⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ 《 Salary Cap, ❝ Une espèce de cabale anti-toulousaine... ❞, Explications et réactions ! 》

👉 Didier LACROIX, président du Stade Toulousain 

👉 Bernard LEMAÎTRE, président du RC Toulon

👉 Deux présidents de club sous couvert d'anonymat

👉 Philippe SPANGHERO, entrepreneur, consultant, conférencier 

👉 Youenn GOUZERH, journaliste chez Ouest France 

[La masse salariale des clubs de Top 14 est actuellement plafonnée à 10,7 Millions d'€ par an. C'est le Salary Cap. Cette limitation vise à contenir toute spéculation sur les rémunérations par de gros investisseurs potentiels qui créerait un déséquilibre important entre les clubs. Ce Salary Cap permet, au contraire, de garantir une certaine équité.

Le "crédit Bleu" est une autorisation de dépassement de ce plafond accordée aux clubs, à hauteur de 180 000 € pour chaque international français de leur équipe professionnelle présent dans la liste Premium du XV de France.

Pour l'établir, selon le document transmis aux présidents, "la liste Premium est composée des 45 joueurs disposant du plus grand nombre de jours de mise à disposition du XV de France / indisponibilité pour le club de l’année civile…"

Une dérogation destinée à compenser les absences de ces joueurs lors des doublons en permettant ainsi, aux clubs concernés, d’étoffer leur effectif. Il ne s'agit en aucun cas d'une prime ou d'une indemnité quelconque versée par la LNR ou la FFR. Cette augmentation de masse salariale reste intégralement financée par les clubs.

Certains présidents militent pour une baisse du Salary Cap, dénonçant un rugby français vivant au-dessus de ses moyens. Mais, lors de leur réunion du 17 décembre dernier à Lyon, le débat s'est très vite porté sur la domination toulousaine et ce "crédit Bleu", particulièrement conséquent pour le club Haut-Garonnais, premier fournisseur du XV de France avec 11 internationaux sur l’année civile 2024, soit près de 2 Millions d'€ d'autorisation de masse salariale supplémentaire.

Une partie des présidents aurait alors proposé qu'au-delà de 6 internationaux par club, aucun crédit additionnel ne devrait être accordé. Ce qui reviendrait, aujourd'hui, à ne pénaliser que le Stade Toulousain et à diviser par deux son "crédit Bleu" (6 Bordelais, 6 Rochelais, 4 Toulonnais dans la liste Premium...). En s'attaquant à la masse salariale du club Rouge & Noir, ils espèrent ainsi réduire sa capacité à attirer et à garder les meilleurs joueurs.

Absent de la réunion de Lyon pour raisons personnelles, Didier Lacroix a pris soin d'adresser un courrier à l’ensemble des présidents du Top 14 et de Pro D2 pour défendre sa vision. Une vision partagée par Thomas Lombard (Stade Français), Laurent Marti (Bordeaux-Bègles), Vincent Merling (La Rochelle) et Bernard Lemaître (Toulon), soit les cinq plus grands fournisseurs du XV de France]

🙂 - D. Lacroix 

➤ [Midi Olympique/La Dépêche/Daylisports], 19 décembre 2024

❝ En préambule, je tiens à préciser que, si j’ai bien donné mon accord à Jacky Lorenzetti afin d’ouvrir le débat, il ne s’agit en aucune manière d’un accord sans condition sur la baisse du Salary Cap.

Certains clubs ont adapté leur économie pour respecter les contraintes importantes du Salary Cap, serait-il normal de le réguler encore au risque de les pénaliser et de les voir rejoints par les clubs n’ayant pas pris cette voie ?

Il convient juste de stipuler à cet égard que si 9 ou 10 clubs sont au plafond du Salary Cap, toute baisse éventuelle ne devrait pas modifier significativement les équilibres actuels de la concurrence.

Je suis bien évidemment et en toute subjectivité vent debout contre tout plafonnement, sauf à plafonner le nombre de joueurs sélectionnés par l’équipe de France (et de surcroît au même poste), ce qui vous le savez tous est impossible.

Les salaires sont-ils la variable d’ajustement de l’économie du rugby ? Sur un plan mondial, sur un plan national ? Sur l’équilibre entre le monde amateur et le monde professionnel ? Doit-on inviter la FFR et par là même les problématiques de l’économie du rugby mondial dans nos réglementations ? Doit-on revoir conjointement la rémunération des joueurs internationaux en leur disant clairement qu’en France, ils sont trop payés par rapport au reste du monde ?

Entre 2020 et 2023, le salaire moyen a augmenté en France de 16 % (source Insee). Les prévisions font état cette année d’une augmentation moyenne d’environ 2,5 %. Si notre Salary Cap était indexé sur l’inflation des salaires (ce qui ne me paraît pas illogique du tout !), il devrait être pour l’exercice 2024/25 de 11,3 M€ X 1,16 X 1,025 = 13,4 M€. Au lieu de cela nous l’avons ramené à 10,7 M€, soit une baisse de 20 % !

