Empathie et Confiance

Empathie et Confiance

« J’attache une valeur énorme au fait de pouvoir me permettre de comprendre une autre personne » Carl Rogers

« Le terme d’empathie, désormais employé pour traduire le terme allemand Einfühlung, a pris dans la littérature psychanalytique contemporaine une place considérable. La notion elle-même n’a cependant pas de spécificité métapsychologique […] » (Marie –Lise Brunel et Jacques Cosnier, L’empathie Un sixième sens, Presse universitaire de Lion, 2012)

À l’avis de Mari-Lise Brunel et Jacques Cosnier, Carl Rogers est celui qui, parmi les psychothérapeutes humanistes, a prêté le plus d’attention à l’empathie et qui « en a popularisé le concept en développant son approche. » Rogers, continue les auteurs, avance son approche centré sur la personne comme solution idéale, à cause de sa simplicité et de l’accent mis sur l’acceptation de soi.

L’empathie, à l’avis de Carl Rogers, se caractérise par la compréhension des points de vue, des sentiments et des conceptions personnelles de l’autre. Il s’agit de réussir à comprendre l’autre au point de vue d’en être capable de résumer ses positions à sa place, « telles qu’elles lui-même accepterait de les formuler, sans aucune déformation. L’empathie consiste à percevoir le cadre de référence interne d’une personne avec précision et avec ses composantes et significations émotionnelles de façon à les ressentir comme si l’on était cette personne, mais jamais oublier le « comme si» (Marie –Lise Brunel et Jacques Cosnier, L’empathie Un sixième sens, Presse universitaire de Lion, 2012)

L’objectif donc, selon Rogers, est de réussir à percevoir le monde de l’autre comme si l’on était à sa place, sans jamais mélanger ses propres sentiments et ceux de l’autre. L’un des aspects plus importants pour attendre cet état d’esprit consiste à réussir à ne plus porter de jugement de valeur. C’est-à-dire, le fermer.

Les trois opérations du processus d’empathisation chez Rogers et signalés par Marie-Lise Brunel et Jacques Cosnier sont : « connaître ce qu’une personne ressent en adoptant le perspective de l’autre, ressent ce qu’un autre ressent par voie de contagion, facilitant l’implication et répondre de façon compassionnelle à la détresse d’autrui pour maintenir l’implication. »

À l’avis de Rogers, nous sommes équipés d’un évaluateur permanent qui, « façonné par nos années d’étude, par les remarques de nos parents, est devenu complètement surdimensionné ». Cet évaluateur ne s’arrête jamais de fonctionner. Il nous soumette incessamment des résultats d’analyse sur tout ce qui nous entoure. Nous devons réussir à le débrancher pour ne le solliciter qu’au moment opportun. Il est d’autant plus délicat, point Rogers, d’y parvenir dans une situation émotionnellement chargée, de tension d’événement, où la tendance à juger et fortement amplifiée. À default d’empathie, la confrontation des deux jugements opposés n’amènera qu’à un renforcement des distances, un éloignement des points de vue sans jamais permettre une communication profonde. Un bénéfice de l’empathie est qu’elle tend à responsabiliser l’autre.

Rogers explique le processus par ce fait : si notre interlocuteur ne subit plus nos jugements, il ressentit que c’est sa responsabilité de porter son propre jugement. Mais pour pratiquer cette communication empathique il faut avoir du courage, explique Rogers.

Comprendre les positions de l’autre risque de nous déterminer de les prendre out sérieusement en considération, voire nous pourrons finir par les accepter. Si notre jugement initial, le fameux évaluateur surdimensionné, nous a immédiatement catalogué les idées de l’autre comme étant mauvaises ou inadéquates pour notre système des valeurs, nous vivrons comme un danger, une menace. Par conséquent, nous n’arriverons pas à écouter sans nous détacher de juger.

Lorsqu’une situation de tension s’instaure, en cas de conflit par exemple, une tempête émotionnelle interne risque d’accaparer entièrement nos pensées et celles de l’autre, les privant de la disponibilité nécessaire pour installer une bonne écoute empathique.

