Santé : budget base zéro
En matière de pénuries, il y a indéniablement des questions de rentabilité qui peuvent se poser. Ce ne sont pas les seules ! En témoigne ainsi la fermeture de l'usine de production de l'ingrédient actif du paracétamol alors que le reste de l'appareil de production est encore sur le territoire à Lisieux et à Agen.
Le risque est, et on le voit pointer son vilain nez régulièrement lors des auditions au Sénat , d'en conclure qu'il faut réviser l'arbitrage entre produits mature et innovation en faveur des premiers.
Il ne faut pas se priver des "oldies but goodies" mais on ne peut pas non plus **renoncer à l'innovation**. La Rapporteure l'a rappelé à sa manière en préambule de l'audition de Reda Guiha , en remerciant Pfizer pour le vaccin Covid. C'est bien l'innovation qui prolonge la vie des patients, et parfois les guérit. Il suffit d'être attentif pour en voir les témoignages partout.
Peut on réellement peser sur l'innovation pour faire de la place aux médicaments matures ? Je ne le crois pas !
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Les leviers dont dispose la France pour peser sur le coût de l'innovation sont limités.
C'est ce constat qui avait poussé le ministre Mattei à mettre en place un "prix européen" pour les innovations. Lorsque le ceps est face à une innovation forte, sa capacité de négociation est extrêmement réduire. La situation près de 15 ans après n'a pas changé. Seul l'écart croissant entre prix net et prix affiché annonce peut être les limites de ce système.
Le contrôle des volumes est un vieux cheval de bataille de la Direction de la sécurité sociale . L'idée est belle, elle fait écho au célèbre adage "chacun selon ses besoins" en l'occurrence de traitement. Il s'agirait de réserver les traitements de pointe à ceux qui en ont besoin. Si l'idée a la fulgurance du bon sens, elle est moins pertinente pour les anticancéreux pointus que pour les médicaments de ville à gros volume.
Que faire alors ? Il faut sortir de cette répartition de la disette qui pénalise chacun des acteurs du soin. Il est temps de relancer une réflexion à base zéro. Quels soins souhaite-t-on pour nos concitoyens ? Quels outils mobiliser pour ce faire ? Quels coûts cela représenterait ?