Université de Paris
(1) Intervenants
- Louis Pouzin est l’inventeur du concept de datagramme, implémenté dans le réseau Cyclades, dans les années 1970. Il est considéré comme étant le père de l’Internet.
- Chantal Lebrument est présidente d’Eurolinc et DG de la société Savoir-Faire, éditrice du produit Open-Root.
- Ludovic Bouvier est consultant dans le domaine des villes intelligentes. Il travaille actuellement sur un projet pilote d’innovation technologique appliqué à un territoire. Il est passionné par l'avenir d'Internet et sa gouvernance.
CEO/Founder Frigg - the first Decentralized Physical Infrastructure Network for blockchains and more...
1 ansC'est peut de le dire. 2024 sera un changement de paradigme 😊 et le programme RINA fera partie de l'aventure
Les "Lundi de la CyberSécurité" mensuels - Administrateur de l'ARCSI
4 ansDans le cadre d'une association, il y a quelques années, j'avais coordonné l'écriture d'un livre collectif "Mythes et légendes des TIC". J'avais écrit le premier article : "Mythes et légendes de l'Internet", dans la ligne éditoriale lancée pour ce livre : On souligne les croyances largement partagées, mais fausses et on rétablit la vérité. Ici j'ai traité par exemple "L'Internet est un réseau qui appartient à tout le monde" et "L'Internet est issu du réseau ARPANET". Quatre pages, six mythes, vous pouvez télécharger le fichier en : https://www.medef92.fr/fr/evenement/lundi-de-la-cybersecurite-du-mois-doctobre-2020 C'est une petite introduction pour le Lundi de la cybersécurité du mois d'octobre, par webinaire, le 19 octobre 18 h 00.
Les "Lundi de la CyberSécurité" mensuels - Administrateur de l'ARCSI
4 ansEn juin 2010, nous avions organisé un grand évènement sur le futur du socle de l'Internet, "Moving beyond TCP/IP", avec entre autres intervenants, John Day et Louis Pouzin. Il a été question des débuts d'Arpanet, des insuffisances de l'Internet (déjà il y a 10 ans) et des crédos de John Day. J'avais écrit un compte rendu que j'ai mis en téléchargement sur : https://www.medef92.fr/uploads/media/node/0001/33/4374b90810e662cdf7f25130246914d3728a01de.pdf