La compétitivité des clubs doit-elle se mesurer sur le terrain de l’extra sportif ? A priori, oui, puisque l’attractivité et ses ressources associées ne sont pas égales pour tous les clubs.

Sportivement, le constat est encore pire : plus le nombre de joueurs sélectionnés est faible, plus il est facile de remplacer le ou les joueurs concernés, mais quand le nombre est supérieur à 5, que dis-je : 7, 8… voir 11 cette année (pour Toulouse), c’est un vrai problème numérique dans l’effectif. On peut plafonner les crédits, si on plafonne le nombre d’internationaux ou si l’on refond les calendriers et/ou l’on remet en cause le nombre de matchs de l’année pour ne jouer qu’avec les internationaux (et supprimer les doublons) et donc remise en cause du 14 du fameux TOP 14… 

Je vous laisse le soin de tout remettre en cause, mais ce sera sans mon soutien, voire avec une opposition certaine qu’il conviendra de partager avec les clubs concernés car certes, à ce jour, la concentration des internationaux est importante, mais est-ce un réel frein à la performance ? ❞  (...)

🙂 - B. Lemaître 

➤ [Sud Radio/Blog RCT], 22 décembre 2024

❝ Personnellement, je ne suis pas favorable à un changement du Salary Cap et du crédit des internationaux Français. Je suis admiratif de ce que produit Toulouse en terme d’internationaux. Une règle est en place et elle favorise Toulouse d’un certain côté car ces crédits, ce ne sont pas des primes mais des autorisations à dépenser plus.

Le Salary Cap de Toulouse atteint entre 13 et 14 Millions d’€ tandis que d’autres clubs doivent se plafonner à 10 Millions d’€. Cela créé une inégalité. Est-ce que en corrigeant cela, on va en tirer des avantages ? Je ne crois pas. Je pense qu’il faut récompenser la vertu avant de faire l’inverse.

Les joueurs ne sont pas sélectionnés car ils sont toulousains mais pour leurs qualités. Après, il y a quelques modularités à adopter, quelques corrections à faire, mais je ne suis pas favorable à pénaliser Toulouse car ils ont beaucoup d’internationaux. Et je ne suis pas favorable à changer les règles régulièrement.

Il faut une stabilité. Le Salary Cap a été maintenu jusqu’en 2027. Après, il sera temps de discuter pour évoquer certains changements. ❞ 

🙂 - Un premier président sous couvert d'anonymat 

➤ [Midi Olympique], 18 décembre 2024

❝ J’ai l’impression que les présidents ne se sont pas réunis pour débattre du Salary Cap mais des crédits Salary Cap pour les internationaux (crédit Bleu). Et donc du Stade toulousain.

Certains sont probablement un peu las de l’hégémonie toulousaine et estiment que le premier pas pour la freiner se situe dans l’aménagement de ces crédits là. ❞

🙂 - Un second président sous couvert d'anonymat

➤ [Midi Olympique], 18 décembre 2024

❝ Ce débat fut riche et cordial. Personnellement, je soutiens le plafonnement de ce crédit là (crédit Bleu) mais j’ai aussi beaucoup aimé ce qu’a soulevé un de mes collègues lors de l’audience :

Avant de stigmatiser Toulouse, il faut d’abord lui reconnaître un savoir-faire remarquable dans le recrutement et une certaine façon de faire dans la formation.

Les autres clubs auraient pu aller chercher Dupont à Castres, Mauvaka en Nouvelle-Calédonie ou Meafou en Australie. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? ❞

🙂 - P. Spanghero

➤ [Sud Radio/Minutesports], 23 décembre 2024

❝ On sent qu’il y a une espèce de cabale anti-toulousaine.

Sans être pro toulousain, il y a une forme d’injustice avec cela car Toulouse n’a pas joué avec la règle. C’est une règle qui a été mise en place pour tout le monde et qui bénéficie au Stade Toulousain.

Après, je comprends l’inquiétude générale car pour le rugby Français, il faut qu’il y ait une concurrence saine et du suspense, il ne faut pas qu’il y ait que le Stade Toulousain qui soit capable de gagner des titres! ❞

[Devant les divergences, les présidents se seraient finalement mis d'accord pour temporiser jusqu'à 2027 en ce qui concerne le Salary Cap. En revanche, ils ont acté de se revoir d'ici la fin de la saison au sujet du "crédit Bleu".

En attendant, Y. Gouzerh, journaliste, formule une hypothèse et son corollaire]

🙂 - Y. Gouzerh 

[Ouest France], 18 décembre 2024

❝ (...) Si le plafonnement du crédit (Bleu) Salary Cap se concrétise dans les prochaines années, un autre plafonnement, celui du nombre d’internationaux français par club, peut être envisagé.

Mais peut-on imaginer Fabien Galthié faire un choix parmi Dupont, Ntamack, Mauvaka, Marchand et compagnie ? Pour la beauté du jeu qu’ils proposent en équipe de France et les victoires précieuses qu’ils apportent, ça reste difficile à croire.

Même s’il s’agit d’une manière de tenir le bras de fer, le XV de France risque de s’appauvrir. ❞

[Affaire à suivre...]

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