Santé et intelligence artificielle

Au premier rang des secteurs en attente d'impact, se trouve la santé.

C'est ainsi que Bernard Nordlinger et Cédric Villani introduisent le livre "Santé et Intelligence Artificielle" à propos des bouleversements induits par l'IA.

Alliance entre médecine, mathématiques et informatiques, cet ouvrage permet une vision globale sur le sujet de l'IA en médecine et est (plus ou moins) accessible aussi bien aux experts de l'IA qu'aux non spécialistes comme moi.

Co-écrite par les participants au groupe de travail "intelligence artificielle et santé" créé par l'Académie nationale de Médecine et l'Académie des Sciences, cette compilation se compose de 5 grandes parties :

• Partie 1 : Base de données
• Partie 2 : Aide au diagnostic et au traitement
• Partie 3 : Recherche
• Partie 4 : Données
• Partie 5 : Humain

Ce groupe de travail était composé d'une grande variété d'acteurs tous reconnus dans chacune de leur discipline : mathématiciens, informaticiens, sociologues, statisticiens, cancérologues, chirurgiens, onco-généticiens, administrateurs hospitaliers, juristes... Ainsi, cela a permis à mon avis de pouvoir compiler la vision de tous les acteurs du secteurs sur la relation IA et santé, et mettre en lumière aussi bien ses opportunités que ses menaces.

Le potentiel de l'intelligence artificielle dans la santé étant immense, elle est porteuse de grands espoirs mais aussi de risques potentiels notamment en matière de confidentialité. Trois défis sont particulièrement mis en avant par ce groupe de travail :

• Techniques posés par la taille des données, la nécessité de rapidité d'accès, la variété des formats, les considérables imperfections des données et surtout le besoin de renforcement de la cybersécurité.
• Ethiques et légaux posé par la protection des données personnelles des patients.
• Confiance et organisationnels : convaincre tous les acteurs (patients, professionnels de santé, etc...) de surmonter leurs réticences s'avère ardu.

Les applications de l'intelligence artificielle sont amenées à croître dans le domaine de la santé qui a été identifié comme un des 4 domaines prioritaires du développement de ces technologies en France.

En effet, deux grands domaines sont en train de subir une profonde mutation aujourd'hui :

• La recherche médicale et pharmaceutique
• La pratique clinique, du diagnostic jusqu'à la prise en charge thérapeutique

Quelques enjeux de la médecine numérique :

• Produire de la donnée intelligente

Dans les années 2010, IBM a mis en place un cadre de qualité "Les 4 V du Big Data" : volume, variété, vélocité et véracité.

Mais l'IA dans la santé va au-delà et IQVIA (Quintiles et IMS Health, Inc) a identifié 3 critères supplémentaires pour assurer une donnée intelligente pleinement exploitable par les algorithmes IA :

1. Vocabulaire : chaque détail biologique est abordé différemment selon les pays, d'où l'importance d'avoir un vocabulaire unique pour assurer son exploitation par la machine.
2. Valeur : ce que l'on attend de nos bases de données.
3. Vision : pour apporter des éléments nouveaux et innovants.

• Utilisation des bases de données

Dans son observatoire su la e-santé, l'OMS a dénombré 17% des pays ayant une politique sur les Big Data dans le domaine de la santé :

. Pays riches : 23%

. Pays en voie de développement : 14%

. Pays pauvres : 16%

Beaucoup de questions se posent aujourd'hui sur le côté éthique, l'utilisation de la donnée personnelle et surtout la confiance accordée par les patients en leur utilisation. Et pour que le Big Data puisse réellement apporter de nouveaux services dans le secteur de la santé, la protection de la vie privée est une condition sine qua non.

• Complémentarité d'action entre le professionnel de santé et la machine

La collaboration entre informaticiens, bio-informaticiens et spécialistes chargés de la prise en charge diagnostique et thérapeutique est essentielle pour permettre l'identification du bon diagnostic et le choix du bon traitement.

Il est néanmoins important de pointer du doigt que ces dispositifs ne doivent être considérés que comme des aides à la prise en charge d'un malade et que la responsabilité des décisions ne peut être assumée que par un professionnel de santé. Le progrès médical doit donc être accompagné de façon efficiente avec une adaptation permanente et constante des médecins à des nouvelles formations.

Qu'en penser ?

Avec l'IA et l'avènement technologique autour de celle-ci, nous nous tournons vers une médecine dite "4P":

Tout au long de cet ouvrage ressort la notion que l'IA ne remplace pas le médecin. En effet, cette dernière ne peut pas s'asseoir avec ses patients, discuter avec eux mais elle peut aider les médecins à faire le bon diagnostic, avoir à portée de main toutes les possibilités de traitement tout en leur libérant du temps pour être plus disponible pour leurs patients.

Ces nouveaux outils ont uniquement pour vocation à aider un médecin aux "4C" : compassion, compréhension, esprit critique et conscience professionnelle, qui restent propres à l'intelligence humaine et sont irremplaçables.

Et moi ?

Que dire de plus ? Ce livre de 250 pages a été incroyablement passionnant, parfois un peu trop technique mais tout en restant accessible. J'ai beaucoup apprécié le format de "nouvelles" écrites par chaque membre du groupe de travail "Intelligence Artificielle et Santé" et illustrées par des exemples forts.

Dans cet article, j'omets beaucoup d'enjeux (ils sont si nombreux...) comme la robotique et l'importance de l'IA majoritairement dans l'imagerie médicale qu'évoque cet ouvrage, mais je ne peux que vous conseiller d'aller le lire pour en savoir plus.

Je retiendrais surtout cette phrase, qui me semble la plus importante, et que mon cursus au sein du MBA spécialisé Digital Marketing & Business a voulu me communiquer tout au long de l'année quelque soit le secteur :

Préparer l'ensemble des professionnels de santé à l'avenir, c'est leur permettre d'intégrer en toute sécurité cet outil d'une puissance potentielle considérable qui doit permettre de repousser encore les limites de la médecine, donc celles de l'amélioration de la santé humaine.