« Dans mes relations avec autrui, j’ai appris qu’il ne sert à rien, à long terme, d’agir comme si je n’étais pas ce que je suis. Il ne sert à rien d’agir comme si j’éprouvais de l’affection alors qu’en réalité je me sens hostile. Il ne sert à rien d’agir comme si j’étais plein d’assurance, si, en réalité, je me sens craintif et incertain. Tout ceci revient à dire, en d’autres termes, que je n’ai jamais trouvé utile ni efficace, dans les rapports avec autrui, d’essayer de maintenir une façade, d’agir d’une certaine façon à la surface, alors que j’éprouve au fond quelques chose de tout à fait différent » (Carl Rogers, Le développement de la personne Éd. Dunod, 1968)

Seule, notre attitude « d’être vraiment soi-même », pour utiliser la terminologie de Rogers, pourra nous aider à dominer nos sentiments effervescents et comprendre les positions de l’autre.

Il nous faudra, donc, être authentique.

Nous devrons montrer de prêter une attention réelle, sincère et chaleureuse à la personne, et cela indépendamment de ses prises de positions et de ses choix. Nous devrons adopter une attitude résolument positive, chaleureuse, attitude qui ne dépende pas du résultat d’évaluations.

Enfin, il nous conseille qu’il est important de considérer la personne en devenir, de prendre en compte toutes ses potentialités et non de la juger sur la base de ses actes passés. Autrement, nous avise le psychologue humaniste, il mènera la personne à reproduire les mêmes actes. « La personne aura tendance à suivre la voie qui est attendue d’elle. Si son environnement la sous-estime constamment elle sous-performera, si au contraire il lui est démontré une confiance en ses capacités, alors la personne évoluera dans ce sens » (Carl Rogers, Le développement de la personne Éd. Dunod, 1968)

Rogers a dédié toute sa vie à effectuer des recherches sur l’empathie, en développant ainsi sa thérapie centrée sur la personne. Le concept et la méthodologie de « counseling non - directif» naît avec lui. Sa méthodologie consiste à laisser le client d’entrer en contact avec ses propres ressources, plutôt que de tâcher d’exercer une influence sur lui.

Car, pointe-t-il

           « c’est le client lui-même qui sait ce dont il souffre, dans quelle direction il faut chercher, ce que sont les problèmes cruciaux et les expériences qui ont été profondément refoulés » (Carl Rogers, Le développement de la personne Éd. Dunod, 1968)

Les conseils qu'il propose se caractérisent par un fort optimisme : « chaque être humain a en lui-même les conditions pour un développement sain et créatif ».

Rogers insiste sur le fait que, « pour accompagner ainsi une personne, il faut soi-même être capable de s’abandonner au processus du changement ; il faut donc être assez confiant pour avancer sans comprendre totalement ce qui se passe, tout en sachant qu’il est possible de revenir à soi.

Un tel abandon de soi ne peut être que le fait de quelqu’un qui possède un bagage fait d’introspection, assez étendu, et surtout une image de soi enrichie par une large expérience de vie »

Combien d’empathie et de confiance, donc !

« Je ne voudrai pas être mal compris. Je ne crois pas avoir une vue naïvement optimiste de la nature humaine. […] Je suis tout à fait conscient du fait que, par besoin de se défendre contre des peurs internes, l’individu peut en arriver à se comporter de façon incroyablement cruelle, horriblement destructive, immature, régressive, antisociale et nuisible. Mais j’acquis la conviction que mieux un individu est compris et accepté, plus il a tendance à abandonner les fausses défenses dont il a usé pour affronter la vie, et à s’engager dans une voie progressive. […] Voici enfin une leçon profonde qui s’est imposée à moi tout au long des vingt-cinq années au cours desquelles j’ai essayé de venir à aide à des individus en détresse : mon expérience m’a montré que, fondamentalement, tous les hommes one une orientation positive» (Carl Rogers, Le développement de la personne Éd. Dunod, 1968)

Après une telle déclaration, il m’est impossible d’ajouter une seule parole !...

Maria Mihaela Barbieru

Founder of Alkantara Consulting, Certified Professional Coach, Intercultural trainer, Language educator, CLIL Trainer, NLP Coaching Practitioner

9 ans

Les émotions sont un filtre culturel et ont, par conséquence, un profond rôle social !

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